«Nous contactons toutes les entreprises susceptibles de nous aider, afin de pouvoir choisir la meilleure offre», indique le SPF Santé publique, interrogé sur la pénurie en masques antiprojections. L’invitation à soumissionner, s’inscrivant dans le cadre d’une procédure négociée d’urgence, part aujourd’hui. Si tout se passe comme espéré, un contrat pourrait être signé dans les prochains jours.

L’option médiatisée mardi par le ministre Ducarme (une firme de La Louvière s’engage via son réseau d’approvisionnement à l’étranger à fournir 3 millions de masques en 3 jours) avait rendu un peu d’espoir aux MG, qui s’estiment envoyés au front sans protection. Maggie De Block avait rapidement nuancé: plusieurs pistes étaient envisagées et aucune décision prise.

L’affaire, de fait, n’est en rien conclue - ce que d’aucuns interprètent comme la résultante de réflexes politiques communautaires. Le SPF Santé publique nous indique que l’entreprise wallonne n’est pas écartée. Mais qu’il y a cependant une procédure à respecter, à laquelle elle devra se soumettre. «Nous devons faire un appel d'offres», confirme sa porte-parole. Le SPF lance aujourd’hui «une procédure négociée d'urgence, où nous sollicitons plus de firmes que celles qui s’étaient manifestées».

En parlant de firmes qui proposent leurs services, la députée Kathleen Depoorter (N-VA) vient de signaler à Maggie De Block qu’un «entrepreneur de Flandre orientale pouvait produire des masques buccaux certifiés dans son usine en Inde, qui pourraient être livrés dans un délai de 10 jours, avec une priorité pour les prestataires de soins».

On comprend la logique classique rappelée par le SPF: «éviter les prix trop excessifs » (*). «D’autres critères figurent au cahier des charges, la qualité, le délai… , qui seront évalués par nos experts», ajoute-t-il. Gageons que le facteur temps sera déterminant. Les prix se renchérissent de jour en jour - un constat dressé à l’étranger aussi, la pénurie étant d’ampleur internationale, et les cas confirmés d’infection au Covid-19 se multiplient (+ 27 au dernier point presse, soit 50 contaminations pour le pays). En outre, une solution un moment évoquée par Maggie De Block - solliciter l’industrie textile belge - s’est refermée hier fin de journée. Centexbel, le centre scientifique et technique du secteur, a en effet annoncé qu’il était «quasi impossible de produire à court terme des masques médicaux», faute de matières premières et de machines adaptées en Belgique.

Des masques FFP2/3 pour la Belgique
«On ne peut pas déroger à la procédure du marché public mais on peut la raccourcir afin d'aider au mieux le personnel soignant et les hôpitaux», indique le cabinet De Block. Comme le SPF, il confirme que l’appel d’offres accéléré complète, mais ne remplace pas, la procédure européenne dans laquelle la Belgique s’était déjà inscrite. «Un très gros volume de masques - il ne nous est pas permis de divulguer combien - sont commandés, des masques chirurgicaux pour les malades et des masques FFP2/3 pour les professionnels», rappelle le SPF. «C’est en cours, mais on ignore quand ils arriveront.» En général, on entend parler de 40 jours.

A noter qu’outre-Quiévrain, les MG «libéraux» [nos indépendants, ndlr] viennent d’être invités à passer dans l’officine la plus proche pour retirer une boite de 50 masques chirurgicaux issus du «stock Etat» (par décret, la France a organisé une réquisition chez les producteurs et distributeurs, pour assurer un accès prioritaire aux prestataires).

(*) l’appel d’offres contient une clause spéciale permettant à l’Etat de ne pas être obligé de s’engager si les offres étaient irréalistes.