L'envoi d'un courriel par un spécialiste de l'UZ Bruxelles au conseil provincial de l'Ordre de Flandre-Occidentale a déclenché une mesure disciplinaire importante . Il a été question d'une mère, conseillée par un médecin, qui a réduit la posologie d'azathioprine prescrite à son fils de 14 ans, atteint de la maladie de Crohn, sans la concertation du spécialiste en charge. Cette décision s'est avérée médicalement irresponsable.
Le jeune patient de 14 ans suivait un traitement combiné d'infliximab (anti-TNF) et d'azathioprine. Atteint d'un retard de croissance marqué, une exacerbation de sa pathologie a nécessité le quadruplement de la dose d'infliximab. Le médecin aujourd'hui réprimandé avait donc réduit l'azathioprine alors que, selon le spécialiste, cette molécule contribuait essentiellement à inhiber la formation d'anticorps contre l'infliximab. En conséquence, l'augmentation de son anti-TNF coûte à la société une somme considérable, simplement parce que l'azathioprine a été réduite sans avis.
Le spécialiste a également souligné qu'aucun autre traitement biologique n'est remboursé en pédiatrie, laissant comme seule alternative les stéroïdes et leurs effets secondaires indésirables. « Si nous continuons à traiter de la sorte ces patients vulnérables, nous risquons de voir des adultes avec la stature d'un enfant de dix ans », a-t-il prévenu.
Homéopathie et méfiance envers la médecine conventionnelle
Lors de l'audition devant la commission d'enquête, le médecin mis en cause a exprimé son ignorance quant à la raison pour laquelle la mère et l'enfant se sont tournés vers lui, évoquant une possible influence due à sa connaissance de l'homéopathie. La méfiance de la mère et de l'enfant envers la médecine traditionnelle a également été mise en avant. Le praticien a reconnu son manque d'expérience concernant le traitement de la maladie de Crohn chez les adolescents, ainsi que de la combinaison médicamenteuse en question. Il a précisé que la réduction graduelle du traitement (sans l'arrêter complètement) n'avait pas été discutée avec le spécialiste traitant, plaçant la responsabilité sur les épaules du patient. Toutefois, il avait recommandé de poursuivre le suivi médical à l'UZ Bruxelles.
Aucune indulgence de la part du conseil
La gravité de la situation et le passé disciplinaire du médecin ont conduit le conseil à opter pour une absence de clémence. Dans le but de sensibiliser le médecin à l'inadmissibilité de son comportement et de l'encourager à adopter une approche différente à l'avenir, le conseil a prononcé une sanction disciplinaire d'une suspension d'un mois pour ces fautes déontologiques avérées.
Derniers commentaires
Alain HUVENNE
12 juillet 2024Si j'ai compris la situation décrite, un spécialiste en médecine générale -est-il le médecin traitant habituel?-a été consulté par la maman d'un patient mineur dans le but de diminuer un traitement que la maman craignait trop lourd. Si le généraliste consulté était homéopathe ou non ne change pas le fond du problème posé.
Trois réactions de ma part:
1. Pourquoi le spécialiste n'a-t'il pas contacté le généraliste pour lui expliquer sa prescription?
2. Pourquoi le généraliste n'at'il pas contacté le spécialiste pour l'interroger au sujet de cette prescription qui paraissait excessive à la maman et probablement également à lui?
3. A mes yeux, l'enjeu scientifique et économique ne justifie pas ce manque de confraternité bilatérale, quand bien même l'un et l'autre médecin pourrait avoir estimé être dans son bon droit. De plus, l'Ordre aurait tranché sur la double base du manque de pertinence scientifique de l'attitude du généraliste d'une part, et de la répétition de cette attitude inadéquate d'autre part. Ce faisant, il me semble que l'Ordre ait raté l'occasion d'insister sur l'utilité du dialogue confraternel pour éviter des problèmes similaires. Stigmatiser l'attitude irrationnelle du généraliste était cependant utile et ,d'après votre article, justifié.
Dr Alain Huvenne
24400 Saint Front de Pradoux