Le bisphénol A, bien qu'en baisse, et le pesticide glyphosate sont toujours présents dans le corps des enfants wallons malgré les restrictions depuis 2011 et 2017, a indiqué mercredi Aline Jacques, chargée de projet à l'ISSeP (Institut Scientifique de Service Public), lors de la présentation des résultats de la deuxième phase du biomonitoring humain wallon, en présence de la ministre wallonne de l'Environnement, Céline Tellier.
Après les nouveau-nés, adolescents de 12 à 19 ans et les jeunes adultes (20 à 39 ans) en phase 1, ce sont les enfants âgés de 3 à 5 ans et 6 à 11 ans qui ont été ciblés dans le cadre de la phase 2 du biomonitoring humain wallon mené par l'ISSeP avec plusieurs partenaires scientifiques. On dénombre 602 participants, issus des différentes provinces wallonnes, qui ont été soumis à un test urinaire.
L'objectif est de disposer de valeurs de référence permettant d'évaluer le niveau moyen d'exposition de la population à des polluants et substances chimiques (métaux lourds, pesticides, bisphénols?) présents dans l'alimentation ou l'environnement.
Sur les 38 polluants et substances chimiques recherchés dans les urines de ces enfants, 33 valeurs de référence ont pu être établies. Parmi celles-ci, le bisphénol A (reconnu comme perturbateur endocrinien), bien qu'en baisse, et le glyphosate, l'herbicide le plus utilisé dans le monde, malgré les restrictions instaurées, pour le premier, en 2011 et en 2017, à destination des particuliers (toujours utilisé en agriculture) pour la seconde substance. Les taux ainsi observés indiquent que les enfants sont encore exposés à ces substances bien que les niveaux soient du même ordre que ceux observés dans d'autres pays européens.
Par ailleurs, du cadmium (toxique pour les reins et les os) a été relevé dans l'urine de près de 95% des enfants. Pour cette seule substance, un dépassement de la valeur de risque pour la santé a été observé, soit chez 0,5% des enfants.
Dans cette phase 2, des valeurs de référence d'exposition supplémentaires ont également été déterminées dans les échantillons issus de la phase 1, comme des PFAS (per et polyfluoroalkylées) ou encore le toxic relevant arsenic pour lequel un dépassement de la valeur de risque a été observé.
"Les études scientifiques démontrent que santé et environnement sont intimement liés. Selon l'OMS, au moins 25% des maladies sont dues à des facteurs environnementaux", a relevé la ministre Tellier. "Il est donc indispensable de mener des actions pour réduire l'exposition, d'abord individuelles, notamment en évitant le tabagisme ou l'emploi de pesticides, mais aussi au niveau politique. On voit que des actions menées montrent leurs effets, notamment au niveau des PFAS auxquels la population est deux fois moins exposée aujourd'hui qu'en 2016".
Suivra une troisième phase de ce biomonitoring, cette fois ciblée sur les adultes de 40 à 59 ans.