Les politiques migratoires européennes actuelles privent les réfugiés et migrants de sécurité et de protection en encourageant la brutalité systémique, ressort-il mercredi d'un rapport de Médecins sans frontières (MSF) intitulé "Death, Despair and Destitution: the human costs of EU's migration policies". L'ONG y pointe "l'adoption choquante de tactiques violentes, approuvées par les politiques de l'Union européenne (UE) et les États membres, et encouragées par une rhétorique politique des dirigeants européens de plus en plus déshumanisante." La Belgique et sa politique de "'non-accueil" est également pointée du doigt, note MSF.
Le rapport se base sur neuf années de présence continue de l'ONG le long des routes migratoires européennes.
Depuis 2014, 29.000 personnes sont mortes ou ont été portées disparues lors de la traversée de la Méditerranée, estime Médecins sans frontières. Le nombre pourrait toutefois être bien plus élevé, précise l'organisation.
Médecins sans frontières évoque notamment des témoignages des centres de détention libyens qui "défient les pires cauchemars". "Nous entendons ces témoignages de patients en Libye, en Méditerranée centrale, mais aussi en Belgique", précise l'ONG.
L'organisation souligne également les refus aux conditions d'accueil pour des milliers de demandeurs d'asile en Belgique. "L'accueil chaleureux réservé, à juste titre, aux réfugiés ukrainiens a cruellement exposé la déshumanisation et le racisme profondément enracinés dans les choix politiques qui laissent littéralement les personnes venant de l'extérieur de l'Europe dans le froid", dénonce la responsable des opérations de MSF en Belgique, Caroline Willemen.
L'organisation exige de ce fait d'adopter des solutions concrètes face à la situation actuelle, "plutôt que de considérer les migrants et les réfugiés à travers le prisme sécuritaire, contribuant ainsi à la déshumanisation". Elle plaide pour un changement urgent et fondamental pour s'attaquer aux causes sous-jacentes des déplacements de population.