Plus de 300 étudiants en psychologie et orthopédagogie ont manifesté vendredi sous les fenêtres du ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke. Leur colère gronde contre l'ajout d'un stage obligatoire d'un an à leur formation pour exercer le métier.
Un arrêté pris en décembre dernier oblige en effet les étudiants psychologues et orthopédagogues à effectuer un stage professionnel d'un an pour exercer leur métier. La mesure avait déjà été reportée deux fois auparavant, par manque de préparation.
Les étudiants, leurs représentants ainsi que la FEF dénoncent notamment le manque de places et de maîtres de stage agréés.
Actuellement, 84 maîtres de stage sont agréés alors que l'on attend 1.873 diplômés cette année en Belgique. Ces 84 professionnels vont encadrer 151 stagiaires, ce qui signifie que seuls 8 % des étudiants trouveront un stage, a précisé à Belga la présidente de la FEF.
Outre le manque de places, les syndicats étudiants s'inquiètent aussi de savoir si les rémunérations des stagiaires seront suffisantes pour ne pas renforcer la précarité des jeunes.
Au-delà de ces points de crispation, le risque de pénurie à long terme de professionnels de la santé mentale est "encore plus préoccupant", déplore la FEF. Effectuer un stage obligatoire, "caractérisé par un manque de places et sans évaluation des besoins réels en santé mentale", risque de "compromettre la qualité des soins à la population", fulmine la fédération.
L'ajout de ce stage obligatoire est "une honte", a lâché la présidente de la FEF devant la foule remontée d'étudiants venus des quatre coins de la Belgique. "Notre avenir, votre santé, on va tous nous sacrifier", "Pas de supervision, sans bonnes conditions", scandaient les étudiants, dont certains arboraient des pancartes "On vous écoute, écoutez-nous" ou encore "5 ans d'études, aucunes certitudes".
Une délégation d'étudiants a rencontré, vers 12h45, des représentants du ministre de la Santé. M. Vandenbroucke a plaidé pour que le stage soit reporté de deux ans. La proposition devra cependant encore être soumise prochainement au gouvernement.
Dans une réaction, le cabinet explique "continuer de travailler pour être prêt en cas de non-accord sur ce report. "Nous continuons à améliorer et assouplir les procédures, améliorer la communication et enlever au maximum les barrières qui existent dans ce stage, pour qu'un maximum de lieux de stages et de maîtres de stage soient disponibles, et que la communication soit clarifiée envers les professionnels et les étudiants concernés".
"C'est une première avancée", s'est félicitée Emila Hoxhaj, la présidente de la FEF à l'issue de la rencontre. Cette dernière s'est dite "plutôt satisfaite" de l'échange avec le ministre. "Mais nous pourrons seulement crier victoire lorsque le report aura officiellement été acté", a-t-elle ajouté.