Étendre le principe de gratuité des moyens contraceptifs aux femmes jusqu'à 35 ans est l'une des recommandations formulées par la Commission nationale d'évaluation des interruptions de grossesse (IVG). Celle-ci présentait mardi son dernier rapport bisannuel devant la Commission Santé et Egalité des Chances de la Chambre.
Dans près de la moitié des cas, une grossesse non-désirée, cause principale des IVG, était la conséquence de l'absence de recours à un moyen contraceptif, relève la Commission dans son rapport. Sachant que l'âge moyen des femmes qui recourent à une IVG était de 28,5 ans en 2017, la tranche d'âge 25-35 ans doit donc faire l'objet d'une attention particulière en ce qui concerne la contraception, estime-t-elle.
C'est pourquoi la Commission suggère d'"accroître l'accessibilité à la contraception (tant féminine que masculine) ainsi que l'information sur son utilisation, les effets secondaires éventuels et les risques en cas de mauvaise utilisation ou d'arrêt". Plusieurs recommandations concrètes sont édictées, telles que l'extension du principe de gratuité des moyens contraceptifs aux femmes jusqu'à 35 ans, contre 25 ans aujourd'hui, ou encore la mise en place de distributeurs gratuits de préservatifs dans les écoles.
La Commission souhaite encore renforcer l'accessibilité à la contraception pour le public jeune par la délivrance de la pilule d'urgence dans les centres de planning familial et dans les établissements scolaires via les centres psycho-médico-sociaux. Le personnel paramédical et, le cas échéant, les sages-femmes devraient aussi être spécifiquement formés et doivent pouvoir délivrer la contraception d'urgence.
La présentation de ce rapport a été diversement interprétée par les députés. "La lecture du rapport est claire : même si tout le monde a un accès excellent à la contraception, les grossesses non désirées ne pourront être totalement supprimées. C'est une réalité pour toutes les femmes", a affirmé Sofie Merckx (PTB). Pour Catherine Fonck (cdH), "78% des IVG surviennent en raison d'une absence de contraception ou de sa mauvaise utilisation, alors qu'il s'agit d'une grossesse non désirée. Soit aucune évolution positive depuis 2011. C'est donc la première et la vraie priorité politique."
Un assouplissement de la loi sur l'interruption volontaire de grosses a été voté en fin d'année dernière en commission de la Justice de la Chambre. Le texte, soutenu par le PS, le sp.a, Ecolo-Groen, le MR, l'Open Vld, le PTB et DéFI, dépénalise l'IVG, fait passer le délai dans lequel elle peut être pratiquée de 12 à 18 semaines après la conception et réduit le délai de réflexion de six jours à 48 heures. Un avis du Conseil d'État est attendu dans les prochains jours.