BREACH : Un appel pour un financement et un soutien à la recherche belge sur le VIH

Lors du symposium BREACH ( Réseau belge de recherche sur le VIH) qui s'est tenu récemment à Bruxelles, les professeurs Linos Vandekerckhove (UZ Gand) et Stéphane De Wit (CHU St Pierre), membres de Breach, ont lancé un appel pressant en faveur d’un financement structurel et d’un soutien accru aux infrastructures pour la recherche sur le VIH. Leur lettre ouverte, signée par plus de 120 acteurs impliqués dans la recherche sur le VIH en Belgique , souligne l’urgence d’agir face aux défis croissants liés à la pandémie. 

Au début des années 80, les chercheurs belges ont joué un rôle central dans la compréhension du VIH/SIDA, notamment à travers leurs travaux en Afrique centrale. Des personnalités telles que Peter Piot et son équipe de l'Institut de médecine tropicale (ITM) d'Anvers ont joué un rôle déterminant dans l'identification de la présence du virus à Kinshasa, en République démocratique du Congo (à l'époque Zaïre), une région essentielle à la propagation précoce du VIH. Des chercheurs comme Erik De Clercq de l'institut Rega de Louvain ont contribué au développement de médicaments antiviraux, faisant ainsi progresser le traitement du VIH.

Par ailleurs, le développement clinique de produits antiviraux et la constitution de réseaux européens ont été initiés par Nathan Clumeck, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Pierre à Bruxelles. L'IMT d'Anvers est devenu une plaque tournante de la recherche sur l'épidémiologie du VIH, les co-infections et les stratégies de santé publique, façonnant les efforts mondiaux en matière de diagnostic, de prévention et de soins tout en favorisant des lignes directrices éthiques pour la recherche dans des contextes à ressources limitées.

La recherche sur le VIH est plus que jamais nécessaire parce que :

  1. En Belgique, le nombre de nouveaux diagnostics de VIH a augmenté en 2023, inversant la tendance à la baisse précédente. Au total, 665 nouveaux cas ont été signalés, soit une moyenne de 1,8 diagnostic par jour, ce qui représente une augmentation de 13 % par rapport à 2022. Parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), il y a eu une augmentation de 16 %, les ressortissants belges représentant près de la moitié des cas.

Les personnes hétérosexuelles ont également connu une augmentation significative, les diagnostics chez les femmes augmentant de 19 % chez les Belges et de 23 % parmi les autres nationalités européennes.

  1. L'Ukraine connaît une augmentation significative des infections au VIH, exacerbée par le conflit et les déplacements de population en cours. En 2023, 9 769 nouveaux cas de VIH ont été recensés entre janvier et octobre, avec 2 738 personnes diagnostiquées avec le SIDA et 1 198 succombant à des maladies liées au SIDA. Actuellement, 158 803 personnes sont enregistrées comme vivant avec le VIH dans le pays. La guerre a perturbé les services de santé, entraînant des difficultés d'accès aux programmes de traitement et de prévention. Les déplacements ont accru le risque d'épidémie de VIH, les personnes infectées se déplaçant des régions touchées par la guerre vers des zones présentant des risques de transmission plus élevés.

  2. Pays à faible revenu

La réélection du président Donald Trump a accru les inquiétudes quant à l'avenir du Plan présidentiel d'urgence de lutte contre le sida (PEPFAR), un programme qui a joué un rôle déterminant dans la lutte contre le VIH/SIDA à l'échelle mondiale depuis sa création en 2003. Au cours de son premier mandat, Trump a proposé des coupes budgétaires du PEPFAR qui ont été largement contrées par le Congrès, garantissant la continuité du programme.

L'impact potentiel de telles réductions est profond. Le PEPFAR a joué un rôle central en fournissant un traitement antirétroviral, en prévenant la transmission mère-enfant et en soutenant les infrastructures de soins de santé dans de nombreux pays. Des réductions de financement pourraient annuler des décennies de progrès, entraînant une augmentation des taux de transmission du VIH et de la mortalité. Dans les régions fortement dépendantes du soutien du PEPFAR, comme l'Afrique subsaharienne, les conséquences pourraient être particulièrement graves, affectant des millions de personnes qui dépendent du programme pour les services de traitement et de prévention.

La situation en Ukraine et la menace pesant sur le PEPFAR auront des conséquences migratoires sur l'Europe occidentale, y compris la Belgique, ce qui générera de nouveaux défis, tels que le nombre croissant de nouvelles infections et le développement de souches du virus résistantes aux médicaments.

La récente diminution du financement et du soutien aux infrastructures met en danger la recherche belge sur le VIH :

Ces dernières années, on a constaté un déclin notable du soutien gouvernemental et institutionnel à la recherche sur le VIH en Belgique, suscitant des inquiétudes parmi les experts en santé publique et les chercheurs.

Les coupes budgétaires et les changements de priorités de financement ont réduit les ressources financières allouées aux programmes de lutte contre le VIH, qui étaient autrefois à l'avant-garde des efforts de santé publique de la Belgique. Cette réduction a eu un impact sur la recherche sur les traitements innovants, les stratégies de prévention et les études épidémiologiques essentielles à la compréhension de la dynamique évolutive de la transmission du VIH.

En outre, la diminution du soutien risque de porter atteinte aux contributions historiques de la Belgique à la recherche mondiale sur le VIH, notamment à travers des institutions telles que l'Institut de médecine tropicale, l'institut REGA (KUL), l'hôpital Saint-Pierre et, plus récemment, l'UZ Gand et les autres centres cliniques, les institutions académiques et les laboratoires. Le manque de financement et d'infrastructures solides entrave également la capacité à relever les défis émergents, tels que le nombre croissant de nouvelles infections et le développement de souches du virus résistantes aux médicaments.

Il est donc urgent de repenser les programmes de financement de la recherche sur le VIH en Belgique et de soutenir les chercheurs avec des financements et des infrastructures pour avancer dans la lutte contre le VIH/SIDA et continuer à prendre les devants comme nous le faisions !

> Retrouvez la liste exhaustive des signataires en cliquant ici.

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