Budget, numérisation, téléconsultations : Vandenbroucke échange avec les médecins

Le ministre Vandenbroucke a invité mardi les représentants des médecins à une réunion destinée à débattre des priorités de santé pour les années à venir. Les syndicats médicaux y voient un signe d’ouverture mais attendent la suite pour se prononcer de manière plus nette sur la signification profonde de cette initiative. Tous, généralistes comme spécialistes, en retirent une première impression favorable.

Les syndicats médicaux ont participé mardi à une réunion avec le ministre Vandenbroucke, à l’initiative de celui-ci. Les différentes priorités en matière de santé ont été évoquées au cours de la rencontre. Les principaux sujets abordés étaient le budget de la santé, la numérisation et l'eHealth, la simplification administrative, la réforme de la nomenclature, le financement des hôpitaux, les malades de longue durée, l'efficacité et la situation des médecins généralistes.

Les syndicats ont, semble-t-il, apprécié cette initiative mais demandent à voir la suite. Deux nouvelles réunions ont été programmées et leur déroulement est attendu avec prudence.

Une écoute appréciée, mais des négociations difficiles

« Cela nous a enfin donné l’impression que le ministre était à notre écoute. Mais le contexte budgétaire est difficile. Les négociations seront compliquées », commente le Dr Élodie Brunel (ABSyM), qui a assisté à la réunion.

Et le Dr Luc Herry, de l’ABSyM lui aussi, tout en faisant remarquer qu’il n’a pas assisté à la réunion, ajoute : « Nous avons remis au ministre un document exprimant notre position. Nous lui laissons un temps pour l’examen de ce document et pour la réflexion. Mais nous allons bien entendu continuer à faire pression, en toute correction bien sûr, pour que notre point de vue soit entendu. »

Les enjeux budgétaires au cœur des discussions

Les questions budgétaires occupent une place importante dans les préoccupations des médecins. « Le problème est qu’on se heurte à une réalité de terrain assez difficile. Toutefois, le ministre commence au moins à prendre conscience de la différence entre les coûts réels de la santé et le budget qui lui est alloué », poursuit Luc Herry.

« Les malades chroniques et les invalidités de longue durée, par exemple, pèsent très lourd sur ce budget. Cela entame les ressources qu’on devrait pouvoir consacrer à d’autres postes, comme l’ajustement des honoraires et la téléconsultation, par exemple. »

Un dialogue jugé constructif

Le Dr Lawrence Cuvelier, président du GBO, exprime lui aussi une vision positive de la réunion. « On sent la ferme volonté du ministre d’aller très significativement de l’avant dans les dix chantiers qu’il a exposés. Et ce n’était pas un monologue, même s’il a parlé une heure et demie. Il a clairement dit aux médecins que c’était à eux de jouer. Deux réunions sont déjà programmées. »

La volonté manifeste du ministre est claire, notamment sur les questions des téléconsultations et du budget. Il veut une solution dès cette année pour les téléconsultations et déjà ébaucher une bonne approche pour 2026.

« Pour les téléconsultations », commente Lawrence Cuvelier, « il est paradoxal qu’on ait suspendu le remboursement le jour même où un gouvernement fédéral se mettait en place. Mais il fallait un gouvernement de plein exercice pour pouvoir le maintenir. »

Réforme de la nomenclature et financement des hôpitaux

Dans les chantiers annoncés par Frank Vandenbroucke, il y avait aussi la question des gardes, celle des honoraires médicaux et le financement des hôpitaux avec une séparation entre les honoraires des médecins et les coûts du fonctionnement hospitalier.

L’impression qu’en retire le Dr Cuvelier est d’autant plus positive qu’on sentait, dit-il, « une certaine fierté du ministre d’avoir pu obtenir du présent gouvernement des avancées qu’il n’avait pas pu tirer des législations précédentes. »

Et le président du GBO de conclure que « ce n’est pas gagné mais c’est déjà une forme de victoire. »

Les spécialistes partagent un avis positif

Les spécialistes ont eux aussi des raisons d’exprimer une perception favorable de la réunion. Le Dr Jacques de Toeuf, présent lors de cet événement, souligne deux grands thèmes parmi les sujets abordés : le budget et l’attractivité de la convention.

« Nous devrons apporter des éléments de discussion sur ces aspects dès la fin avril », explique-t-il. Pour ce qui est de la nomenclature des actes techniques à l’hôpital, on devrait en arriver à des honoraires professionnels pour le médecin, d’une part, et des frais hospitaliers, d’autre part.

« Le gestionnaire de l’hôpital ne pourrait pas prélever sur les honoraires professionnels. C’était déjà en débat mais c’est confirmé. »

Quant à l’attractivité de la convention, le médecin conventionné devrait pouvoir demander un supplément dans certaines circonstances. « Mais en réalité, tout cela était dans l’accord du gouvernement », commente Jacques de Toeuf.

Des économies budgétaires à prévoir

« Il n’empêche », ajoute-t-il, « qu’il faudra faire la chasse aux gaspillages et qu’il y aura des corrections aux dépassements budgétaires. »

Les chiffres définitifs doivent encore nous parvenir, mais il est question de 216 millions à retrouver sur le budget global de la santé en 2025 et d’une implémentation en 2026 pour parvenir au total à environ 370 millions en 2026.

« On n’échappera pas à cela, mais on est mis au courant et il semble y avoir chez le ministre une volonté de concertation informelle, plus ou moins régulière, hors cadre structurel. C’est la première fois que Frank Vandenbroucke, en tant que ministre des Affaires sociales, vient nous exposer la situation et les perspectives et proposer un dialogue régulier. »

Le Dr de Toeuf se dit positivement impressionné mais veut rester prudent car « si on espère des améliorations budgétaires, ces perspectives pourraient bien être restreintes par les circonstances internationales. Pensons au budget de la défense, par exemple. »

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