Pour Christophe Cocu, secrétaire général de la Fédération des maisons médicales (FMM), de nouvelles politiques de santé comme les soins intégrés aux malades chroniques, psy 107, l’hospitalisation à domicile… tendent certes à ramener les patients vers la première ligne. Toutefois, d’après lui, faute de soutien de ce qui existe, dans cette première ligne, on assiste du coup à de «l’hospitalo-tentacularisme».
Dans une carte blanche parue hier dans le Guide social, Christophe Cocu estime que, par rapport à d’autres pays européens, la Belgique s’en tire encore pas mal au niveau des inégalités sociales et de la performance du système de soins. Il n’en pointe pas moins une «dégradation de l’état de santé d’une frange de la population». Et de rappeler la liaison bien connue entre les conditions socio-économiques et la santé, en illustrant par une récente étude de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique qui épingle une espérance de vie à la naissance en Wallonie bien en deçà de la moyenne belge.
Lutter contre les inégalités sociales nécessite, pour le secrétaire général de la FMM, «une synergie entre ‘biomédecine’ et promotion de la santé». Le hic, c’est qu’en Belgique, dit-il, «l’éclatement des compétences suite à la 6ème réforme de l’Etat et le manque de structure de la première ligne nuisent fortement à l’évolution d’une politique de santé globale et cohérente».
Sans compter que «l’accessibilité des soins est mise à mal», à la suite de mesures d’économie dans le budget des soins de santé, qui amènent le patient à payer davantage de sa poche. Il songe à la diminution du remboursement de certains médicaments ou à l’augmentation du ticket modérateur chez les spécialistes, pour ne prendre que deux de ses exemples.
Manque de cohérence et de moyens
Christophe Cocu relève aussi le contexte ambiant de pénurie de soignants alors qu’il s’agit de faire face au vieillissement et à l’essor des maladies chroniques. Il cite de nouvelles politiques de santé (plan maladies chroniques, psy 107, HAD…) qui «visent à ramener les patients vers la première ligne de soins». Mais pour lui, «elles manquent d’articulation et de cohérence territoriale. Elles sont également insuffisamment financées. Au lieu d’un soutien à la première ligne existante, on assiste à la création d’une première ligne bis, construite à partir des hôpitaux: c’est l’hospitalo-tentacularisme.»
Le secrétaire de la FMM propose d’opposer à ces défis «un système de santé basé sur une première ligne efficiente et une pleine accessibilité - qu’elle soit financière, culturelle, temporelle ou géographique». Il estime que le modèle développé par les maisons médicales est une réponse concrète à l’équation, offrant une «première ligne pluridisciplinaire, dispensant des soins globaux, intégrés, continus et accessibles».