L'Europe s'affirme comme un centre d'innovation en santé, avec des investissements atteignant 11,4 milliards d'euros en 2023, rapporte sur son site Euractiv. Cette dynamique devrait stimuler l'émergence de nouvelles technologies et améliorer les soins de santé. Les partenariats public-privé et les fusions-acquisitions jouent un rôle important dans cette évolution. Mais n'y a t-il pas de risques pour une médecine à deux vitesses ? Au niveau des patients, mais aussi au niveau des médecins.
L'Europe s'impose comme un centre d'innovation technologique dans le secteur de la santé, avec de nombreuses entreprises développant des solutions innovantes pour améliorer les soins de santé et les systèmes de santé à l'échelle mondiale.
En 2023, les investissements en capital-investissement et en capital-risque dans le secteur de la santé en Europe ont atteint 11,4 milliards d'euros, soit le double des 5,7 milliards investis en 2016. Ces investissements sont désormais souvent associés à une amélioration de l'efficacité et de la qualité des soins. Cette amélioration serait en partie motivée par le vieillissement des populations et les leçons tirées de la pandémie de COVID-19. Les médicaments préventifs améliorés et le recours accru au secteur privé pour financer les coûts de santé croissants expliquent pourquoi la part moyenne du capital-investissement dans les dépenses de santé totales des pays européens en 2020 était de 4,4 %.
Des investisseurs rachètent des hôpitaux
Une étude (What Happens When Private Equity Firms Buy Hospitals?) de la Harvard Business Review portant sur 45 rachats par effet de levier aux États-Unis a montré que l'acquisition d'un hôpital par une firme de capital-investissement a amélioré leur performance financière sans détériorer les résultats cliniques. Les patients admis pour des crises cardiaques ont bénéficié de meilleurs soins, avec une mortalité globale à 30 jours plus faible.
Plus près de nous , Vivalto Santé a récemment annoncé l'acquisition de trois cliniques en France et de six en Europe, après une augmentation de capital de 65 millions d'euros. Le groupe possède désormais 100 établissements de santé dans six pays européens. Dr Patrick Le Bars, membre du conseil de surveillance de Vivalto Santé, a déclaré : « Ce modèle de gouvernance unique allie la base financière des investisseurs et la vision des professionnels de la santé. »
Les medtech
Les banques d'investissement s'intéressent également au secteur. Par exemple, la société belge de medtech Nyxoah a récemment obtenu un financement de 37,5 millions d'euros de la Banque Européenne d'Investissement (BEI). Nyxoah, spécialisée dans le traitement de l'apnée obstructive du sommeil, utilisera ce financement pour la recherche et le développement, ainsi que pour augmenter sa capacité de production pour répondre à la demande en Europe et aux États-Unis. Cet accord est soutenu par le programme InvestEU Life Sciences.
Olivier Taelman, PDG de Nyxoah, a déclaré : « Ce prêt, combiné à notre récente levée de fonds de 48,5 millions d'euros, nous aidera à commercialiser notre solution Genio aux États-Unis et en Europe tout en augmentant notre capacité de production. »
Les entreprises biopharmaceutiques
Les fusions et acquisitions (M&A) sont également courantes dans le secteur de la santé en Europe. Selon un rapport de McKinsey’s Life Sciences Practice, les M&A jouent un rôle crucial dans les stratégies de croissance des entreprises biopharmaceutiques.
Le rapport note une augmentation de l'activité de fusions et acquisitions au cours des cinq dernières années. Les partenariats se sont également multipliés, y compris des alliances inattendues dans des domaines thérapeutiques peu connus pour la collaboration.
La dynamique actuelle d'investissements privés dans le secteur de la santé européenne soulève une question cruciale : celle du risque d'une médecine à deux vitesses. Tandis que l'innovation est stimulée par ces capitaux, une fracture pourrait se creuser entre les patients bénéficiant de ces avancées technologiques et ceux qui en sont exclus. De même, les médecins doivent s'adapter à un nouveau paradigme où les valeurs financières prennent une place prépondérante, posant la question de l'équilibre entre rentabilité et éthique des soins.