Comment améliorer durablement et efficacement le financement des hôpitaux en Belgique? Mardi, un rapport a été présenté au cours d’un webinaire par Antares Consulting, l'ABSyM et l’ABDH afin de dégager des pistes et trois chantiers importants en comparant ce qui se passe notamment dans d’autres pays.
Plusieurs intervenants ont participé aux débats mardi soir sur ce rapport: Paul d'Otreppe, président de l'Association belge des Directeurs d’hôpitaux et le Dr Gilbert Bejjani, secrétaire Général de l’Absym, le Dr Philippe Devos président de l’Absym, Eric Christiaens, administrateur délégué de l’AZ Vesalius de Tongeren, Eduard Portella et Marc Van Uytven, président et directeur d’Antares, Peter Fontaine directeur général des cliniques de l’Europe, Katrien Bervoets, présidente a.i. de la Vlaamse Vereniging Hoofdartsen...
Un modèle de financement
Pour Eduard Portela, «un plan choc» devrait être mis en place en Belgique pour rattraper le retard et définir un nouveau modèle de financement step by step. «La Belgique est aujourd’hui dans une situation où l’écart entre la complexité des modalités de financement actuelles et les attentes du système obligent à faire un bond en avant, et non pas un demi-pas. Pour cela, elle a la chance de pouvoir capitaliser sur les expériences internationales, non pas pour répliquer leur système mais plutôt pour s’en inspirer, afin notamment d’éviter les écueils dans lesquels ces expériences passées ont pu tomber.» Pour lui, «le passage à un système «all-in» DRG doit être une priorité, tout en initiant parallèlement des projets pilotes avec de nouvelles modalités de financement du type bundled payments*.»
Trois chantiers
Pour sa part, Marc Van Uytven évoque une approche basée sur trois importants chantiers devant permettre une implantation rapide: «Il faut développer le financement basé réellement sur les DRG, comme socle de base pour les futurs bundle payments. Cette implantation se fera à partir d’un shadow system qui devrait permettre l’adaptation progressive des institutions. Il faut préparer les éléments nécessaires pour construire et implanter progressivement les bundled payments. Enfin, il faut adapter la régulation (orientée aux outcomes, plutôt qu’aux structures), les outils et les compétences de tous les acteurs du système de santé...»
Autant d’évolutions qui, pour lui, peuvent se faire rapidement: «Un changement qui pourrait se réaliser en moins de 6 ans!» Il ajoute: «Au moment de discuter le modèle de financement hospitalier, il faudra également réfléchir à son alignement avec le système de rémunération des professionnels. Les deux systèmes devraient être clairement séparés, mais avec un alignement fort dans les objectifs et dans la logique sur lesquels ils seront basés. Le système actuel, uniquement orienté à la réalisation d’actes, conduit à une rémunération des professionnels orientée au volume.»
Philippe Devos attentif à certains points
Pour Philippe Devos, le président de l’Absym: «un financement prospectif plutôt que rétrospectif est l’avenir. Les médecins doivent se rendre compte qu’il faut changer le système . On ne peut pas continuer à optimiser les veilles recettes (toujours plus avec autant).» Il reste toutefois «mitigé sur le fait qu’un seul organisme (proposition du rapport) distribue l’argent à tout le monde. Cela va à l’encontre de l’esprit libéral de notre profession. C’est aussi dangereux de concentrer le pouvoir dans une seule main. » Par contre, il est favorable au fait de copier ce qui fonctionne chez les voisins: «Cela va nous faire gagner 5 ans.» Pour lui, il est prioritaire d’ «avoir une marge pour innover».
Il émet aussi une autre réserve: «Si on est obligé de faire une garde et que rien ne se passe la nuit, il faut quand même financer ce travail et le rapport ne le prévoit pas. Les bundled payments ne le prévoient pas et il fait donc une réforme plus large. Si on fait une réforme, elle doit être accomplie partout en même temps. Il ne faut pas qu’on enlève des actes qualitatifs pour le patient pour dégager des moyens pour des robots. Il ne faut pas aller dans l’excès inverse.»
Une période transitoire
Pour Eric Christiaens, administrateur délégué de l’AZ Vesalius de Tongeren: «Il faut donc une période de transition pour que l’on ait le temps de réformer le système. Dans cette période transitoire, personne ne peut pas être pénalisé.» Il rappelle aussi qu’actuellement «le financement pour les réseaux n’est pas clair du tout. Il faut donc du changement aussi à ce niveau.»
Peter Fontaine, directeur général des cliniques de l’Europe, est intéressé par le contenu de ce rapport, mais il souligne qu’il «existe un transfère de risque vers les prestataires.» Il attire l’attention sur «la gestion du personnel ambulatoire» si une telle réforme devait être mise en place. Pour lui toutefois, «les changements peuvent toujours entraîner des risques, mais le plus grand risque est de ne rien faire. Aujourd’hui, il y a une base pour tenter quelque chose. Il faut arrêter les petites réformes. C’est le moment unique pour agir. IL faut un changement sinon le système sera ingérable.»
Non au datadiabolisme
De son côté, Paul d'Otreppe, l’un des instigateurs du rapport, a condamné ce qu’il appelle: «le datadiabolisme en Belgique alors que les datas peuvent être utiles à la gestion des dépenses des soins de santé.» Tout en ajoutant que le projet ne veut pas réduire «les médecins à des employés. Il s’agit de véritables entrepreneurs. Les médecins doivent rester les patrons de leur pratique médicale.» Pour lui, «La responsabilisation est une liberté d’action pour les directeurs d’hôpitaux».
Enfin, Gilbert Bejjani, un autre instigateur de cette démarche, a tenu à conclure en rappelant qu’il faut respecter tous les acteurs: «Il ne faut évidemment pas appauvrir le système. Tout cette réforme ne peut pas être mise en place de façon brutale.»
* Le paiement groupé (bundled payments) est le remboursement des prestataires de soins de santé "sur la base des coûts prévus pour les épisodes de soins définis en clinique". Il a été décrit comme «un juste milieu» entre le remboursement à l'acte et la capitation, étant donné que le risque est partagé entre le payeur et le prestataire. Wikipédia (anglais)
> Le résumé du Rapport Antares
> L'intégralité du Rapport Antares
> Lire aussi: Rapport Antares: le décryptage de G. Bejjani et de P. d'Otreppe
diriger un hôpital
— Bart Collet (@bart) March 30, 2021
=
piloter un avion sur la base d'un bulletin météo datant de trois ans #finhospbe
- il faut rajouter la transparence, la revalorisation du travail et l'amélioration des objectifs de santé. Le terrain est prêt d'aller vers un changement.
— Arabella D'Havé (@ArabellaDHave) March 30, 2021
- laten we niet verlamd geraken door de schrik voor de moeilijkheden die er zeker zullen zijn. #FinHospBE
Mais avant ça, savoir ce que l'on veut, fixer ses objectifs. Comme dit à juste titre par @AntaresConsult le modèle de financement dépend du modèle de prise en charge arrêté et non l'inverse.
— Karolien Haese (@Karolien1231) March 30, 2021
Le partage de compétences n'implique pas un partage mirroir des honoraires correspondants (hors fusion). La régulation peut s'alléger au niveau du jaune, facilitant les financement alternatifs, les itinéraires peuvent être accrédités @B_Hf_T @AbdhBvzd @dr_wardsam pic.twitter.com/U2nyEE25Dl
— Karolien Haese (@Karolien1231) March 30, 2021
It's NOW or never.
— Bart Collet (@bart) March 30, 2021
Momentum@drbejj
Reform #behealth#finhospbe pic.twitter.com/aDwdlAa8UU
Derniers commentaires
Thierry-Georges PONTUS
31 mars 2021une utilisation du jargon anglosaxon rendant la lecture pénible , est ce pour cacher quelque chose ?Il faut développer le financement basé réellement sur les DRG, comme socle de base pour les futurs bundle payments. Cette implantation se fera à partir d’un shadow system qui devrait permettre l’adaptation progressive des institutions. Il faut préparer les éléments nécessaires pour construire et implanter progressivement les bundled payments.
c'est tres shadow !
Véronique BLAZE
31 mars 2021Est ce que vous pouvez nous écrire cela en français au lieu d'utiliser ce langage Globish incompréhensible?
Méfiance, méfiance ...