"Ce qui est arrivé n'est pas acceptable. J'exprime mes profondes et sincères excuses, au nom de la Wallonie, aux personnes qui se sont senties flouées. Je ferai en sorte que ça ne se reproduise plus jamais", a solennellement déclaré la ministre wallonne de l'Environnement, Céline Tellier, lors de son audition, vendredi après-midi, en commission du parlement wallon.
Après un premier round la semaine passée, suivi des explications de la Société wallonne des eaux (SWDE) et de l'administration, la ministre Tellier était à nouveau attendue de pied ferme par les députés qui espèrent, à coup de questions parfois redondantes, faire toute la lumière sur la pollution aux PFAS des eaux de distribution dans plusieurs communes du sud du pays.
"Depuis la semaine passée, je perçois sur le terrain l'inquiétude de la population, la colère parfois de gens qui ne savent plus s'ils peuvent avoir confiance dans l'eau qu'ils boivent. Je mets toute mon énergie pour tenter de leur apporter progressivement des réponses de plus en plus précises", a expliqué Céline Tellier qui a notamment participé, mercredi soir, à une réunion publique à Ath.
"Je m'efforce de reconstituer et de vous donner, en toute transparence, le déroulement des événements et les erreurs commises. Même si des actions concrètes ont été posées, l'absence de communication proactive aux communes et aux citoyens a été constatée. Je le regrette et ça ne peut plus se reproduire", a-t-elle ajouté avant de revenir sur le plan d'actions qui est mis en place.
Ce dernier - déjà largement détaillé par le gouvernement régional - prévoit notamment la création d'un conseil scientifique indépendant; l'accompagnement médical des personnes concernées, la fixation d'un seuil de vigilance ainsi que l'accélération du monitoring des PFAS.
À ce sujet, 306 zones sur 645 (47,4%) des zones de distribution ont actuellement été analysées, avec 100% des résultats sous la future norme de 100ng/L. "Nous devons disposer des chiffres complets au plus vite, l'objectif étant de disposer de 100% des analyses dans le courant du mois de décembre", a précisé la ministre.
Les investigations environnementales, censées déterminer l'origine des pollutions, seront également poursuivies et leurs résultats "seront communiqués à la population, par l'intermédiaire entre autres de réunions publiques au cours desquelles les citoyens pourront poser toutes leurs questions", a-t-elle encore dit en assurant qu'un courrier sera en outre envoyé à toutes les communes afin de les informer du plan d'actions régional.
"Vous le voyez, le gouvernement est pleinement mobilisé pour répondre au plus vite aux préoccupations des gens. La protection des citoyens, de leur santé et de l'environnement doit être notre priorité absolue et le principe de précaution doit revenir au centre de nos débats. Il y aura un avant et un après Chièvres. Ceux qui aspirent à un monde plus pur et plus sain peuvent compter sur ma détermination et sur mon engagement le plus complet et le plus sincère", a conclu Céline Tellier.
Celle-ci a ensuite fait face aux questions des parlementaires, portant une nouvelle fois sur le suivi des alertes reçues. "Votre cabinet n'a eu que deux dossiers prioritaires de pollution à traiter. Celui-ci aurait dû clignoter", a ainsi estimé François Desquesnes (Les Engagés). Également dans son viseur, les courriers envoyés, dès mars 2022, par la ministre flamande Zuhal Demir, contenant notamment un rapport sur la qualité de l'eau potable en Flandre. "C'est incompréhensible que vous gardiez cette information pour vous."
"Cette commission a fait du bon boulot. Elle a permis de mieux comprendre ce qui s'est passé ou plutôt sur ce qui ne s'est pas passé", a de son côté reconnu, pour le même parti, Jean-Luc Crucke. "Mais il faut aller jusqu'au bout pour ne laisser aucune zone d'ombre. Pas pour pointer, ce jeu-là ne m'intéresse pas, mais pour faire en sorte que toux ceux qui ont vécu cette situation puissent quand même se dire qu'en démocratie, le rôle parlementaire a un sens. Et ça dépasse toute logique de parti", a-t-il poursuivi en affirmant, dans la foulée, que "toutes les mesures prises auraient pu l'être dès octobre 2021".
Dans les rangs de l'opposition toujours, le PTB a quant à lui regretté le "mépris" de la ministre vis-à-vis des communes, des citoyens et de leur santé. "Vous êtes responsable politiquement de vos collaborateurs", a par ailleurs asséné Jori Dupont.