Les médecins attendent beaucoup des conseils médicaux dans les discussions à venir sur la répartition des avances du milliard octroyé par le gouvernement aux hôpitaux. «Les cas de figures que les CM doivent affronter seront très complexes. Un consensus est à trouver avec les gestionnaires pour un bon équilibre.»
«On me dit que je toucherai entre 5.000 et 13.000 euros.» Ce chirurgien ne sait pas aujourd’hui quels seront les avances dans cet hôpital bruxellois. A Namur, un autre médecin l’avoue: «Je ne sais pas comment le Conseil médical va agir. On nous dit qu’il y aura une solidarité».
Pour le Dr Sam Ward, coordinateur du département de chirurgie à l’hôpital Saint-Jean, le Conseil médical va à présent «discuter avec l’hôpital sur la répartition des avances qui reviennent aux médecins. A ce jour, aucun n’a encore touché de compensation financière». A Saint-Jean, les discussions ont commencé ce vendredi 5 juin sur une base d’environ 8,5 millions. «Il faudra donc partager équitablement en fonction des rares activités hors Covid maintenues mais aussi avec une vision de pérennisation plus générale. Une certaine solidarité sera nécessaire.»
Trois fois le dindon de la farce
Le Dr Ward ne peut par ailleurs s’empêcher d’être perplexe face au deuxième milliard annoncé: «C’est sympa d’annoncer une telle nouvelle mais on n’a pas encore vu la couleur du premier et rien n’indique que la pression financière sur les médecins va diminuer rapidement». Il rappelle ainsi que pour le moment le médecin est trois fois le dindon de la farce: «Il a perdu de l’argent parce qu’il n’a pas travaillé; il a mis sa vie en danger par sa présence à l’hôpital et il risque de se faire reprendre l’argent donné d’un côté par des prélèvements hospitaliers plus importants, une grande partie des hôpitaux étant déjà en difficulté financière avant le Covid faute de financement adéquats».
Il est très clair: «Les médecins attendent beaucoup des conseils médicaux dans les discussions à venir. Les syndicats vont devoir soutenir les conseils médicaux dans les discussions et en profiter pour donner un nouvel élan à l’implémentation effective d’une co-gouvernance hospitalière».
De son côté, le Dr Wissam Bou Sleiman, médecin-chef EpiCURA-Ath et directeur médical adjoint, note que les médecins souffrent de l’incertitude actuelle: «La gestion de l’après crise aiguë est plus compliquée avec les recommandations sanitaires... cela demande une adaptation de l’activité et un rythme progressif». Pour lui, «les conseils médicaux auront un rôle important à jouer». Il est conscient que «les cas de figures que les CM doivent affronter seront très complexes. Un consensus est à trouver avec les gestionnaires pour un bon équilibre. La solidarité médicale a été un moteur en pleine crise et elle fait partie des solutions».
Il est parfois difficile d’expliquer et de comprendre que même si le passage du «on au off» de certaines activités lors de la mise en place du PUH a eu lieu en quelques heures, le passage du «off au on» et le retour à une «normalité» s’avèrent plus complexes, explique Wissam Bou Sleiman. Il donne un cas concret: «On ne peut pas commencer à augmenter les consultations orthopédiques sans ouvrir l’accès à l’imagerie et à la rééducation... c’est parlant. Il faut être capable donc de rouvrir tous les services de façon homogène et cohérente... surtout qu’on a également l’émergence de nouvelles activités telle que la réadaptation Covid».
Lire aussi :
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Derniers commentaires
Jacques DE TOEUF
16 juin 2020Je lis les commentaires du Dr Ward . Ils souligne que les syndicats médicaux vont devoir soutenir les CM et donner un nouvel élan à la cogouvernance CM- gestionnaire. Je me permets de rappeler que l'ABSyM a initié et accompagné le nouveau dispositif légal sur les Cm de réseaux, qu'elle est sans cesse active sur cette problématique, et la seule à disposer du savoir-faire et des connaissances pour bien accompagner les CM. Et aussi qu'une façon simple d'encourager le syndicat, c'est d'apporter sa cotisation. Que les collègues cessent de faire la fine bouche, et qu'ils s'inscrivent: ils auront alors l'opportunité de passer du statut d'observateur commentateur à celui d'acteur.
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