Virginie Risse est MG à Bruxelles, mère de trois enfants, et sur les rotules alors que la saison hivernale vient à peine de commencer. Elle a envoyé au GBO un courriel au titre explicite : « Au secours ! » Elle se sent « totalement abandonnée par [les] politiques », et désespère de voir la simplification administrative promise arriver. Elle regrette que les décideurs aient « laissé aller depuis début septembre ».
La grippe n’est pas encore là, et nous sommes déjà exsangues …
Un patient m’a téléphoné tout à l’heure, plus moyen de trouver un rendez-vous pour un test PCR COVID à Bruxelles avant lundi. Il est parti à Waremme, et a fait demi-tour : 10 minutes après l’ouverture du centre, plus de 4 heures de file…
Je fais les tests COVID devant mon cabinet depuis plusieurs semaines. Entre 5 et 10 tests/jour. J’ai supprimé les tests retour de zone rouge, les tests pour les voyages, pour les patients qui ne sont pas les miens. Malgré ça, je n’arrive pas à suivre…
On nous a promis une simplification administrative, mais je ne vois rien venir… A part la suppression de la prescription pour le vaccin grippe, RIEN.
Les tests salivaires ont prouvé leur efficacité, ils sont aussi sensibles si pas plus que la PCR et beaucoup plus faciles à réaliser. Pas besoin d’un médecin et je pense que l’analyse au labo est beaucoup plus simple et rapide…
Qu’attendent donc le gouvernement et Sciensano pour les valider ??? Que tous les généralistes soient en burn-out ?
On pourrait imaginer que le patient crée lui-même un e-form en certifiant sur l’honneur qu’il a des symptômes et/ou qu’un code soit généré par le tracing ou Coronalert, qui lui permette d’aller au labo chercher un kit salivaire. Et nous pourrions enfin nous concentrer sur les choses plus importantes : les chocs septiques, le suivi des COVID à domicile, les soins palliatifs, la prévention, nos enfants… Bref, tout ce que nous n’avons plus le temps de faire.
Je me sens totalement abandonnée par nos politiques, le nombre de nouveaux cas double tous les 7 jours, les hôpitaux passent en 48 heures de la phase 1A à la phase 1B.
En mars, ils avaient l’excuse de ne pas très bien savoir. Pour la deuxième vague, c’est vraiment de la négligence et du mépris… On attend 5 jours pour organiser un Conseil national de sécurité, alors que vendredi, on sera à 2.000 hospitalisations et qu’il sera bien tard et très compliqué d’enrayer la croissance exponentielle du virus.
Les personnes âgées en maison de repos meurent de solitude et de tristesse, si elles échappent au COVID, les jeunes n’ont rien compris et continuent à faire la fête, un deuxième lockdown sera très mal vécu par tous, mais comme on a laissé aller depuis début septembre, je me demande comment on va s’en sortir autrement…
Voici les réflexions d’une médecin généraliste, maman de 3 enfants, très préoccupée…
Je ne sais pas si vous pourrez nous aider. J’espère que vous pourrez relayer notre colère et nos inquiétudes pour la suite de la saison hivernale qui ne fait que commencer et de proposer des solutions concrètes et rapides pour soulager la première ligne.
Merci d’avance,
Dr Virginie Risse
Photo Etienne Coveliers