Environ un patient sur six, soit 15,8%, estime avoir été confronté à un évènement indésirable à l'hôpital, rapporte une étude publiée en janvier 2024 sur base des résultats d'un questionnaire élaboré par l'OCDE et proposé pour la première fois en Belgique à des patients hospitalisés dans des hôpitaux généraux francophones. Une étude menée par trois mutuelles (Mutualités chrétiennes, Solidaris et Mutualités libres) avec le soutien de la Plateforme pour l’Amélioration continue de la Qualité des soins et de la Sécurité des patients (PAQS)
À côté de ce que les patient∙es rapportent comme résultats de telle ou telle prestation médicale sur leur état de santé (PROM) et comme perception de leur expérience des soins (PREM), un nouvel outil, à la frontière des deux précédents, est en train de percer dans les soins de santé à l’hôpital : les outils PRIM (Patient-Reported Incident Measures).
Par "événement indésirable", les auteurs du questionnaire entendent une expérience "survenant d'une manière imprévue durant le processus de soins et qui a provoqué un dommage pour le patient ou pourrait (encore) le provoquer", sans juger de la gravité de l'incident. Il peut s'agir d'erreurs médicamenteuses, d'infections associées aux soins, d'erreurs d'identification du patient, d'erreurs de côté en chirurgie, de chutes ou d'escarres.
Un peu plus des deux tiers peuvent être considérés comme préoccupants : 26 % de non-respect des processus/procédures cliniques, 20 % d'erreurs médicamenteuses, 12 % d'accidents où le patient est impliqué (y compris les chutes) et 11 % d'infections.
Par qui l’évènement indésirable a-t-il été constaté et comment a-t-il été géré ? Dans la très grande majorité (76%) des cas, c’est le∙la patient∙e qui l’a constaté. L’évènement indésirable a été signalé par un membre du personnel de l’hôpital dans 19% des cas, par un proche du∙de la patient∙e dans 4,5% des cas. Lorsque l’évènement indésirable a été constaté par le∙la patient∙e ou un de ses proches, 89% des répondant∙es indiquent qu’ils∙elles l’ont ensuite rapporté à un membre du personnel de l’hôpital.
La gestion de l’évènement indésirable lui-même laisse un sentiment mitigé aux répondant·es : 43,7% d’entre eux·elles estiment que l’évènement indésirable a été bien géré par l’hôpital, 42,5% estiment que non.
Lorsque la gestion de l’évènement indésirable s’est déroulée positivement , les répondant∙es mettent en avant le fait que le personnel de l’hôpital a fourni des explications (33%), s’est excusé (15%), a proposé du soutien (5,2%).
Lorsque l’évènement indésirable n’a pas été géré selon les souhaits du∙de la patient∙e , les motifs les plus fréquemment indiqués sont le fait que le personnel de l’hôpital n’a pas fourni d’explications (24%), ne s’est pas excusé (15%), n’a pas proposé du soutien (9%).
Concernant le suivi et la continuité des soins une fois que le∙la patient∙e sera de retour à la maison, 85% à 89% des patient∙es estiment avoir été tout à fait ou partiellement informé∙es sur ces différents aspects. À noter qu’il y a quand même près de 15% de répondant∙es qui estiment n’avoir pas vraiment ou pas du tout obtenu d’informations sur les médicaments à prendre. Par ailleurs, 14,7 % sortent de l'hôpital avec un sentiment de contrariété, soit environ une personne sur sept.
Il y a donc bien matière à amélioration estiment les auteurs de l'étude. Ce type de démarche menée auprès des patient·es permet de recueillir de l’information pertinente sur les évènements indésirables, en complément à d’autres sources d’informations. L'equête menée on line a récolté 2.0372 réponses, mais seulement 1.099 questionnaires correctement complétés ont pu être pris en considération.
La comparaison des résultats belges francophones avec les autres pays - réalisée par l'OCDE - ne plaide guère en notre faveur : parmi une quinzaine de pays, les patients belges sont les plus nombreux à "se plaindre". Il convient toutefois de rester prudent car la comparaison d’un pays à l’autre n’est pas aisée, même sur base de questions comparables.
Pourcentage de patient·es qui ont rapporté un évènement indésirable dans divers pays occidentaux (Sources : Kendir et al., 2023 ; pour la Belgique : PAQS, 2023)