La réduction des coûts énergétiques et la transition écologique sont les priorités du plan Boost qui sera mené par Epicura pendant trois ans. Le groupe hospitalier investit dans l’avenir en mobilisant son personnel afin d’améliorer ses infrastructures et de modifier les comportements pour s’inscrire dans la durabilité. Une démarche citoyenne.
Dans le cadre du plan « Boost », Epicura va investir 20 millions d’euros sur trois dans pour réaliser des aménagements qui vont réduire son empreinte énergétique. Quels objectifs poursuivez-vous ?
François Burhin, directeur général : Nous avons élaboré ce plan «Boost » quand les prix de l’énergie se sont envolés. Notre note énergétique est passée de 3 millions d’euros par an à 7 millions. C’est une somme considérable pour un hôpital.
Mais notre intérêt pour la durabilité n’est pas récent. Nous avons depuis 2018 une charte de développement durable. Un des axes de cette charte est de réduire notre consommation énergétique et de diversifier nos sources énergétiques.
Nous allons investir 20 millions d’euros sur trois ans. C’est nettement plus que ce que nous investissons chaque année pour entretenir nos infrastructures. Ce budget de maintenance et travaux d’entretien est de l’ordre de 2 millions d’euros par an.
A quoi cet argent va-t-il servir ?
Nous allons isoler les toitures et les façades. La plupart des enveloppes de nos hôpitaux ont 50 ans. Ce n’est pas une époque où l’on concevait les bâtiments de manière énergétiquement sobre. Nous allons aussi changer les châssis. Nous allons remplacer toutes nos chaudières à mazout par des chaudières à gaz et passer sur certains sites à la cogénération. Des panneaux photovoltaïques vont être installés sur toutes les toitures rénovées.
Nous allons optimaliser la gestion de la géothermie, déjà utilisée sur les sites de Baudour et d’Hornu.
Notre objectif global est de diminuer en 3 ans notre consommation énergétique de 50%.
Comment financez-vous ces projets ?
Nos cinq banquiers se sont montrés très intéressés par notre plan « Boost ». Ils nous soutiennent. Certains projets pourraient être subsidiés dans le cadre du futur plan de construction de l’Aviq. Nous avons également demandé de l’aide dans le cadre du dispositif wallon de Rénovation énergétique des bâtiments (Ureba). Plusieurs projets introduits ont été retenus, pour un montant global de 5 millions d’euros. C’est un bel encouragement pour lancer notre plan. Le réaliser en trois ans sera un véritable défi parce que des travaux importants vont devoir être réalisés.
Est-ce un projet mobilisateur ?
Le personnel soutient le projet « Boost ». Les travailleurs sont intéressés par l’empreinte énergétique de notre hôpital et par le développement durable. Le taux de participation à nos actions - par exemple, le tri des déchets ou les éco-gestes - est élevé.
Votre plan inclut-il également une réflexion sur le matériel jetable utilisé au quotidien, tels les gants?
Notre comité chargé de la durabilité travaille sur trois axes : l’énergie, les déchets et la mobilité. Des éco-gestes sont recommandés au personnel.
Pour la gestion des déchets, nous menons trois types d’action : mieux acheter, mieux consommer et mieux trier. Notre consommation à un véritable impact sur la durabilité. Au niveau des achats, nous pouvons inclure des clauses dans les contrats pour avoir un volet environnemental et social.
Il faut également tout trier correctement. L’année passée grâce aux efforts fournis par nos collègues, nous avons économisé 45 tonnes de déchets en triant.
Nous allons également réaliser cette année un bilan carbone pour analyser nos choix énergétiques liés à nos consommations. On peut prendre des mesures ponctuelles, mais c’est en changeant nos modes de consommation que l’on peut avoir le plus grand impact. Nous allons mener certaines initiatives en collaboration avec d’autres hôpitaux.
Nous avons également fait réaliser un audit par une société spécialisée dans la responsabilité sociale de notre entreprise (CSR). La soixantaine d’indicateurs de durabilité définis par l’ONU ont été passés au crible. Il nous en manque une vingtaine, mais nous avons déjà mis en place de nombreuses initiatives.
Repensez-vous aussi la mobilité des travailleurs ?
C’est un volet important de notre stratégie. Nos hôpitaux n’étant pas situés en centre-ville, le déplacement de notre personnel a une forte empreinte écologique. 95% de notre personnel vient travailler en voiture. Il n’y a quasi pas de covoiturages ou de déplacements en transport en commun ou à vélo… Nous avons décidé de prendre une série d’initiatives pour favoriser ces déplacements: construire des abris pour les vélos et installer des bornes électriques. Certains de ces projets sont financés par la région Wallonne.
Une solution n’est-elle pas aussi de faire moins venir le patient à l’hôpital ?
Nous développons des projets-pilotes de télémédecine et de télémonitoring, par exemple, en diabétologie et pour l’analyse du sommeil, pour les patients qui peuvent être suivis de cette manière. Ces technologies permettent de réduire les déplacements des patients, mais nous cherchons principalement à réduire l’impact des trajets quotidiens du personnel. Par ailleurs, dans notre secteur, le télétravail ne s’est pas beaucoup développé ces dernières années. Ce qui est assez logique.