L’ABSyM s’offusque du droit à la substitution en faveur des pharmaciens

Dans La Libre Belgique, Jean-Paul Knaepen, administrateur délégué de la coopérative de distribution pharmaceutique EPC-Familia, plaide de manière flagrante en faveur de la reconnaissance du droit à la substitution aux pharmaciens. Dans un communiqué l’ABSyM se dit offusqué et se demande si cette position reflète celle de tous les pharmaciens.

Samedi dernier, La Libre Belgique[1] a publié une interview avec Jean-Paul Knaepen, le numéro 1 d’EPC-Familia, une entreprise coopérative wallonne exploitant 100 pharmacies. Il y exprime sa vision du rôle du pharmacien dans la société actuelle, qui est purement et simplement, pour le citer, « dans une forme d’exécution de la prescription ». Cette image devrait évoluer. Knaepen estime qu’il serait intéressant d’un point de vue sociétal de conférer au pharmacien le droit à la substitution par rapport à la prescription du médecin.

Pour le Dr Philippe Devos , Président de l'ABSyM, les arguments qu’il avance en ce sens sont scandaleux. Le rôle du pharmacien devrait évoluer, dit-il, « car les médecins n’ont pas toujours une connaissance actualisée des médicaments, certains prescrivent des choses qui à la limite ne sont même plus sur le marché ». L’ABSyM se demande ce qu’il sous-entend par là. Que les médecins prescrivent des médicaments qui sont provisoirement indisponibles? Ou que leur connaissance des médicaments n’est pas à jour, ce qui est une allégation des plus choquantes.

Selon Knaepen, le pharmacien doit se voir octroyer la possibilité de « répondre à la demande du patient en fonction de ses besoins. » Si le pharmacien se voyait octroyer le droit à la substitution, « le patient serait alors bien mieux servi et aurait accès à un médicament moins cher ».

L’ABSyM trouve cette position outrancière et surtout injurieuse à l’égard de l’ensemble des médecins. Nous acceptons que les pharmaciens puissent travailler de manière complémentaire aux médecins mais il est totalement inacceptable qu’ils se substituent à ces derniers. Il appartient au médecin de poser un diagnostic et de démarrer un traitement en fonction des besoins médicaux du patient.

L’ABSyM se demande si tous les pharmaciens partagent l’avis de M. Knaepen. Ou s’agirait-il d’un lapsus du PDG d’EPC-Familia ?

[1] « Quand Maggie De Block est arrivée, elle a dit aux pharmaciens : ‘Soyez contents d’exister encore…’ », La Libre Belgique, samedi 26 octobre 2019, p. 29

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Derniers commentaires

  • Charles BERLINER

    01 novembre 2019

    Il y a des cas où l’integration de pratiques de santé se révèlent infructueuses.
    Il existe encore actuellement de nombreux pharmaciens qui apprécient leur activité professionnelle et avec lesquels la majorité des médecins entretient des relations cordiales dans un esprit de complémentarité. Pourquoi abandonner une formule qui marche bien?

  • Marc TOMAS

    01 novembre 2019

    Encore une réaction de Jacquouille-la-fripouille ! Vivez avec votre temps Messieurs de l'Absym ! La médecine intégrée ce n'est pas pour demain mais pour aujourd'hui: les réactions de caste sont complètement dépassées. Et c'est un cardiologue, pas un pharmacien, qui vous l'écrit.
    Marc Tomas, cardilogue et professeur à la Faculté de Médecine de Namur

  • Philippe TASSART

    31 octobre 2019

    Il y a mille raisons de s'opposer à la substitutions des médicaments par les pharmaciens.
    Une dont personne ne parle, c'est le danger de voir les pharmaciens courtisés par les firmes pharmaceutiques dans le but d'obtenir le marché. Certains diront que c'est déjà le cas ! Mais, si la substitution est votée, il n'y aura vraiment plus de limite. La seule limite actuelle, c'est notre mention "Ne pas substituer", ce qui, en soit, est déjà incroyable : pour qu'une loi soit appliquée, il faut le rappeler par écrit, à quelqu'un qui la connait pertinemment bien ! Beaucoup de médecins n'insistent pas pour que leurs ordonnances soient respectées. C'est dommage. Peur de la réaction du pharmacien ? Perso, j'ai été trouver les pharmaciens du coin qui substituaient et la situation semble arrangée, avec mes prescriptions en tout cas. Certains pharmaciens disent que ce sont les médecins qui sont courtisés et qui cèdent aux avances des firmes. Ce fut probablement le cas par le passé. On raconte des histoires assez incroyables à ce sujet. Mais actuellement, à part un resto offert au cours d'une soirée scientifique, je ne reçois jamais rien. Des bics, oui. C'est vrai qu'ils sont utiles mais de moins en moins : je préférerais recevoir des toners pour mon imprimante ! Même les échantillons sont rationnés.
    Si les pharmaciens envahissent trop nos compétences, ce sera difficile de s'entendre. Encore faudrait-il qu'ils prouvent qu'ils sont à la hauteur. Ce qui est loin d'être évident quand on analyse les retours de nos patients. A ce sujet, certains d'entre eux me disent ne pas comprendre que le pharmacien touche 32 euros par an pour leur donner la liste de leurs médicaments, alors que je la leur ai déjà donnée ! Je suis du même avis, surtout si l'on compare avec nos 30 euros de DMG qui nous impose une gestion plus que complète de toutes les pathologies du patient, de sa famille, de ses médicaments, de la prévention, des envois électroniques multiples non rémunérés, etc etc ... Si les pharmaciens s'approprient une partie de notre travail, pourquoi ne pas faire la même chose ? Le secteur de la vente des médicaments par Internet est un business juteux. Et comme nous sommes à la base de la prescription ... Ce genre de raisonnement pourrait s'appliquer à d'autres domaines : le transport par ambulance par exemple. Si les médecins d'un secteur se groupaient pour acheter du matériel et engager du personnel, cela ne peut que fonctionner. Mais voilà, les médecins exercent leur métier avec leurs compétences, sans déborder sur celui des autres, alors qu'ils disposent des armes pour le faire. Et c'est très bien ainsi. Chacun son métier.



  • Recep TEZEL

    31 octobre 2019

    Personnellement j'apose un cachet à ne pas substituer !
    Ce qui met la responsabilité du pharmacien en jeu!
    La situation s'est déjà présenté il y a des années avec un substitution non conforme, qui a mis la vie du patient en jeu!
    Par chance la maman m'avait contacté pour m'informer...

  • Harry DORCHY

    31 octobre 2019

    Insuline glargine vs insuline détémir

    Dois-je comprendre qu’un pharmacien pourrait remplacer ma prescription de LEVEMIR (détémir) par de l’ABASAGLAR (glargine), toutes deux classées par le CBIP dans la catégorie (5.1.1.4.) « Analogues insuliniques à longue durée d’action ».

    Or je ne veux pas qu’on remplace la détémir par la glargine qui est potentiellement mitogène et pourrait provoquer un cancer du sein.

    Depuis 2009, des publications (Diabetologia) ont soulevé un doute sur le pouvoir carcinogène de l'analogue de l'insuline à longue durée d'action, la Lantus® (glargine). L’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) place alors la glargine sous haute surveillance.
    En 2013, 4 ans plus tard, l'European Medicines Agency publie “Outcome of review of new safety data on insulin glargine”, EMA/329790/2013.

    La conclusion est: "In a large cohort of patients newly treated by basal insulin, no increased risk of any cancer was observed in insulin glargine users compared with other basal insulin users. Because follow-up did not exceed 4 years, longer-term studies are needed".
    Or, l’étude de Suissa et al publiée en 2011 (Diabetologia 2011; 54: 2254-62) montre: Pendant 5 ans, le risque de cancer du sein n’augmente pas significativement chez les patientes sous glargine (Hazard Ratio: 0,9), mais bien ensuite (HR: 2,7). Pourquoi l'EMA a arrêté son suivi après 4 ans..?
    En août 2013, on pouvait lire dans le "Dow Jones Newswire": "Pour Morgan Stanley, le chiffre d'affaire du Lantus devrait atteindre 7,4 milliards d'euros en 2015 et plus de 10 milliards d'euros en 2020".
    Tiens, combien d'années et de décès a-t-il fallu attendre pour reconnaître comme carcinogène le tabac, l'amiante, les particules fines du diesel et le glyphosate.

    La connaissance du pouvoir mitogène de l'insuline glargine (Lantus, Abasaglar, Toujéo) remonte à l'an 2000! Kurtzals et al. dans Diabetes (quasiment le meilleur journal mondial de diabétologie avec reviewers-experts anonymes) 2000; 49: 999-1005, publient: "Correlations of receptor binding and metabolic and mitogenic potencies of insulin analogs designed for clinical use". Ils comparent la mitogénicité des analogues de l'insuline par rapport à l'insuline humaine qui a l'indice 100. L'analogue aspart B10 n'a jamais été commercialisé (indice 975), car il provoquait des cancers mammaires chez la rate. Les analogues aspart B28 (NovoRapid; indice 58), lispro (Humalog; indice 66), détémir (Levemir; indice 11) ne sont pas potentiellement mitogènes. En revanche, la glargine (Lantus, puis Abasaglar et Toujéo) ont un indice mitogène de 783, ce qui n'est que légèrement inférieur à celui de l'aspart B28 non commercialisée. Alors quid? Pourquoi ceux qui prescrivent la glargine ne réagissent-ils pas?

    Nouvelle preuve du pouvoir carcinogène de la glargine. En septembre 2017, dans le Journal of Clinical Oncology, une étude a montré que chez des femmes, avec un diabète de type 2, qui recevaient de l'insuline glargine pendant 5 ans ou plus, le risque de cancer du sein était multiplié par 2. Donc à nouveau, pourquoi l'EMA a arrêté son suivi après 4 ans ? Lobbying pharmaceutique?