Le Collège de Médecine Générale (CMG), la Fédération des Associations de Médecins Généralistes de la région Wallonne (FAGW), et la Fédération des Associations de Médecins Généralistes de Bruxelles (FAMGB) proposent des mesures pour améliorer la répartition des stages en médecine générale. Ils recommandent notamment d'inciter les assistants à se former en zones rurales et de pénurie, tout en rendant ces stages plus attractifs et en encourageant les généralistes à devenir maîtres de stage.
Le Collège de Médecine Générale (CMG) a réfléchi à des propositions visant à améliorer la répartition des stages de manière à mettre plus en contact les assistants de médecine générale en formation avec les zones rurales et/ou en pénurie. Dans une lettre adressée au Centre de Coordination Francophone pour la Formation en Médecine Générale (CCFFMG), il a énoncé une série de pistes en ce sens. Elles portent tout autant sur les lieux de stage que sur les maîtres de stage et sur des mesures structurelles qui viseraient l’émergence de cadres d’organisation locale qui pourraient s’inspirer de ce que fait « Santé Ardennes », à savoir l’aide à la recherche d’un stage, l’information aux médecins généralistes sur les primes disponibles, la localisation des médecins généralistes.
En incitant les assistants à passer une partie de leur formation en zone rurale et/ou de pénurie, on leur permettrait de découvrir la médecine générale dans ces zones. L’espoir serait qu’un certain nombre choisissent ensuite ce milieu pour leur installation future. À la Fédération des Associations de Médecins Généralistes de la région Wallonne (FAGW), on voit les choses de la même manière : « on ne pratique pas la même médecine dans les campagnes et dans les grandes villes », explique le Dr Guy Delrée, président. « On voit plus de pathologies différentes, les patients vont moins facilement aux urgences, nous faisons nous-mêmes des mises au point… » explique-t-il. « J’insiste fortement sur l’aspect formateur d’un stage en milieu rural ». Et de faire remarquer que « bien sûr, la présence d’un assistant nous apporte une aide appréciable, mais c’est bien plus qu’une main-d'œuvre bon marché. Nous avons une responsabilité pédagogique ». « Je suis assez d’accord avec cette vision », ajoute le Dr Michel De Volder, président de la FAMGB. « Mais pour le moment, il n’y a pas de consensus pour les y obliger ».
« Les assistants ont de fortes revendications quant à leur qualité de vie », fait encore remarquer Michel De Volder. Pour augmenter l’attractivité des stages en zone de pénurie, le Collège insiste sur la nécessité de rendre plus accessibles les prestations obligatoires des stagiaires (décentralisation, téléformation, etc.). Cela pourrait s’envisager sur un mode interuniversitaire. Une autre possibilité serait d’instaurer un forfait de frais de déplacement « activités académiques » par mois pour les stages en milieu rural. Le CMG comme la FAGW accordent aussi une importance à une offre de stage hospitalier pour MG en milieu rural, pour rapprocher les assistants des offres de soins présentes dans ces régions rurales. Il est également essentiel de maintenir la possibilité pour un candidat MG de prester des heures de garde obligatoires dans un PMG autre que celui de son Maître de stage principal.
Pour le CMG, il faut aussi encourager les généralistes des zones concernées à devenir Maître de stage agréé par le SPF Santé publique et nommé par les universités. Des formations spécifiques pour les Maîtres de stage en zone de pénurie devraient être proposées afin de les sensibiliser et de les outiller pour proposer des stages de qualité. Ici encore, on pourrait mutualiser entre universités leur recrutement, leur formation, et l'encadrement des Maîtres de stage de séminaire. Leur rémunération devrait être harmonisée.
Chaque année, comme cela se fait en Flandre, un nombre minimal et un nombre maximal de stages possibles sur un territoire donné devraient être définis en fonction du nombre total de candidats MG. Il leur serait laissé le choix de leurs lieux de stage dans les limites de la fourchette territoriale. Éventuellement, une année de stage dans une zone différente pourrait être rendue obligatoire.
« 42 % des maîtres de stage exercent en pleine ville. Ils accueillent 53 % des assistants. Et 21 % des maîtres de stage sont en milieu rural, où viennent seulement 17 % des futurs généralistes en formation. Le déséquilibre est flagrant : plus d’un assistant par maître de stage en ville et moins d’un à la campagne », dénonce Guy Delrée. « S’il en venait plus, on serait content d’en convaincre, ne fût-ce que 10 %, de rester. » Le Dr De Volder confirme : « il manque de maîtres de stage dans les régions les moins pourvues en généralistes. Or des études ont montré que si des jeunes assistants y font leur stage, ils ont tendance à s’y installer. »
Pour induire une meilleure répartition territoriale des dispositifs de stage, il faudrait à l’avenir, selon le CMG, limiter les nominations universitaires des Maîtres de stage à 1 ½ assistant par Maître de stage. Le deuxième assistant devant être « en binôme » entre des dispositifs de stage diversifiés (exemples : hospitalier, rural), induisant des apprentissages et expériences différents.
Tout cela, conclut le CMG, nécessite aussi une interpellation du monde politique aux différents niveaux de pouvoir, notamment pour garantir un financement adéquat, suffisant et pérenne des mesures prises et - pourquoi pas ? - pour convaincre l’Europe de troquer l’obligation des 6 mois de stages hospitaliers avec un choix entre hospitalier et rural en pénurie. Et d’insister également sur le besoin d’une évaluation régulière de l’effectivité et des effets de la mise en œuvre de ces mesures. C’est d’autant plus important, estime le Dr De Volder, qu’il n’est pas évident a priori que toutes les mesures proposées produiront un effet appréciable.
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Sammie SOETAERT
03 juin 2024Parmi les médecins diplômés (https://www.belgiqueenbonnesante.be/fr/hspa/soutenabilite-du-systeme-de-sante/disponibilite-en-personnel-de-sante#S-4) comme médecin généraliste il y a une majorité des femmes (https://www.aviq.be/sites/default/files/documents_pro/2024-01/Cadastre%20M%C3%A9decins%20Generalistes%20Wallonie-2016-2022%20RAPPORT.pdf). Pour que celles-ci s'établissent en zone rurale qu'est-il prévu pour leur mari ? Combien de km devra-t-il parcourir pour trouver un employeur ? Y a-t-il des crèches (https://statistiques.cfwb.be/transversal-et-intersectoriel/one/accueil-et-suivi-des-enfants/missions-daccueil-des-0-3-ans-taux-de-couverture/) ? Des boulangeries ? Des banques ? Des transports en commun ? Des écoles secondaires ? Il y a de multiples paramètres qui déterminent l'installation future des carabins. Ces dernières années, les moyens en Wallonie ont été dirigés vers les villes plutôt que vers les communes rurales.