Le bourgmestre d'Aubange (province de Luxembourg), François Kinard, dénonce le manque de communication des autorités régionales au sujet des émissions diffuses de PCB (polychlorobiphényles) liées au broyeur situé sur le territoire communal. Sa vis-à-vis de Courcelles (Hainaut), Caroline Taquin, est également surprise d'apprendre par voie médiatique d'éventuels dépassements de normes pour certains polluants cancérogènes.
Ces deux communes, comme cinq autres en Wallonie, abritent un broyeur à métaux. Les émissions diffuses de polychlorobiphényles générées par l'activité industrielle y sont largement supérieures aux normes édictées par la Région wallonne, rapporte la RTBF mardi dans un article du magazine Investigation.
"Ce qui est interpellant dans cette enquête, c'est qu'on ne voit pas trop de différence d'une année à l'autre malgré l'installation par l'entreprise d'un système d'ultrafiltration au niveau des rejets canalisés", observe François Kinard, qui s'interroge dès lors sur la provenance des PCB récoltés au niveau des jauges OWEN réparties sur le territoire de la commune. "L'administration régionale devrait procéder à des analyses plus systématiques et plus approfondies pour déterminer la corrélation entre ce qui est récupéré dans les jauges OWEN et le site du broyeur à métaux, afin de déterminer la part de respons abilité du broyeur à métaux dans cette pollution diffuse."
Le bourgmestre déplore le manque de communication des autorités régionales à l'égard des communes concernées. "Comme pour la problématique des PFAS, je suis averti par la presse", constate-t-il. "Nous nous apprêtons à adresser un e-mail à l'administration et au cabinet de la ministre de l'Environnement (Céline Tellier, NDLR) pour pouvoir obtenir le détail des analyses. On en profitera pour demander des précisions sur ce qu'il y a lieu de faire. La Région wallonne considère-t-elle cela comme un problème de santé immédiat? C'est interpellant pour nos citoyens de voir ces taux de PCB dépasser les normes. Mais c'est aux autorités ré ;gionales de tirer des conclusions et de nous avertir."
A Courcelles, les autorités locales reprochent aussi à l'administration et au cabinet de la ministre Tellier un manque flagrant de communication. La bourgmestre précise que sa commune avait activement collaboré à la mise en place par le gouvernement wallon du biomonitoring "Biobro", visant à déterminer les niveaux d'imprégnation des riverains des sites des broyeurs à métaux. La localité hennuyère avait également demandé que "les communes et villes concernées par le biomonitoring, et plus particulièrement leur bourgmestre, soient associées au processus de communication et que les résultats et conclusions leur soient transmis avant toute communicati on au public".
Au grand étonnement de la bourgmestre, l'Institut scientifique de service public (Issep) a fait savoir que les communes concernées par les broyeurs ne seraient pas associées à la communication des résultats sur le biomonitoring et que cette dernière se ferait de commun accord et en partenariat avec l'Issep, le Service Public de Wallonie et le cabinet de la ministre Tellier. "Une fois de plus, les communes sont méprisées par la ministre Tellier", assène Mme Taquin. qui rappelle qu'en tant que bourgmestre, elles est garante de la santé publique sur son territoire.