La recherche pour laquelle un homme avait donné du sperme, utilisé ensuite sans son autorisation par un médecin spécialiste de la fertilité, n'a pas (encore) été retrouvée par la Vrije Universiteit Brussel et son hôpital universitaire (UZ Brussel). Il a été révélé vendredi que ce médecin, actif dans les deux institutions, aurait utilisé dans les années 1970 le sperme d'étudiants sans leur autorisation pour concevoir au moins deux enfants.
L'ASBL Donorkinderen a révélé vendredi qu'un spécialiste de la fertilité, R.S., a utilisé le sperme de certains de ses étudiants, donné dans le cadre d'une étude sur l a fertilité masculine dans les années 1970, pour aider ses patientes à concevoir. Selon l'association, le professeur incitait ses étudiants à faire don de leur sperme.
Cependant, ni la VUB ni l'UZ Brussel ne retrouvent trace de cette étude. Les deux institutions tentent encore de faire la lumière sur cette affaire.
"Les faits cités semblent dater du début des années 1970. A cette époque, la médecine reproductive en était encore à ses balbutiements. Ni la VUB ni l'UZ Brussel n'ont connaissance actuellement de publications du professeur dans le cadre d'une recherche scientifique sur les donneurs de sperme. C'est pourquoi il est si difficile" de retracer comment le sperme a pu être utilisé sans autorisation, réagissent les deux institutions, qui "regrettent" cette affaire.
L'homme dont le sperme a été utilisé sans son autorisation avait donné des échantillons quatre fois par mois entre 1974 et 1979. Selon la VUB et l'UZ Brussel, cela pourrait indiquer des tests visant à détecter des anticorps contre les spermatozoïdes. Ce genre de recherche nécessite des dons réguliers sur plusieurs années.
"La VUB et l'UZ Brussel appliquent des procédures strictes pour les dons et en communiquent clairement les raisons. Pour chaque donation, un contrat est conclu avec le donneur. Une autorisation clairement informée est nécessaire pour l'utilisation de spermatozoïdes dans le cadre d'une recherche scientifique", insistent-elles.
A la lumière de cette affaire, une première en Belgique, des appels à lever l'anonymat du don de sperme se sont une nouvelle fois élevés. L'ASBL Donorkinderen mais aussi le Vlaams Afstammingscentrum (centre flamand de la filiation) notamment sont demandeurs d'une évolution de la loi, considérant que l'anonymat "viole les droits fondamentaux des enfants" issus d'un don de sperme. "Le droit à l'information sur la filiation est d'une importance fondamentale pour l'enfant et son développement personnel. L'enfant a le droit de vouloir en savoir plus ou non, mais pour garantir ce choix, le don anonyme doit être proscrit", estime Donorkinderen.
En 2022, le comité consultatif de bioéthique s'était également prononcé en faveur d'une levée de l'anonymat obligatoire. Le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke la soutient également. Son cabinet souligne cependant qu'il a été décidé de "mener ce débat au parlement".
La législation actuelle impose l'anonymat du donneur sauf lorsque les deux parties se connaissent au moment du don.