Les étudiants en médecine, déjà confrontés à un cursus parsemé d’embuches, doivent affronter une nouvelle épreuve cette année : la pandémie de la COVID-19.
Les étudiants ont dû faire face à des répercussions directes lorsqu’ils ont été atteints par la maladie, et indirecte par la crise économique, les tensions relationnelles ou la solitude liée au confinement. D’autre part, cette épidémie a également des conséquences indirectes importantes, aussi bien sur le moyen que sur le long terme et cela parfois de manière plus insidieuse chez les étudiants en médecine que chez ceux d’autres facultés.
La suspension des stages
Une des répercussions les plus brutales fut la suspension des stages, décision parfois prise en seulement quelques heures.
Une telle décision ne fit pas l’unanimité et provoqua beaucoup de débats au sein de la communauté étudiante, provocant des désaccords entre ceux qui souhaitaient leur maintien, afin d’apporter leur aide en cette période de tension sur le système de santé, et ceux qui souhaitaient leur suspension, pensant être plutôt être un risque de contagion supplémentaire pour les patients.
Cette suspension, au-delà du désagrément des étudiants de se voir privés de stage, entraina beaucoup d’inquiétude concernant la formation de ces derniers. Certains perdirent plusieurs mois de stage obligatoire et essentiel dans leur formation sans avoir de perspective de rattrapage.
Actuellement la situation reste floue et il est fort à parier que les stages suspendus pendant cette crise seront définitivement perdus, les étudiants concernés perdant de précieux mois de formation.
Les cours à distance et les étudiants livrés à eux-mêmes
Le sujet qui a sûrement le plus divisé la communauté étudiante et qui aura été l’un des plus grands défis du milieu universitaire pendant la pandémie fut la mise en place d’un système éducationnel, comprenant des cours et des examens, exclusivement à distance.
Au-delà des problématiques purement académiques que posèrent l’apprentissage à distance durant la crise, d’autre composantes entrèrent en jeu. En effet, d’un point de vue scientifique, énormément de sources démontrent les lacunes d’un système à distance aboutissant à l’abandon des cours par certains étudiants, l’abstention de certains professeurs à garantir la poursuite de leur cours, les difficultés à avoir accès à un support de cours convenable, etc. De plus, l’impossibilité d’avoir accès aux infrastructures universitaires, surtout pour les étudiants ayant des difficultés d’installation et ou de connexion au domicile, aura encore creusé l’écart entre les différentes classes socio-économiques. Beaucoup d’étudiants furent livrés à eux-mêmes, contraints d’apprendre la matière d’un quadrimestre en autodidacte, par manque de support de cours de qualité.
En tenant compte de tous ces éléments, il semblait évident que les examens, dans ce contexte, ne pouvaient être maintenus. Cependant, il paraissait aussi malheureusement évidant qu’un report de la session ne pouvait être envisageable au vu du caractère imprévisible de l’épidémie, rendant l’organisation d’une session différée en présentiel logistiquement très complexe.
Les examens à distance
Il semble utile de rappeler que les étudiants en master de médecine sont soumis à un concours pour leur spécialité. Un des critères de sélection retenu par le jury étant la moyenne des cours théoriques durant le master. Or, au terme de cette session passée en pleine pandémie, on peut présumer que les moyennes auront été chamboulées. Certains étudiants ont été plus affectés que d’autres. Certains ont été confrontés à la maladie, ou ont subi les répercussions économiques de la crise. D’autres ont été frappé par le deuil. D’autres encore ont dû faire face à la solitude. Les étudiants auront donc dû faire face à de fortes inégalités non seulement de classes sociales, les classes plus aisées étant mieux équipée pour le système à distance, mais également du fait du destin, entre les étudiants les plus atteints par la pandémie et ceux qui ont été épargnés.
L’épidémie poursuivant sa course funeste, vint le temps des examens et sans solution plus appropriée, les examens à distance furent organisés. De nombreux problèmes furent signalés lors de cette session allant des bugs informatiques et des système anti-triches utopiques aux systèmes d’évaluation douteux. Malgré cela, avec du recul, la session fut globalement considérée comme un succès autant par les professeurs et autorités académiques que les étudiants, avec même une augmentation du taux de réussite exceptionnel de 10%.
Mais que cache réellement ce taux de réussite ?
Une réalité dont tout le monde, y compris les autorités universitaires, est conscient, probablement la tricherie. A nouveau, nous observons un rappel de plus vers les inégalités socio-économiques. En effet, les étudiants n’ayant pas le matériel nécessaire ou l’environnement adapté pour passer leurs examens chez eux ont été contraints de passer leurs examens à l’université dans des conditions proches de celles d’une session en présentiel alors que les étudiants plus aisés ont pu passer leurs examens avec leur propre matériel depuis chez eux.
Les moyennes ont été fortement perturbées par le système de formation et d’évaluation à distance avec l’apparition de nouvelles inégalités entre les étudiants. Jusqu’à présent, aucune mesure n’a été prise pour en limiter les répercussions.
Les étudiants, une victime de plus de la crise
La pandémie que nous traversons a atteint l’ensemble de la société et même du monde. Sans compter les nombreuses et malheureuses victimes directes de la COVID, il serait impossible de passer en revue toutes les conséquences et toutes les victimes indirectes de cette crise qui se poursuit. Mais on peut désormais être sûrs que les étudiants font aussi partie de ces victimes.
Malgré un discours optimiste des politiques et des autorités, les étudiants sont des victimes silencieuses de la crise qui ont dû s’adapter et tenter tant bien que mal de poursuivre leur apprentissage pendant que des pans entiers de la société étaient à l’arrêt, devenant simples spectateurs de la crise.
Nous assistons actuellement à une accélération de la circulation du virus, avec à la clef un renforcement des mesures visant à fléchir la courbe des cas de la COVID-19. Dans ce contexte, les universités vont passer en code orange et les cours devront, à nouveau, se tenir en majorité à distance.
Avec cette recrudescence de l’épidémie et l’accumulation de signes alarmants, on peut donc supposer qu’un quadrimestre difficile s’annonce et de fait une amplification de cette crise étudiante qui leur a déjà tant coûté.
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