Hier soir, à la veille du début de la période de vote pour les élections médicales, avaient lieu les grands débats électoraux organisés par RMN (Médi-Sphère et Le Spécialiste), qui opposaient pour les généralistes notre vice-président, le Dr Luc Herry, au Dr Paul De Munck du GBO, et pour les spécialistes notre ancien président, le Dr Philippe Devos, au Dr Ahmed Goubella du MoDeS. A noter qu’AADM a décliné la participation au débat des généralistes. Seuls deux des trois syndicats étaient donc représentés pour le débat de médecine générale.
L'ABSyM a repris dans un communiqué quelques temps forts de ces débats.
Pourquoi est-il important de voter ?
« Avec la chute du taux de participation à 24% lors des dernières élections, la ministre De Block avait dit que cela signifiait donc que 76% des médecins étaient d’accord avec sa politique puisqu’ils ne votaient pas. Si vous voulez donner les pleins pouvoirs au ministre, aux gestionnaires, ne votez pas. (…) Vous avez une chance de montrer que vous pouvez faire quelque chose de cette médecine, votez », a martelé le Dr Devos.
Pourquoi voter pour l’ABSyM ?
« Parce qu’on est près d’une centaine d’administrateurs puisque l’ABSyM, c’est l’ABSyM Wallonie, l’ABSyM Bruxelles ainsi que VAS Oost- en West-Vlaanderen et VAS Antwerpen, Limburg en Vlaams-Brabant en Flandre. Tous ces médecins essaient d’arriver à un consensus et le but de celui-ci, c’est de défendre tous les médecins, c-à-d du plus jeune âge à la fin de carrière, de la pratique solo, à la pratique de groupe, du public, du privé mais aussi l’extrahospitalier. On a aussi un centre d’étude très vaste. On a acquis une excellente connaissance des dossiers avec le temps. On a beaucoup d’expérience en négociation et cela n’a pas été simple pour le Covid. Et avec toutes ces forces, on a un accès facilité aux médias », explique Philippe Devos.
Quelles sont vos priorités pour les MG?
Pour le Dr Herry, la lutte contre la pénurie de MG dans certaines régions est une grande priorité. « Pour combattre cette pénurie, il faut augmenter l’attractivité du médecin généraliste. C’est bien beau de dire qu’on va augmenter le nombre de numéros INAMI ,mais il faut aussi que les jeunes aillent vers ce métier. (…) »
Il affirme qu’à l’ABSyM, on veut aller plus loin que les 3.000 numéros INAMI en plus dans les dix ans. « On veut donner six incitants à l’installation en zones de pénurie au niveau du travail et au niveau fiscal. (…) On n’est pas du tout pour une loi d’installation. »
Autre priorité : des coopérations fonctionnelles bien organisées et bien financées. « On voudrait d’abord qu’il y ait suffisamment de financement pour qu’on ne soit pas dans un système où l’on doit finalement financer nous-mêmes de la garde. On voudrait que le nombre d’accueillantes soit bien évalué en fonction du nombre réel dont on a besoin + les congés + les maladies. Les derniers chiffres sont trop limitatifs. En outre, on voudrait un coordinateur médecin qui soit vraiment présent et qui soit rémunéré. Par ailleurs, on voudrait aussi deux coordinateurs administratifs à partir du moment où l’on passe le cap de 3 PMG. » Enfin, quant au financement de la disponibilité, le Dr Herry indique que l’ABSyM vise les 50 euros/heure.
Troisième priorité : l’attractivité de la médecine générale et le bien-être du MG. « Pour attirer de nouveaux confrères, il faut une garde bien organisée, l’assistant de pratique (que nous préférons à l’infirmier car il y a déjà un manque cruel d’infirmiers dans les hôpitaux et les soins à domicile) et une rémunération équitable pour toutes les pratiques de la médecine générale. »
Quelles sont vos priorités pour les MS?
En parlant de la co-gouvernance, le Dr Devos a ouvert la porte à un financement des médecins qui négocient : « La co-gouvernance va nécessiter du financement car on ne peut être fort en négociation que si on laisse du temps aux médecins. Cela veut dire peut-être financer le président du Conseil médical ou le Conseil médical. »
Le Dr Devos a aussi évoqué l’importance de la qualité de vie du médecin : « On doit permettre au médecin d’avoir droit à ses choix. On veut avoir droit à choisir notre temps de travail, notre type de pratique, notre lieu de pratique, nos tarifs tant qu’ils restent raisonnables. (…) La féminisation, les nouveaux choix générationnels ont faire comprendre à tous l’intérêt de voir ses enfants, de se ressourcer avec ses amis. Je suis un homme mais j’ai autant besoin de voir mes enfants que ma compagne. »
Quid du 1733 ?
Aujourd’hui, si on a un tri opérationnel, on a 1,2 appels par 100.000 habitants qui nous incombent. Sans tri, on en a 14 ou 15, avec des appels tout venants que le généraliste doit réguler », contextualise le Dr Herry. « Ce n’est plus possible. Les médecins ne veulent plus faire ce genre de travail. Nous voulons donc un 1733 opérationnel en phase 2 pour toute la Wallonie en tout cas. »
Pour quelles raisons seriez-vous prêt à dénoncer l’accord médico-mutualiste ?
Du côté des spécialistes, trois motifs ont été évoqués par le Dr Devos :
le non-respect des engagements pris,
le fait qu’on n’aboutisse pas à une co-gouvernance,
une attaque trop ciblée sur le budget des médecins
« Le pharma dépasse allègrement ses budgets chaque année et n’a jamais de coupe. Nous ne dépassons jamais nos budgets, or on nous fait parfois des coupes. C’est insupportable ».
Du côté des généralistes, le Dr Herry a insisté sur le fonctionnement inefficient de la garde. « On serait prêt à dénoncer l’accord si l’on va vers des coopérations trop compliquées à gérer avec les financements et les normes qu’on va nous imposer. Si l’on ne rentre pas dans nos demandes pour l’organisation de la garde, je crois qu’on pourra rompre l’accord médico-mutualiste. »
> Vous voulez voir ou revoir les débats ?
Débat des généralistes : https://vimeo.com/user11865483/review/833310778/243a1f8c4b
Débat des spécialistes: https://vimeo.com/user11865483/review/833224038/8cb60b7222