Réforme hospitalière : 11 experts pour repenser l’organisation des soins

La Conférence Interministérielle (CIM) Santé publique a décidé de créer un groupe d’experts indépendants chargé de formuler une vision pour la réforme du paysage hospitalier en Belgique. L’objectif est d’assurer la qualité des soins tout en améliorant l’efficience dans l’utilisation des ressources humaines et financières, indique la CIM dans un communiqué diffusé vendredi. Découvrez en fin d'article la composition du panel d'experts.

Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un processus entamé en amont de la réunion du 19 mars 2025, à l’occasion duquel les entités fédérale, communautaires et régionales ont confronté leurs besoins et préoccupations lors de deux réunions préparatoires. Plusieurs thèmes structurants ont été discutés : la capacité hospitalière, le rôle des entités dans les processus normatifs, le financement des infrastructures et du patrimoine, la politique de qualité des soins, la cybersécurité et la prévention.

Les échanges ont abouti à une note de synthèse présentée lors de la CIM, mettant en évidence les points de convergence mais aussi les divergences persistantes entre les entités. La création d’un groupe d’experts constitue une nouvelle étape, visant à éclairer la réforme à venir par des recommandations concrètes.

Soins de proximité si possible, soins concentrés si nécessaire

Le groupe devra réfléchir à une nouvelle organisation du paysage hospitalier belge, dans un contexte marqué par l’évolution des pratiques médicales (favorisant l’ambulatoire), la pénurie de personnel, un taux d’occupation des lits souvent bas, et une dispersion des soins. Il s’agira de repenser la répartition des missions entre hôpitaux, en s’appuyant sur le principe « soins de proximité si possible, soins concentrés si nécessaire ». 

La première phase des travaux portera sur les soins somatiques aigus, c’est-à-dire les soins pour des patients dont l’état requiert une prise en charge rapide et spécialisée. Le système actuel repose sur 103 hôpitaux généraux et académiques, répartis parfois sur plusieurs sites. Le groupe devra analyser la pertinence de maintenir cette organisation, identifier les éventuelles redondances et proposer des modèles de collaboration renforcée entre établissements, afin de garantir à la fois la qualité et l’accessibilité des soins.

Les situations de crise, telles que les pandémies, sont exclues du périmètre de la mission. En revanche, les interactions avec les soins primaires et les soins spécialisés de deuxième ligne devront être intégrées à la réflexion.

Un périmètre qui pourrait s’élargir

Dans un second temps, le périmètre de la mission pourra être élargi. Le groupe pourrait alors se pencher sur l’évaluation des 25 réseaux hospitaliers locorégionaux, l’articulation entre soins aigus, chroniques, de revalidation et de santé mentale, sur base notamment des travaux du Conseil fédéral des établissements hospitaliers (CFEH). L’organisation des soins psychiatriques aigus, notamment la question du nombre et de l’implantation des lits, figure aussi parmi les axes potentiels de travail.

Le groupe devra également explorer des pistes d’optimisation du parcours de soins des patients, en tenant compte notamment des outils d’orientation, du développement de la télémédecine et des liens avec la première ligne.

A noter qu'aucun expert dans le panel ne semble avoir des compétences ou expériences en médecine digitale ou intelligence articielle , pourtant de plus en plus impliqués dans la transformation du secteur hospitalier. 

Un rapport intermédiaire est attendu avant l’été, tandis qu’un rapport final devra être remis avant la fin de l’année 2025.

Le débat sur la réorganisation hospitalière avait déjà suscité des réactions lors de la formation du gouvernement fédéral. L’opposition francophone avait alors exprimé ses inquiétudes quant à d’éventuelles fermetures de services d’urgence, en particulier en Wallonie et à Bruxelles. Le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, avait dénoncé une campagne de désinformation et assuré qu’aucune décision de ce type n’était à l’ordre du jour.

La liste complète des 11 experts 

La Conférence Interministérielle du 19 mars 2025  s’est entendue sur la composition du panel d’experts.

Jean Bernard Gillet :  Médecin urgentiste à la retraite et président honoraire du Conseil national de l’aide médicale urgente. Il a également été chef du service des urgences de l’UZ Leuven et directeur médical de plusieurs hôpitaux à Bruxelles et en Wallonie. Il possède ainsi une vue d’ensemble des spécificités des différentes régions.

Alda Gréoli : Elle a été affiliée à l'Alliance nationale des Mutualités chrétiennes et en a été la secrétaire nationale de 2006 à 2014. Elle a également été conseillère au cabinet de la ministre Laurette Onkelinx en 2005. Elle a été ministre wallonne de la Santé de 2017 à 2019.

Guy Durant : Ingénieur de gestion, licencié en gestion hospitalière et docteur en santé publique. Professeur émérite à l’Ecole de Santé Publique (UCL) et une éminence grise dans le secteur des hôpitaux. 

Bram Spinewijn : Médecin généraliste engagé dans la région anversoise et est donc également familier avec les problématiques des grandes villes. Il apporte son expertise sur les flux de patients et les liens avec les soins de première ligne.

Benjamin Van Camp : Hématologue clinicien de formation et a été recteur de la VUB de 2000 à 2008. Il a également été président de l'hôpital de réadaptation Inkendael. Il apporte son expertise en ce qui concerne les hôpitaux universitaires, la Région bruxelloise et les hôpitaux de revalidation.

Carine Van de Voorde : Economiste, expert au KCE, auteur de plusieurs rapports sur l'organisation hospitalière. Elle est également professeur invité à l'Institut de politique de santé de Louvain.

Jean Marie Kohnen : Juriste et criminologue; il a été pendant des années à la tête d'INAGO, une intercommunale qui gère des centres de soins résidentiels à l'Est de la Belgique, en étroit lien avec la Communauté Germanophone. Il a également de l'expérience dans les structures de soins palliatifs.

Thérèse Van Durme : Infirmière, chercheuse à l'UCL, avec une expertise dans le domaine des soins de première ligne et des personnes âgées (fragilité). En raison de son expérience en tant qu'infirmière, elle est également bien placée pour intégrer la question de la pénurie de personnel soignant dans la réflexion.

Peter Degadt : Il a notamment été administrateur délégué de ZNI, la fédération qui regroupe non seulement tous les hôpitaux généraux flamands, mais aussi les établissements de santé mentale et de soins aux personnes âgées. De ce fait, il possède une vue d'ensemble claire du paysage hospitalier dans sa totalité.; il a aussi été Président du Conseil national des Etablissements hospitaliers pendant 12 ans.

Johan Albrecht : Professeur d'économie à l'Université de Gand et membre fondateur d'Itinera. Il a publié des travaux sur le secteur de la santé, avec un accent particulier sur la prévention (des maladies chroniques liées au mode de vie) et la santé mentale.

Hans Nijman : Professeur de gynécologie-oncologie à l'UMC de Groningen. Il a notamment rédigé en 2023, à la demande de l'Institut des soins des Pays-Bas et du ministre de la Santé, du Bien-être et du Sport, Ernst Kuipers, le plan d'action "Soins appropriés dans les régions oncologiques : plan d'action pour les soins en réseau et les soins d'experts pour les personnes atteintes de cancer".

> Lire aussi: Réforme du paysage hospitalier : Vandenbroucke interpellé à la Chambre.

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