Le sujet est décidément dans l’air du temps. Alors que Le Spécialiste (média frère de Medi-Sphère) sort un dossier sur les conditions de travail des candidats spécialistes, le GBO médiatise ses préoccupations face aux assistanats qui se passent mal en médecine générale.
Le Spécialiste s’appuie sur un sondage réalisé auprès de 1.100 futurs spécialistes par le CIMACS. Près des 2/3 déclarent avoir déjà pris conscience, lors d'un stage, de ne plus être en état de poser un diagnostic ou un acte! La dénonciation de ce danger pour la population, né d’une pression constante, est aussi évoquée dans une publication spéciale du GBO.
Les dérives en médecine générale sont moins prégnantes qu’à l’hôpital, et le syndicat affirme que la grande majorité des maîtres de stage font bien leur boulot. Néanmoins, il se dit «de plus en plus souvent interpellé» par des candidats MG en souffrance. Leurs problèmes sont variés: prestations au-delà du plafond temps légal, supervision non optimale par leur mentor, impossibilité de récupérer après une garde, rapports interpersonnels qui dégénèrent… «Plus grave, des cas de harcèlement moral et/ou sexuel ont également été portés à notre connaissance.»
Certains médecins chevronnés, regrette le GBO, semblent ne juger la formation de la relève efficace que si elle est inculquée à la dure. «On entend l’argument suivant: ‘de mon temps, c’était pire!’ (…) Était-ce pour autant légitime?», se demande-t-il. Même si «on ne légifère pas sur des exceptions», il faudrait se pencher, selon lui, sur un système d’apprentissage qui entremêle peut-être trop dimension pédagogique et intérêts financiers, qui permet des excès et leur reconduction dans le temps «car considérés comme relevant de la normalité».
Il est occupé, dit-il, à ouvrir un forum web où les assistants en difficulté pourront témoigner, ainsi qu’une cellule qui guidera ceux qui veulent répercuter leur vécu vers les instances officielles existantes. Le GBO se dit heureux que le Conseil supérieur des MS et MG, sensibilisé, «songe à définir des procédures à appliquer aux cas graves». Après tout, dans d’autres secteurs, des protections existent contre les situations toxiques pour le bien-être au travail. Ceci rejoint, finalement, un point que le Comité interuniversitaire des candidats spécialistes propose dans son mémorandum: "solliciter des inspecteurs du travail afin de vérifier le respect de la loi dans les hôpitaux".
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