L’avenir de la phonoconsultation: les spécialistes s’expriment (Témoignages)

La suppression du remboursement des phonoconsultations a suscité un vif débat parmi les médecins, et pas uniquement chez les généralistes. De nombreux spécialistes, notamment en oncologie, dermatologie, pédiatrie et anesthésie, estiment que cet outil était devenu indispensable à leur pratique quotidienne. Lisez leurs témoignages.

Face aux défis croissants du secteur de la santé, leur témoignage met en lumière l’importance de la téléconsultation pour garantir un suivi efficace des patients et améliorer la fluidité des soins. Toutefois, certains professionnels dénoncent une dérive qui s’éloigne de la pratique médicale traditionnelle.

Une nécessité pour la continuité des soins

À la question de savoir si la phonoconsultation devait être maintenue, de nombreux spécialistes ont souligné son rôle crucial dans le suivi des traitements chroniques et l’accompagnement des patients atteints de pathologies lourdes. « En oncologie, la téléconsultation est indispensable pour ajuster rapidement les traitements anticancéreux et assurer un suivi optimal », explique un oncologue. De même, en dermatologie, l’avis à distance permet souvent de juger du caractère urgent ou non d’une consultation en présentiel. « Recevoir une photo et en discuter brièvement au téléphone peut éviter un déplacement inutile ou au contraire accélérer la prise en charge d’un cas préoccupant », témoigne un dermatologue.

Un gain de temps et une optimisation des consultations

Les spécialistes insistent également sur le gain de temps offert par la phonoconsultation. « En pédiatrie, elle permet de trier les patients et d’éviter des passages inutiles aux urgences », note un pédiatre. Un autre abonde : « Lors des épidémies saisonnières, nous recevons des dizaines d’appels par jour. Répondre rapidement permet de rassurer les parents, de donner des conseils et de rédiger les certificats médicaux sans surcharger nos agendas. »

Les anesthésistes, eux aussi, plébiscitent ce mode de consultation, notamment pour les consultations préopératoires. « La majorité des interventions chirurgicales mineures ne nécessitent pas une consultation physique préalable. Un échange téléphonique structuré permet d’optimiser le parcours de soins et d’éviter des déplacements inutiles », explique un spécialiste de la discipline.

Une reconnaissance du travail intellectuel des spécialistes

Un autre aspect souvent évoqué est la reconnaissance du temps consacré aux échanges téléphoniques. « Nous passons plusieurs heures par semaine à interpréter des examens et à appeler nos patients pour ajuster leur traitement. Pourquoi ce temps de travail ne serait-il pas rémunéré, alors que d’autres professions facturent leurs conseils téléphoniques ? », s’interroge un endocrinologue.

Un neurologue souligne également le problème de la charge de travail accrue pour les spécialistes, qui jonglent entre des consultations en présentiel surchargées et des demandes d’avis incessantes : « En supprimant la phonoconsultation remboursée, on ne réduit pas le besoin des patients, on le reporte ailleurs, au détriment de l’accessibilité aux soins. »

Des critiques virulentes sur la pertinence de cet outil

Si beaucoup de médecins plaident pour une réintégration de la phonoconsultation sous remboursement, plusieurs d’entre eux demandent un cadre strict afin d’éviter les dérives. « Il faut bien l’encadrer pour éviter que certains en abusent. Ce sont les excès d’une minorité qui pénalisent la majorité des praticiens honnêtes. » Certains regrettent que le système précédent ait permis des facturations injustifiées et que cela ait précipité la suppression brutale du remboursement.

D’autres spécialistes sont bien plus critiques. « Je pense que la téléconsultation n'aurait jamais dû exister. Les patients ont pris de mauvaises habitudes, les médecins aussi, et le retour en arrière est impossible. Difficile de demander à un patient de venir en consultation et de payer pour quelque chose qu'on faisait par téléphone sans demander le moindre centime », déplore un spécialiste.

Un autre se montre encore plus sévère : « La phonoconsultation est une injure à la profession ! », tandis qu’un troisième va jusqu’à réclamer son interdiction pure et simple : « À interdire. Les médecins doivent revenir à une médecine basée sur le contact direct avec le patient. »

Un retour possible, sous conditions

Si certains praticiens admettent qu’il y a eu des abus, la majorité plaide pour un retour encadré de la phonoconsultation. « Il faudrait réserver cet outil aux patients déjà suivis, limiter le nombre de consultations téléphoniques par trimestre et éviter que certains en abusent », propose un spécialiste en médecine interne.

D’autres suggèrent d’inclure la téléconsultation dans un modèle global de suivi, avec un tarif adapté en fonction de la complexité de l’acte. « En cardiologie, nous avons des patients équipés de dispositifs implantés nécessitant un suivi régulier. Un modèle de rémunération par forfait, comme pour le télémonitoring, serait plus approprié », estime un cardiologue.

Un débat loin d’être clos

La suppression du remboursement des phonoconsultations a provoqué une onde de choc parmi les spécialistes, qui réclament une meilleure prise en compte de la réalité du terrain. Si le gouvernement justifie sa décision par la volonté d’éviter les abus, les praticiens rappellent que l’enjeu est avant tout d’assurer une continuité des soins adaptée aux besoins des patients. La question reste donc ouverte : l’avenir de la phonoconsultation passera-t-il par une refonte du modèle ou par une disparition définitive de cet outil jugé essentiel par de nombreux spécialistes ?

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