Deux chercheurs belges démontrent la capacité du Covid à se répliquer dans l'organisme

L'immunologue à l'Institut REGA de la KU Leuven, Johan Van Weyenbergh, et le médecin généraliste carolo Marc Jamoulle sont parvenus à démontrer la réplication du virus du Covid-19 dans l'organisme de patients atteints du Covid long. L'étude, publiée dans la revue scientifique The Lancet Microbe le 24 avril, montre également une corrélation entre l'ampleur des symptômes et la charge virale dans le sang.

Cette découverte s'appuie sur l'analyse des prises de sang de 48 malades belges du Covid long qui ont été comparées avec celles de 12 personnes non-malades. "Nous avons trouvé un ARN messager spécifique à la réplication du virus dans nos cellules. (...) Le Covid long, ce n'est pas dans la tête", explique Johan Van Weyenbergh.

Ces recherches montrent que plus la charge virale retrouvée dans le sang est élevée, plus les symptômes rapportés sont importants. "On a demandé aux patients d'estimer leur anxiété et dépression sur une échelle de zéro à cinq. Plus le chiffre était élevé, plus il y avait de virus dans le sang. Pour les comorbidités (migraines, cancer, diabète), plus elles sont nombreuses, plus la charge virale est importante", précise l'immunologue de la KU Leuven. Les chercheurs ont en revanche observé que les vaccins avaient un effet bénéfique et diminuaient la présence de virus dans le sang.

Les deux chercheurs et leur équipe ont également mis au point un test qui évalue la charge virale du patient. Ce nouveau dispositif devrait permettre d'identifier les malades de Covid long et monitorer l'efficacité de traitements qui leur seront inoculés. "Depuis deux ans, des médicaments sont testés, mais on n'a pas d'outil objectif pour mesurer leur efficacité à part les retours des malades. Avec cet outil, le problème est réglé", se réjouit l'Association Covid Long Belgique francophone.

Pour les malades du Covid long, cette découverte est un soulagement et la preuve qu'il ne s'agit pas d'une maladie psychosomatique. "Nous ne sommes pas fous, ni dépressifs, ce n'est pas qu'on ne veut pas travailler, on en rêverait, comme pouvoir prendre le bus ou faire ses courses", poursuit l'Association Covid Long Belgique francophone.

Pour entamer la deuxième phase des recherches, l'équipe a épuisé les financements dont elle disposait et cherche à en trouver de nouveaux. "L'analyse d'un échantillon de prise de sang coûte entre 300 et 500 euros", indique Johan Van Weyenbergh.

L'Association Covid Long Belgique francophone, qui dénonce "le désintérêt des pouvoirs publics pour le Covid long", réfléchit à lancer une campagne de crowdfunding. "Nous avons besoin, comme en Allemagne, de financements pérennes, avec un plan sur plusieurs années avec des appels à projets", insiste l'Association qui évoque "un mépris, une condescendance et un déni" parfois scientifique, gouvernemental et sociétal vis-à-vis des malades du Covid long. "Des patients trainent des symptômes depuis mars 2020 et ne se sont jamais remis. Ils ont cherché des réponses en consultant des praticiens, des spécialistes, en faisant des t ests, un peu partout", rappelle Johan Van Weyenbergh qui estime qu'il y a possibilité de traiter les malades du Covid long avec des antiviraux.

Le but de l'étude n'est donc pas que scientifique, il est sociétal. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 10 à 20 % des personnes ayant contracté le Covid seraient atteintes de Covid long.

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