Cela fait un bout de temps que les indemnités pour déplacement du généraliste n’ont plus été adaptées. Avec la hausse des prix du carburant et une fiscalité défavorable, "cela commence à bien faire" s'indigne le Dr Herry, Président de l'ABSyM.
On imagine facilement qu’avec la hausse du prix des carburants, le généraliste qui se déplace à domicile sent durement le vent passer, en particulier le médecin qui doit faire de longs déplacements comme à la campagne mais aussi celui qui doit se déplacer en ville dans une circulation encombrée.
Un vrai scandale
« Le problème est nettement plus complexe que cela », explique le Dr Luc Herry, président de l’ASyM. D’abord, il n’y a pas que les carburants qui sont en hausse : tous les frais de voiture, qu’il s’agisse de la voiture elle-même, de l’assurance, de l’amortissement, sont en train de grimper. Et l’INAMI prend toujours beaucoup de temps pour réagir, si bien que les indemnités sont aujourd’hui parfaitement inadaptées à la situation actuelle. En plus de cela, la fiscalité est très lourde. Les confrères qui sont en société peuvent déduire 90 à100% des coûts d’utilisation d’un véhicule professionnel, ce qui adoucit un peu la pilule. Mais ce n'est pas le cas pour le médecin qui travaille sous un statut de personne physique. Il ne peut déduire que 75% de tous les frais liés à la voiture. Et là-dessus, le fisc rejette encore par principe 25% de ce qui reste. Au total, explique le Dr Herry, cela ne laisse à l’homme de l’art que la possibilité de défalquer approximativement 55% de ses frais réels. « C’est proprement scandaleux » s’exclame le président de l’ABSyM. « C’est à se demander si on ne devrait pas consulter des avocats fiscalistes pour vérifier le bien-fondé de ce niveau de taxation et voir quels seraient les arguments qui permettraient de le combattre ».
Petit calcul rapide
Il est évident que la visite chez le patient est sous-payée par rapport à la consultation au cabinet. Si on considère la rémunération à l’heure de l’une et de l’autre, l’inégalité est flagrante. Il ne faut pas oublier que la plus grande partie de la rémunération correspond à du temps passé pour mener à bien la prestation. Et à ce point de vue, la visite chez le patient est de moins en moins rémunérée par rapport à son coût réel, en temps et en argent. Il est difficile de faire plus de deux visites à domicile par heure, sans compter avec les embouteillages et les difficultés de parking, sans compter avec les risques de contravention. Avec le niveau de remboursement actuel, cela revient approximativement à 82 euros l’heure. Par contre il est possible de donner dans le même temps trois, voire quatre consultations au cabinet. Cela correspond à des rentrées de plus de 100 euros par heure. Le calcul est vite fait. Avec une rémunération presque symbolique, des coûts croissants, des difficultés grandissantes et une fiscalité ravageuse, ce n’est plus rentable. « Il faut craindre que la visite à domicile ne soit de plus en plus boudée par le généraliste » s’inquiète le Dr Herry.
Derniers commentaires
Christian LETOT
16 juin 2022De votre temps, le médecin était aussi beaucoup plus respecté auprès de la population. De nos jours, tout ce que nous disons est mis en doute par le patient qui a consulté le dr google... Et nous (spécialistes compris) sommes devenus interchangeables pour la plupart des patients ("médecins kleenex")...
De votre temps, les contraintes administratives étaient beaucoup moindres voire inexistantes (pas de DMG, pas de BF, pas de papiers divers de l'AVICQ à remplir...), vous aviez donc beaucoup plus de temps à consacrer au patients.
Mon épouse est aussi médecin, si nous finissons tous les deux à minuits, qui s'occupera de nos enfants ? Les grand parents ? Autant ne pas en faire alors si c'est pour ne pas les voir ni les éduquer.
De votre temps, souvent le ou la conjoint ne travaillait pas ou peu et faisait office de secrétaire. C'était un choix de vie comme le nôtre de finir à 18h. A l'inverse, accepter de négliger sa vie de famille en voyant des patients jusque minuit pour des choses qui n'étaient pas urgentes pose question. A moins que ce ne soit aussi pour "faire du chiffre" comme vous le dites ? Ou pour fuir autre chose et se noyer dans le travail ? Travailler jusque minuit = être le "nightshop de la MG" ???
Je travaille 10h par jour non stop avec 15 minutes à 13h pour manger et aller aux toilettes. Je pense que c'est déjà très bien. Certes j'arrête mes rdv à 18h en effet, mais je n'ai pas fini pour autant j'en ai en moyenne pour une heure d'administratif (aggravé depuis le covid).
C'est une catastrophe quand le MG reporte au lendemain mais il peuvent attendre 3 mois ou plus pour un rdv chez le spécialiste...
Reporter au lendemain quelque chose qui n'est pas urgent en soi (sauf aux yeux du patient) n'est certainement pas une mauvaise chose. Bien au contraire, çà s'appelle éduquer le patient. Dans le monde actuel du "tout, tout de suite" favorisé par Amazon, smartphones, internet...
Je pense encore faire 30 à 40 % de vad ce qui me paraît encore trop.
Les temps changent, et pas en bien je vous l'accorde, mais il faut s'adapter... Les patients ont aussi les médecins qu'ils méritent (je me dévoue sans problèmes la nuit pour quelques patients triés sur le volet et qui ont mon gsm, mais qui n'en n'abuseront pas).
Cordialement.
Letot Christian
Françoise BRAIBANT
16 juin 2022Dans ma région, plus aucun médecin ne se déplace à domicile.
Il faut prendre un rendez-vous qui est souvent reporter au lendemain, car les médecins ne travaillent plus après 18:00 heures et renvoient systématiquement à la garde.
De mon temps, on travaillait jusqu'à des minuits pour répondre à tous les appels de la journée, aux appels de nuit Et les honoraires était de 60% moins bien payés dans les années 1980 à 2000
Je me demande où va la médecine si ce n'est un métier où le seul souci est de se faire un maximum de fric.
Dr Braibant (médecin en invalidité)