Double cohorte, double massacre (CIUM)

Les étudiants en médecine ont pu apprendre dans un article de La Libre paru ce jour qu’il leur manquerait près de 1.500 places de stage, surplus imputé entre autres à la fameuse double cohorte (les études de médecine étant passées de 7 à 6 ans) et au fait qu’il n’y a pas eu de sélection en FWB. Dans un communiqué, le comité inter-universitaire des étudiants en médecine (CIUM) tenait à nuancer ce chiffre.

Pour Quentin Lamelyn, Président du CIUM, il est dans un premier temps essentiel de contextualiser la problématique.

«Il manque de médecins en Belgique, c’est un fait et bien que certains individus, politiques ne connaissant pas le terrain affirment que nous sommes dans la moyenne de l’OCDE, médecins comme patient clament le contraire.»

«A l’heure actuelle, il y a donc une réelle nécessité de former plus de médecins», insiste Quentin Lamelyn.

«Ensuite, il faut savoir que les universités ont leur propre réseau hospitalier qui sont les seuls garants de l’offre en termes de places de stage ou de spécialisation», poursuit le Président du CIUM. Ainsi, la double cohorte d’étudiants en médecine de l’ULB ne comporte qu’environ 400 étudiants contre le triple du côté de l’UCL; on imagine donc que le challenge n’est pas le même d’une faculté à l’autre.

Selon Quentin Lamelyn, il est en tout à fait possible d’ouvrir plus de places dans certains services, «il suffit de voir la charge de travail qui pèse sur certains assistants dans certaines disciplines pour le comprendre, néanmoins, outre le nombre de places, il faut garantir la formation que ce soit quantitativement ou qualitativement». Dans les deux cas, il faudra plus de maîtres de stage, un besoin qui soulève une autre problématique, celle des critères permettant d’être maître de stage qui n’aident pas car «trop stricts, trop lourds administrativement», selon le CIUM.

Enfin, dernier souci majeur et probablement principal responsable d’une crise en devenir, l’enveloppe budgétaire. «Il est absolument nécessaire de garantir un salaire décent aux assistants.» Il faudra dès lors allouer un nouveau budget conséquent à la formation de nos médecins de demain «et c’est bien là que le bât blesse quand on tente déjà vainement de faire avaler une pilule de 900 millions d’euros d’économies à nos soins de santé», constate le Président du CIUM. «Devant cette problématique, nous comprenons pourquoi il est si séduisant d’importer des médecins d’autres pays qui coûtent en moyenne deux fois moins cher aux hôpitaux et qui n’ont rien coûté en termes de formation puisqu'ils ont suivi leurs études en dehors de la Belgique.»

Une autre alternative par laquelle les étudiants refusent de passer est le «triple 0», ce sous-numéro Inami, limitant grandement la pratique de la médecine et censé être temporaire, majoritairement attribué à des candidats n’ayant pas eu accès à leur spécialisation qui retenteront un an après. «Ce numéro leur octroie le statut d’esclave médical sous-payé alors qu’ils prestent autant d’heures qu’un autre», dénonce le syndicat des étudiants.

Et de prévenir les politiques jugés comme seuls responsables de cette situation. «Nous ne serons pas la génération sacrifiée par une incapacité à organiser la venue d’une double cohorte pourtant prévues des années à l’avance.» «Il est hors de question que nous soyons forcés d’envahir les campagnes désertées de généralistes ou exploités en triple 0», conclut Quentin Lamelyn.

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