Triche sur l’encodage des horaires, heures supplémentaires non-rémunérées, temps de travail pas respecté et surtout l’opting-out, cette annexe au contrat, que 75% des jeunes médecins se sont sentis obligés de signer.
L’opting-out est un contrat de travail annexe qui augmente le temps de travail hebdomadaire moyen à 60h/semaine à la place de 48h/semaine, avec des pics d’activités tolérés ponctuellement à 72h/semaine (à récupérer ultérieurement). 73,61% des jeunes médecins ont signé l’opting-out. Parmi ceux qui l’ont signé, 45,73% estiment que l’opting-out n’a pas été un choix: «Ce n’est pas normal. On constate aussi que 17,93% des MACS n’avaient pas envie de signer l’opting-out mais ont ressenti des pressions de la part des autorités et des maîtres de stage afin de le signer», explique Jérôme Lechien. Enfin, 15% l’ont signé car tout le monde le fait; cette partie des jeunes médecins estimant «qu’il est opportun de faire comme les autres et cela ne les dérange pas». Globalement, 75% des jeunes médecins qui ont signé l’opting-out auraient voulu «ne pas signer cette annexe au contrat de travail».
Temps de travail pas respecté
Aujourd’hui, l’enquête montre que pour 41% des jeunes médecins, les heures de travail (à savoir 48h/semaine sur 13 semaines avec un pic à 60h/semaine; ou 60h/semaine sur 13 semaines avec un pic à 72h/semaine en cas de signature de l’opting-out) ne sont pas respectées. L’ampleur du phénomène interpelle lorsqu’on évalue le temps de travail hebdomadaire moyen sur 13 semaines (séminaires et gardes compris) au sein des MACS de la deuxième à la dernière année de formation: 34,26% travaillent entre 61 et 72h/semaine; 33,29% entre 49 et 60h/semaine; 10,17% entre 35 et 48h/semaine; 15,46% entre 73h et 80h/semaine... et même 6,82% estiment travailler plus de 80h/semaine. «Globalement, 56% des MACS travaillent plus de 60h/semaine, ce qui correspond à un non-respect de la loi même lorsque l’opting-out a été signé.» Notons toutefois que dans diverses spécialités, notamment chirurgicales, cela peut être un choix du MACS de travailler au delà du contrat pour engranger de l’expérience.
Pas de registre et d’heures encodées
Lorsque ces heures sont évoquées, elles sont, dans certains cas, théoriques. En effet, l’étude montre que dans 49,5% des cas, «le MACS affirme qu’il n’y a pas de registre où les horaires du MACS sont notifiés et les heures comptabilisées (étant donné que ce registre est légal, il est fort à parier qu’il existe mais que le MACS n’y a donc pas accès)». Dans 36,78% des cas, les MACS ont connaissance d’un registre où les horaires sont notifiés et dans 16,73% des cas, le MACS ne sait pas si ce registre existe. «Cela m’interpelle. Ils travaillent gratuitement, ce qui n’est pas conforme à la législation européenne. Les jeunes médecins sont souvent esclaves d’un système qui prône la rentabilité avant tout, et de nombreux maîtres de stages sont également aussi victimes du système. Il est inacceptable de ne pas rémunérer les heures supplémentaires. On ne demande pas à être payé 3.000 euros mais à ce que le travail soit valorisé. En discutant avec eux, de nombreux médecins plus âgés reconnaissent aussi qu’ils sont pris en otage par les économies drastiques décidées par des politiques à court terme avec des décisions qui ne reposent sur aucune base scientifique.» A noter que 59% des MACS estiment qu’ils sont soutenus par leur supérieur hiérarchique dans leur quotidien de médecin ce qui est un élément très encourageant.
Pas accè au registre
Globalement, plus de 50% des MACS n’ont soit pas accès au registre qui notifie les heures de travail ou estiment que celui-ci est falsifié. «On est de temps à autre contacté par des MACS qui dénoncent cela. On doit pouvoir le dénoncer à l’inspection du travail. Les maîtres de stage qui ne respectent pas cela doivent prendre conscience qu’ils sont dans l’illégalité.»
Par ailleurs, lorsque les MACS ont accès au registre qui comptabilise leurs heures de travail, «40% des jeunes médecins estiment que les heures prestées ne sont pas correctement encodées et, dès lors, que les horaires rendus ne correspondent pas à la réalité».
Enfin, 66,12% des MACS ne sont pas rémunérés pour leurs heures supplémentaires et estiment, dès lors, que ce n’est pas normal en regard du travail fourni....
A noter que 80% des MACS prestant des gardes sur place estiment récupérer le lendemain de leur garde, respectant ainsi la loi. «Mais 20% qui ne le font pas, c’est encore trop même si nous devons reconnaître qu’il y a une nette amélioration de la situation depuis 10 ans. Cela doit être 0%. Là aussi, il peut y avoir des répercussions tant sur le candidats médecins que sur le patient.»
Un reportage de Questions à la Une (RTBF) sera consacré à ce thème. "Jeunes médecins exploités, patients en danger ?" ce mercredi 21 mars à 20h20 sur la Une.
Lire aussi:
> Fatigue, stress, burnout... les candidats spécialistes malades de leurs conditions de travail
> Un memorandum pour faire respecter les droits des candidats spécialistes
Des mots durs qui traduisent la perception d'un art de guérir qui se cherche un nouveau courant. A lire l'article, ce n'est pas qu'une ? d'honoraires ceci étant, si reconnaissance, plaisir et idéal disparaissent, la revendication devient financière. De quel équilibre rêvez-vous? pic.twitter.com/2bnJd3vM5J
— Karolien Haese (@Karolien1231) 21 mars 2019
Encore et toujours le même message alarmant, en fin de bachelor nous avons peur de l'avenir, d'autant plus que rien n'a l'air de changer... @giovbriganti @drbejj @CIUM_medecine @absymtweets @MediSphereHebdo https://t.co/v3kqpBqIzM
— Rémi Florquin (@remi_florquin) 20 mars 2019
En effet ... si devais garder un souvenir: J’ai été esclave quand les syndicats du personnel négociaient leurs augmentations salariales ! Merci @ULBruxelles ! @SanteBelgique @absymtweets
— Gilbert Bejjani (@drbejj) 20 mars 2019
J’ai adoré les propos lénifiants de certains responsables universitaires à ce sujet à Question à la Une! Comment prendre les gens pour des c..!
— Dr Thomas Orban (@OrbanDoc) 20 mars 2019
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— Dr Thomas Orban (@OrbanDoc) 20 mars 2019
Selon mes sources, c'est parfaitement exact pour certains HU. https://t.co/C5LxvOFLMC
— jacques de Toeuf (@j_detoeuf) 20 mars 2019
Bravo pour cette étude. Il faut dénoncer les dérives. L’assistanat peut être un moment intense où on travaille dur et où on vit plein de choses mais cela ne peut pas se faire au détriment de la santé mentale et du sentiment d’humanité.1/2
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 21 mars 2019
Mnt cmt faire bouger les choses? Formation des maîtres de stage ? Quid de l’opting out? Quid des gardes et de l’aménagement du temps pdt grossesse? Quid de lieux de ressources pr les assistants en souffrance? 2/2
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 21 mars 2019