En juin 2016, l’Ordre ouvrait un point de notification des faits de violence que subissent les médecins dans l’exercice de leur métier. Début novembre, il recensait 209 signalements. Plus de 8 fois sur 10, la victime est un MG. Dans 27% des affaires, il y a violence verbale avec effet psychologique.
Le total de 209 est de toute évidence une sous-estimation de la réalité. Une partie des médecins ne relatent pas ce qui leur est arrivé. Les médecins néerlandophones usent davantage du point de contact ordinal (les ¾ des notifications émanent du nord du pays). Les hommes sont quasi autant pris à partie que les femmes. Quant aux généralistes, ils paient un tribut nettement plus lourd à l’agressivité de la patientèle: sur 209 plaignants, on retrouve 172 généralistes, dont 10 assistants. Soit 82%.
«On n’observe pas de rupture dans les tendances qui se dégagent depuis le début (*). Les auteurs des faits ne sont pas forcément des inconnus, pas forcément des patients psychiatriques ou des criminels», commente Koen Matton, chargé de mission auprès de l’Ordre et gestionnaire de la plateforme «Médecins en difficulté». De fait, les dernières statistiques montrent que, plus d’une fois sur deux, l’auteur est connu de la victime. Il y a des antécédents psychiatriques dans 19% des cas (7 fois sur 10, cependant, le profil n’est pas mentionné).
«Les incidents arrivent dans les lieux ‘normaux’ d’activité», poursuit Koen Matton. Ainsi les faits se sont-ils produits une fois sur deux dans les locaux de consultation (contre 36 incidents, soit 17%, au domicile du patient). Dans 75 affaires sur 209, un médecin solo était concerné, mais dans 85 autres cas (41%), il s’agissait d’un praticien officiant en groupe. Dans 17% des signalements, la victime pratiquait à l’hôpital ou en centre de santé. «Personne n’est à l’abri d’une mauvaise expérience. Cela peut se passer à tout moment, avec un patient habituel qui, soudain, sort de ses gonds. Cela n’en est que plus difficile à prévenir.»
Des noms d’oiseau à l’intimidation
Quel est le top 3 des raisons mettant le feu aux poudres? On y trouve les refus d'attestations ou de prescriptions non justifiées, le mécontentement du patient par rapport à l'intervention du médecin et un désaccord à propos d’une de ses décisions. Un peu plus bas dans la liste figurent les tensions autour d’une ITT, d’un temps d’attente trop long ou du montant des honoraires.
La majorité des agressions sont verbales (111 sur 209, soit 53%, contre 39 attaques physiques). «J’ai désormais distingué les agressions verbales consistant ‘juste’ en insultes et celles possédant un effet psychologique - les intimidations, les promesses de représailles, de ‘briser une carrière’ par exemple…» Ces affaires sont au nombre de 57, soit 27%.
Quelles sont les suites encourues par les victimes? Souvent, les médecins essuient «simplement» des menaces à l’intégrité personnelle (131 affaires, ou 63%), mais développent aussi du stress psychologique (21 affaires) et des angoisses (13). L’Ordre dénombre 13 cas de dégâts matériels et 8 où le médecin a subi un dommage physique. (Voir le tableau détaillé)
(*) en raison d’un souci technique constaté après coup, le formulaire présent sur www.ordomedic.be n’a pas toujours été opérationnel sur le semestre écoulé. Il y a une plausible sous-notification. Les choses sont réglées, mais il serait hasardeux de commenter l’évolution récente des chiffres. A long terme, on peut dire que 18 mois après le lancement de juin 2016, 113 signalements étaient arrivés; au bout de 2 ans, 137; et en avril 2019, 191.
> Lire aussi: Exclusif : la nouvelle campagne du SPF intérieur pour éradiquer la violence au cabinet du MG
Derniers commentaires
Jacques HENNEBERT
14 novembre 2019Etant vétéran dans la "Royal Navy" pendant la guerre "Des Malouines je suis habitué à me défendre.
celui qui me menace avec une arme n'aura pas le temps de réfléchir avant de recevoir du plomb dans la cervelle.
Un individu qui vous menace avec un couteau est déjà dangereux à 7 mètres.