Le Dr Johan Blanckaert, président de l'ABSyM et auteur de cette tribune , appelle tous les médecins à faire un choix judicieux et réfléchi lors des élections de ce dimanche. Il souligne l'importance de préserver l'indépendance des médecins en tant qu'entrepreneurs libres pour garantir des soins de qualité et accessibles. "L'avenir des soins de santé dépend de notre capacité à défendre notre statut de profession libérale," insiste-t-il.
Il n'y avait pas d'échappatoire ces dernières semaines. Les campagnes des partis politiques qui se disputent votre vote se sont emballées. Bien sûr, il est important que les électeurs se rendent aux urnes bien informés. C'est ainsi qu'il doit en être dans une démocratie. Mais ceux qui ont suivi les programmes d'information et les débats ont assisté à un spectacle pas toujours agréable, avec des déclarations parfois extrêmes et un profilage excessif. Les politiques se sont affrontés sur des promesses électorales souvent impraticables. Cela fait partie du jeu, me direz-vous.
Les élections de dimanche semblent tourner principalement autour de questions telles que l'immigration, le pouvoir d'achat, la sécurité et la lutte contre le wokisme. Les soins de santé ne sont peut-être pas la question centrale à première vue, mais c'est et cela reste un dossier qui concerne tout le monde. Et puis, malheureusement, je ne peux m'empêcher de constater que peu de partis soutiennent les médecins dans leur rôle d'entrepreneurs libres. C'est regrettable car les médecins sont des professions libérales, c'est dans leur ADN.
Si vous regardez les statistiques, vous verrez que la profession libérale est en plein essor. Les chiffres de la Federatie Vrije Beroepen (FVB) montrent qu'en 2022, notre pays comptait 34 532 médecins ayant le statut de profession libérale. Les médecins font également partie de ceux qui connaissent la plus forte progression. Selon la FVB, les professions libérales sont « le moteur de la société » et c'est tout à fait exact. « Des professions libérales fortes résultent en une société forte » est une affirmation à laquelle je peux totalement souscrire.
Permettez-moi d'expliquer pourquoi il est essentiel que les médecins puissent continuer à donner le meilleur d'eux-mêmes dans leur rôle d’entrepreneurs libres, y compris après les élections. Une médecine libérale, avec le médecin comme entrepreneur dans un modèle de financement essentiellement à l’acte, offre la meilleure garantie de soins accessibles et de haute qualité.
C’est simple : les médecins fonctionnent mieux lorsqu'ils peuvent prendre des initiatives eux-mêmes et gérer leur cabinet comme ils l'entendent. Si vous les enfermez dans un canevas de règles imposées par le gouvernement, vous leur ôtez non seulement leur statut de profession libérale, mais aussi leur volonté d'exceller, de se surpasser pour leurs patients. C'est pourquoi les patients sont nos partenaires dans cette histoire, même si les politiques leur disent souvent le contraire.
Mais heureusement, je ne suis pas le seul à faire cette analyse. Dans une enquête récente, on a demandé aux médecins si le ministre Vandenbroucke respectait suffisamment la profession libérale de médecin. Les trois quarts d'entre eux (76 %) ont répondu à cette question par la négative. Une grande majorité des personnes interrogées dans le cadre de la même enquête préféraient le statut d'indépendant et souhaitaient conserver ce statut à l'avenir.
Lorsque vous accomplirez votre devoir électoral dimanche, laissez-vous guider par vos intérêts en tant que médecin et par ceux de vos patients, qui convergent d’ailleurs plus qu'on ne le dit parfois. Il ne m'appartient pas de donner des conseils de vote, mais lorsque vous serez dans l’isoloir, faites un choix judicieux et réfléchi !