Malades de longue durée: "Le reclassement externe après un trajet de réintégration infructueux doit être ajusté"

L'an dernier, près de la moitié des trajets de réintégration (48,15%) ont débouché sur une déclaration d'incapacité médicale de la part du travailleur, selon les statistiques de Mensura, un service externe de prévention et de protection au travail. Le reclassement externe forcé qui succède à cette déclaration reste cependant souvent lettre morte. Mensura et l'agence d'intérim ITZU demandent dès lors jeudi que l'évaluation de la réintégration soit davantage axée sur les possibilités restantes et que le caractère non contraignant de l'offre de reclassement soit ajusté.

La Belgique comptera bientôt un demi-million de malades de longue durée, rappelle le service externe de prévention et de protection au travail.

"Pour les cinq dernières années, on remarque une diminution considérable, mais l'incapacité médicale reste le verdict de près de la moitié des trajets de réintégration (48,15%)", situe Mensura. Le service constate par contre une tendance inverse chez les travailleurs qui peuvent reprendre leur ancienne fonction, mais qui ne sont pas en mesure d'en occuper une autre durant leur période de convalescence. Si en 2017, ce chiffre était toujours de 4,43%, l'an dernier, il atteignait 15,6%.

Le nombre total des décisions aboutissant à une incapacité médicale reste élevé mais, derrière ce phénomène, se jouent souvent des raisons qui ne sont pas purement médicales, analyse encore Mensura.

Depuis le 7 avril 2019, tout employeur qui lance un trajet de réintégration débouchant sur une incapacité médicale est obligé de proposer au travailleur malade de longue durée un trajet de reclassement externe. Un trajet dont les coûts sont à charge de l'employeur. Le travailleur est ensuite libre d'accepter cette offre ou non. Dans les faits, ce trajet est rarement utilisé.

Pour l'agence d'intérim ITZU, la législation est trop peu contraignante. "En 2021, moins de 2% des accompagnements de reclassement externe proposés ont été mis en place. Malgré de bonnes intentions, cette mesure n'est qu'une coquille vide", assène-t-elle. Selon elle, les mesures actives ne peuvent pas être facultatives.

L'accord du gouvernement fédéral ambitionne d'atteindre pour 2030 un taux d'emploi de 80%. Mensura insiste dès lors sur l'importance de se concentrer sur la prévention, avec une attention particulière pour les problèmes psychologiques et du système locomoteur.

Si un problème de longue durée survient quand même, le service externe propose un contact le plus rapide possible avec le médecin du travail. "Les chances de réintégration diminuent progressivement avec le temps", justifie-t-il, plaidant pour qu'un contact avec le médecin ou l'infirmier du travail soit prévu après quatre semaines de maladie.

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