Replacer la santé publique au centre des enjeux de la société alors qu'approchent les élections européennes, c'était le message, ce dimanche à Bruxelles, d'une centaine de personnes. Le rassemblement s'est déroulé sur la place du Luxembourg. Il était organisé par le "Réseau européen: notre santé n'est pas à vendre", une association de fait qui réunit des organisations de différents pays au sein de l'Union européenne.
Soumettre la santé publique aux lois du marché est une grave erreur, selon les manifestants. Ceux-ci ont rappelé que la pandémie de Covid en 2020 a pourtant bien montré que parvenir à fournir des soi ns à tous est un enjeu sociétal énorme face aux nouvelles maladies.
Pour ceux-ci, il est plus que nécessaire de prémunir le secteur de la santé publique des dérives commerciales afin de garantir à tous un accès aux soins. Il est temps, à l'aube des prochaines élections européennes en juin, d'établir une "politique des médicaments", de combattre la pénurie de personnel dans les hôpitaux et de mettre en place un financement public et solidaire de la dispense de soins médicaux.
Il est possible, selon eux, de développer un système de protection social européen, universel et solidaire, afin de garantir un accès à des soins suffisants à tout le monde, mais aussi des conditions de travail "tenables et attractives" pour le personnel soignant.
Au cours des dernières années, les institutions de soins ont été mises sous pression budgétaire par les politiques européennes, ce qui a gravement détérioré la qualité des services médicaux et l'accès à ceux-ci, mettant en péril la santé et donc la vie de tous les citoyens, estiment-ils. Les manifestants ont dit déplorer que cette situation a favorisé l'émergence d'opérateurs privés qui attirent une patientèle solvable uniquement, privant les personnes les plus pauvres de services de soin de qualité.
"On est passé d'une grosse partie de la population européenne qui applaudissait les travailleurs de la santé durant la pandémie de Covid à un oubli total de ces travailleurs au lendemain de cette période", s'est exprimé Pablo Sanchez, attaché de presse de la Fédération syndicale européenne des services publics (EPSU). "Les taux de burn-out dans les établissements hospitaliers continuent de grimper, aussi haut qu'avant la pandémie. Les acteurs de la santé n'en peuvent plus, car il n'y a plus aucun investissement public pour leur secteur", a-t-il dit.
"Récemment même, nous avons appris que le programme européen EU4Health verra son budget recoupé à cause de la guerre en Ukraine. D'un budget de 9 milliards d'euros, il passera à 8 milliards. Et ça, c'est général en Europe. La priorité maintenant c'est la guerre, c'est payer les intérêts de ce que l'on a emprunté, c'est investir dans l'industrie militaire... Et ce n'est plus la santé, le socio-sanitaire... Là où le besoin est énorme, là où les gens applaudissaient", a-t-il ajouté. "Or, selon un baromètre récent, les priorités pour les citoyens européens ce sont la santé, le travail... Bref, des questio ns sociales".