Traditionnellement les premiers jours de l’année apportent leur lot de bonnes nouvelles. À l’initiative du GBS et de la rédaction du journal « Le Spécialiste », il a été convenu de publier mensuellement une rubrique qui sera également repris dans le bulletin du GBS. Ainsi, une tribune sera accordée tous les mois à l’une des 31 unions professionnelles des spécialistes représentées par le GBS.
L’intention est d’attirer l’attention sur l’un ou l’autre aspect propre à la spécialité. L’auteur proposera donc un aperçu des défis et des innovations qui vont influencer les soins spécialisés. Il est demandé à chaque auteur de proposer un plan à réaliser en collaboration étroite avec les différents partenaires des soins de santé. Le but est d’obtenir une amélioration continue des soins à la population dans un cadre positif et multidisciplinaire.
Construire l’avenir
« Économiser », tel est le mot d’ordre du siècle. Une intention d’économiser significativement dans la prévention, les traitements et la recherche donne des sueurs froides à tous les dispensateurs de soins. Si on devait « économiser » sur les mesures climatiques, nous transpirerions abondamment sous le soleil et la pluie de 2040. Utiliser de façon adéquate les moyens que notre société est disposée à cofinancer solidairement semble plus réalisable. Personnellement, je crois en un modèle de concertation avec tous les partenaires impliqués qui permettrait d’établir un équilibre entre l’innovation, l’accessibilité des soins et les moyens financiers appropriés.
J’estime que cette volonté de se concerter est présente chez tous les partenaires. Pour « construire » un modèle durable et finançable, la transparence est une des conditions à remplir. Cette transparence est totale au niveau des médecins spécialistes. Grâce au système de la nomenclature, quels qu’en soient les avantages et les inconvénients, il est possible d’évaluer les activités et de suivre les recettes et dépenses des médecins, si nécessaire. En revanche, au niveau des hôpitaux et des soins à domicile, seuls les experts sont en mesure de comprendre le bilan dont l’interprétation varie fortement en fonction de chacun d’eux. Les assureurs sont tout aussi peu transparents. Les mutuelles suivent des règles strictes, les assureurs privés verrouillent scrupuleusement les détails dans leur comptabilité. L’industrie pharmaceutique conclut même toutes sortes d’accords de prix confidentiels même avec le gouvernement. Ces remarques ne sont pas des reproches mais seulement des constats : de nombreuses structures de coûts ont d’ailleurs progressivement évolué dans des objectifs louables mais à d’autres époques.
La nouvelle génération de médecins spécialistes a appris à travailler en suivant des directives qui limiteront certainement une trop grande variabilité des pratiques dans le futur. Il faut leur procurer les moyens et l’aide nécessaires à l’enregistrement correct des résultats des soins afin de démontrer leurs compétences et éviter les affirmations « scientifiques » seulement fondées sur des « opinions d’experts ».
Les administrations fédérales et régionales sont gérées par des dirigeants compétents dont la volonté est de collaborer à l’amélioration du modèle des soins à condition qu’on leur permette d’ouvrir le dialogue avec les unions professionnelles d’une manière prospective.
Les évaluations liées aux technologies médicales doivent aller de pair avec des réévaluations incluant un monitoring permanent des résultats ainsi qu’un rapport coûts-efficacité systématique.
« Qualité » est un autre mot d’ordre des soins de santé au 21e siècle, et à juste titre ! Précision et sécurité doivent permettre de d’améliorer les résultats des soins en utilisant pourtant les mêmes ressources.
La loi relative à la qualité de la pratique des soins de santé publiée l’année dernière est un important pas en avant en la matière. Il est espéré que les centres de traitement extrahospitaliers reçoivent des directives claires qui leur permettent d’être accrédités et agréés tout comme les hôpitaux. En tenant un portfolio à jour, le médecin spécialiste pourra justifier de ses compétences et sera moins prisonnier du carcan d’une sous-spécialité toujours plus étroite. Grâce à un processus de formation continue, il pourra s’adapter aux opportunités et besoins des soins de santé. C’est précisément au niveau de l’élaboration de ce portfolio et des autres dispositions de la loi que le GBS souhaite être le partenaire privilégié des autorités. Par contraste avec les débats houleux sur le climat, 2040 et au-delà, une valorisation des soins de santé spécialisés est bien plus abordable à condition d’investir dans une concertation constructive. Il est possible d’approcher et de développer le secteur pharmaceutique au niveau européen indépendamment de la politique, grâce à ce qu’on appelle un retour sur investissement. Il est possible de déterminer avec l’ensemble des partenaires un budget qui permet de garantir l’accessibilité aux soins et de veiller à la formation d’un nombre proportionnel de médecins spécialistes afin de pourvoir le pays d’un contingent médical approprié. De surcroît, il est possible de garantir un avenir à ces jeunes étudiants, médecins et spécialistes en leur offrant une sécurité d’emploi intéressante dans laquelle ils ont investi pleinement tout en étant soucieux d’un équilibre entre vie professionnelle et privée.
L’avenir de nos soins de santé spécialisés, curatifs et préventifs, est entre les mains de la génération qui, à juste titre, se fait aujourd’hui le plus de souci à ce sujet.