Les ministres des différents niveaux de pouvoir en charge de la Santé se sont accordés samedi matin sur le déploiement de la dose "booster" de vaccin pour la population dans son ensemble. Principale décision : il n'y aura pas de groupe prioritaire (enseignants,?) au-delà de ceux qui ont déjà été définis, mais les invitations seront envoyées dès les prochains jours en fonction du vaccin administré, de la date de vaccination complète et de l'âge de la personne concernée, indique-t-on samedi en milieu de journée au cabinet de la ministre wallonne Christie Morreale.
Le 10 novembre, les ministres de la Santé avaient avalisé le principe d'une dose "booster" pour tous. Il restait à imaginer comment organiser dans la pratique cette nouvelle campagne de vaccination axée sur les rappels de vaccin. C'était au menu d'une nouvelle Conférence interministérielle Santé, ce samedi matin.
Actuellement, les personnes de plus de 65 ans, les personnes à risque (immunodéprimées) et le personnel des soins de santé sont déjà invités à se faire administrer une troisième dose de vaccin contre le Covid-19 (ou deuxième pour le vaccin Janssen). Entre-temps, toutes les personnes vaccinées avec le vaccin Janssen (Johnson & Johnson) ont aussi déjà reçu une invitation pour une dose "booster", avec un vaccin à ARN messager, communique la porte-parole de la ministre Morreale. Cette décision faisait suite à la précédente CIM Santé, et l'envoi des convocations s'est fait plus rapidement que prévu.
Les principes décidés samedi pour l'ensemble de la population vaccinée sont les suivants: une invitation pour une dose de rappel 6 mois après la seconde dose pour les vaccins Moderna et BioNTech-Pfizer, 4 mois après la seconde dose pour AstraZeneca, et 2 mois après l'unique dose pour le produit de Johnson & Johnson (vaccin Janssen). Comme il n'y a pas de public prioritaire, on commencera par les personnes vaccinées éligibles les plus âgées, sachant que les plus de 65 ans sont normalement déjà concernés. Les invitations devraient commencer à être envoyées dans les prochains jours, et "on espère les avoir toutes envoyées, pour les publics éligibles, d'ici la fin mars", indique Stéphanie Wilmet, porte-parole de Christie Morreale.
Les ministres se sont basés sur les avis du Conseil Supérieur de la Santé pour définir cette stratégie de vaccination de rappel. En séance virtuelle de questions-réponses avec les journalistes, les responsables de la taskforce vaccination ont souligné que le pays dispose de suffisamment de vaccins. "Nous avons 5 millions de doses au moins (environ 5,2) à l'heure actuelle, et nous en attendons des livraisons mensuelles en 2022", précise Sabine Stordeur.
"Comme nous avons beaucoup de vaccins, il sera possible de multiplier les canaux de vaccination", ajoute la ministre wallonne Christie Morreale. Si des secteurs sont demandeurs, une concertation sociale pourra ainsi se mettre en place avec la taskforce vaccination pour passer par exemple par la médecine du travail. Entre-temps, les Régions vont chacune travailler à la réorganisation (réouvertures,?) des antennes de vaccination. La capacité sera augmentée à partir de décembre, pour passer d'environ 420.000 vaccinations potentielles par semaine actuellement à "près de 530.000": "50.000 à Bruxelles, au moins 300.000 en Flandre, 170.000 en Wallonie et 3.300 dans Ostbelgien", se lon le communiqué commun des ministres et du commissariat corona du gouvernement.
Peu importe le vaccin administré en première vaccination, les doses de rappel n'utilisent que deux produits : le vaccin de BioNTech-Pfizer, en dose complète, et le vaccin Moderna, en demi-dose. Une personne ayant été vaccinée à deux doses avec Comirnaty (BioNTech-Pfizer) peut très bien être invitée à venir "booster" son niveau d'immunité avec Spikevax (Moderna) et vice-versa. Pour le moment, et suivant les autorisations au niveau européen, ces doses de rappel sont prévues pour les personnes vaccinées éligibles à partir de 18 ans.
Le système en ligne "Q-Vax" va être rouvert, au plus tard en fin de semaine prochain, indique la taskforce vaccination. Il permet aux personnes de s'inscrire pour l'administration d'un vaccin s'il y a des places restantes dans certains centres. La ministre Morreale demande en tous les cas de ne pas se précipiter vers les centres d'appel qui sont actuellement déjà débordés.
La nécessité des doses de rappel est sous-tendue par le constat que si les vaccins contre la Covid-19 continuent d'offrir une bonne protection contre les risques d'hospitalisation et de décès, on observe que le niveau de protection contre le risque d'infection faiblit quant à lui considérablement après quelques mois. "La protection contre les formes graves de la maladie reste élevée, mais depuis octobre 2021, elle a légèrement diminué, notamment chez les personnes dont l'immunité est réduite et chez les personnes de plus de 65 ans. C'est pourquoi ces groupes sont déjà pleinement invités et vaccinés par un vaccin de rappel", ajoutent le commissariat cor ona et les ministres de la CIM Santé dans un communiqué commun.
Le ministre flamand de l'Enseignement Ben Weyts a sans attendre exprimé samedi son "incompréhension" face à la décision de ne pas faire des enseignants un groupe prioritaire pour la dose "booster", alors que les soignants le sont. Ils sont "pourtant les seuls, avec les accueillants d'enfants, qui travaillent tous les jours avec une population intégralement non-vaccinée", a-t-il rappelé.
Dirk Ramaekers, de la taskforce vaccination, a précisé samedi que si les soignants ont été considérés comme un groupe à part, ce n'est "pas pour les protéger individuellement mais parce qu'ils sont en contact avec des personnes vulnérables". La dose de rappel diminue les risques de participer à la transmission du virus, un élément particulièrement essentiel dans les établissements de soins de santé.
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