Côté wallon, les cercles et asbl faîtières de PMG avaient tiqué en découvrant leur convention de financement 2018. Elle porte, disent-ils, des clauses unilatéralement ajoutées et valant chèque en blanc. Mardi soir, l’Inami avait dépêché un émissaire à une réunion inter-PMG. Si certains aspects se précisent, tout n’est pas rose pour autant. Pour Guy Delrée, président de la FAGw, les MG n’ont pas le choix, ils devront parapher le document en l’état. «Mais nous avons réclamé qu’on ne nous fasse pas revivre ça deux fois!»
Les coordinateurs des PMG wallons ont pris le pli de se rassembler à intervalles réguliers, pour échanger sur leurs problématiques communes. La grosse majorité d’entre eux, issus de toutes les provinces wallonnes, viennent à ces partages d’expertise. La séance de ce mardi soir ne faisait pas exception à la règle en termes de fréquentation. D’autant que, dans les postes, l’heure est aux questionnements depuis que s’est précisée la vision des soins non programmables de Maggie De Block. On craint le remodelage forcé des dispositifs locaux. On regrette déjà le fort apprécié coordinateur de la FAGw, Charles Daffe, dont le contrat est terminé, et son remplacement par un mandataire dépendant cette fois-ci de l’Inami. On craint que les MG finissent par ne plus gérer leur garde, qui sera pilotée «d’en haut».
«L’Inami avait délégué Monsieur Maroy à cette réunion [expert depuis des années dans la matière garde et postes de garde, ndlr], pour éclaircir différents aspects», indique Guy Delrée. Selon le président de la FAGw, rejoignant ici l’un ou l’autre des coordinateurs et médecins présents que Medi-Sphère a contactés, le ton général était à l’apaisement. Certains points sont rassurants. Les MG préfèrent généralement travailler avec l’administration qu’avec le cabinet, par exemple, et il semble que l’Inami reprend pied dans la procédure. D’autres points, hélas, semblent peu susceptibles d’une évolution plaisant aux MG. «C’est le cas par exemple des conventions 2018 de financement des postes», rapporte le Dr Delrée.
Petite parenthèse pour situer le problème : nombre de cercles et asbl faîtières de PMG ont fait la grimace en découvrant la copie à signer, truffée, disent-ils de clauses unilatéralement ajoutées et floues, valant chèque en blanc (détails dans Medi-Sphère n°586). Certains ont refusé de signer, envoyé des amendements, mais d’autres cèdent ou sont prêts à céder, car ils ne suivent plus côté trésorerie. Il y a des salaires à verser.
«On n’a pas le choix, semble-t-il. L’Inami ne reviendra pas sur les termes de la convention(*). Les cercles qui la rejettent ou cherchent à la modifier s’exposent, de fait, au risque de ne pas toucher de subsides car elle n’aura pas été agréée», nous résume le président de la FAGw. «Cela ne nous réjouit pas, mais il faudra mordre sur sa chique. En revanche, nous avons clairement demandé que l’on ne nous fasse pas revivre ça en 2019. Nous réclamons deux choses: d’une part que les conventions nous arrivent bien plus tôt, deux mois avant la fin de l’année et pas deux mois après comme cette fois. De l’autre, nous demandons qu’avant que ces textes ne deviennent immuables, leur contenu ait pu être discuté avec les syndicats - puisque ce sont les représentants légitimés à parler pour nous en médico-mut.»
Dépossession
Guy Delrée qualifie la réunion de mardi de franche et dénuée d’agressivité. «J’ai quand même exprimé l’inquiétude latente, celle qu’on s’achemine, doucement, vers une dépossession des cercles de leur mission. Les cercles sont du ressort des Régions, mais c’est le Fédéral qui finance les PMG, et ces financements ne se feront que moyennant des partenariats intégrés qui devront être agréés par la CIA, la nouvelle cellule inter-administrative Inami-SPF santé publique. Donc, on peut, on doit organiser la garde. Mais le financement dépend de structures dans lesquelles on n’a plus voix au chapitre! Moralité, je crains que de facto, notre faculté d’organiser la garde s’étiole.»
Le débat se poursuit sur @MediSphèreHebdo
Trop tard. Les PMG vont servir à redessiner le fonctionnement de l'AMU. La plus-value de proximité apportée par le généraliste n'existera plus et la garde de MG va perdre son sens.https://t.co/SHQ8IbO0qD
— Nathalie Schirvel (@NatSchirvel) 27 avril 2018
La garde de MG n'a pas de sens et n'en a jamais eu.
— David SIMON (@Freedoc_be) 28 avril 2018
C'est une astreinte, comme l'est celle de l'urgentiste.
Le PMG a appris aux MG à élargir leur espace de confort.
La collaboration PMG-SU leur apprendra à élargir leur esprit !
Dans le Hainaut c'est effectif entre 23h et 8h...
La seule plus-value du MG c'est de rassurer le patient et d'avoir une action de proximité pour les patients ET les confrères. Au-delà un urgentiste fait le job (et même mieux). Avec les PMG on a fait un pas de plus vers "la médecine générale ne sert à rien et est substituable".
— Nathalie Schirvel (@NatSchirvel) 28 avril 2018
@OrbanDoc te dira l’inverse, cette médecine n’a jamais été aussi vivante ... mais se repose le week-end et la nuit :-)
— David SIMON (@Freedoc_be) 28 avril 2018
Et pendant ce temps @Maggie_DeBlock participe au colloque Medische Wereld 2018 #MedW18 avec un theme "PMG: top ou flop" curieuse de savoir ce qu'ils ont raconté @Domus_Medica @MediSfeer @MediSphereHebdo pic.twitter.com/21LW25xDTc
— Nathalie Schirvel (@NatSchirvel) 29 avril 2018
(*) il nous revient que du lest sera lâché sur certains plans, néanmoins, avec par exemple un allègement de la collecte de données sur la fréquentation des postes qui est attendue des médecins