Supprimer le remboursement des téléconsultations ? Un mauvais calcul !

Bien que le budget des soins de santé pour 2025, proposé par l'Inami, n'ait pu être adopté en raison d'un blocage politique, le Dr Luc Herry, qui s'était abstenu de voter en raison de la suspension prévue du remboursement des téléconsultations, a pris le temps d'examiner de plus près les chiffres incriminant cette pratique. Selon lui, supprimer ce remboursement serait un mauvais calcul.

L’idée de supprimer du budget 2025 le remboursement des téléconsultations a provoqué chez les médecins spécialistes, et surtout chez les généralistes, une importante levée de boucliers. Outre la colère des généralistes, le remplacement des téléconsultations par des consultations, des visites ou des déplacements vers les services d’urgences coûterait bien plus cher que les quelques dizaines de millions d’économies espérées.

Le Dr Luc Herry a examiné les chiffres d’un peu plus près. « Si on reprend les calculs pour la médecine générale, on voit qu’en 2019, pour les 43 222 126 consultations et les 11 000 000 de visites enregistrées, on arrive à un budget de remboursement de 1 224 781 000 €. En 2023, il y a eu 43 222 156 consultations et 7 800 000 visites, plus les 5 635 579 téléconsultations. Le budget correspondant était de 1 451 566 884 €. Cela fait entre ces deux années une progression de 19 %. Si on ajoute les presque 2 % correspondant à la tendance (index, vieillissement, patients chroniques, etc.), on arrive à 20,75 %. Le budget de la médecine générale (consultations, visites et téléconsultations) est donc inférieur à ce qu’auraient pu donner la tendance et l’indexation réunies.

« Le moins que l’on puisse dire », s’exclame Luc Herry, « c’est qu’il est neutre, contrairement aux dires de ceux qui prétendent qu’il ne l’est pas. La téléconsultation n’a donc pas fait déraper le budget. » Chez les spécialistes, l’augmentation budgétaire est de 33 % pour la même période. »

Comment expliquer cette différence, alors que la progression du nombre des cas est similaire chez les généralistes et chez les spécialistes ? Le Dr Herry a sa petite idée, qui semble bien répondre à l’évidence : « La téléconsultation a fait la différence. Si, en 2022 et 2023, on avait fait des visites et des consultations à la place de ces téléconsultations, le budget aurait augmenté de 5 635 579 (nombre de téléconsultations) x 20 € (différence approximative entre le prix de la consultation), soit 112 711 580 €. Le budget total de la médecine générale serait alors monté à 1 564 278 444 €, soit une progression de 28 %. On aurait ainsi rejoint les dépenses des spécialistes. Et alors seulement, le budget n’aurait pas été neutre. »

Un dernier aspect mérite encore d’être pris en considération : la téléconsultation répond à une demande des patients. Ce n’est donc pas le médecin qui surconsomme. La seule chose que fait le médecin, c’est de s’assurer qu’une visite ou une consultation n’est pas indispensable. « Mais on imagine facilement quelle serait la surcharge – logistique et pas seulement budgétaire – des cabinets, des postes de garde de médecine générale et des services d’urgences s’il n’y avait pas les téléconsultations », conclut le Dr Herry.

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