Le Conseil supérieur de la santé (CSS) estime que le nouveau projet de loi récemment approuvé par la Chambre, proposant de nouvelles limites de vente d'alcool, "ne va pas assez loin". L'organe d'avis préconise des mesures supplémentaires "pour réduire les méfaits de l'alcool", qui "augmente le risque de maladies graves".
Les risques liés à la consommation d'alcool, largement démontrés dans la littérature scientifique, restent encore "mal connus" dans la société belge, estime le CSS, qui prône une meilleure circulation d'informations "correctes et claires" sur ce sujet. Il rappelle que la consommation d'alcool, même lé ;gère, est responsable de plus de 200 types de maladies (dont plusieurs cancers), perturbe le sommeil, interfère avec le développement du cerveau et affecte le comportement. L'organe d'avis scientifique préconise ainsi une série de mesures pour faire face au lobbying de l'industrie de l'alcool.
Comme recommandé depuis 2018, le CSS prône une interdiction générale du marketing et de la publicité pour l'alcool, considérée comme "la méthode la plus efficace pour réduire les dommages liés à la consommation d'alcool". Les scientifiques pointent une influence "omniprésente", notamment par le sponsoring de rencontres et équipes sportives ou le placement de produits à la télévision. Si cette interdiction ne peut être mise directement en place, le conseil propose d'ajouter des messages d'avertissement concernant les risques de l'alcool pour la santé sur les étiquettes des boissons concernées. Elle propose également la cr&ea cute;ation d'un site internet avec toutes les informations scientifiques sur ces risques, ainsi qu'une orientation vers des services d'aide.
Le CSS réitère une autre recommandation : limiter la vente de toutes les boissons alcoolisées, en ce compris la bière et le vin, aux personnes de plus de 18 ans. En effet, le projet de loi approuvé par la Chambre prévoit seulement une interdiction de vente en dessous de 16 ans pour la bière et le vin. "Bien que la consommation d'alcool chez les jeunes en général ait clairement diminué ces dernières années, les comportements de consommation à risque (notamment le binge drinking, soit la consommation excessive d'alcool dans une courte période) sont toujours populaires chez les jeunes belges", est-il noté.
Le conseil demande par ailleurs que l'application réelle de la loi soit mieux vérifiée sur le terrain.
Enfin, les experts de l'organe se disent favorables à un prix minimum par unité d'alcool, à savoir un prix plancher par dose de 10 grammes d'éthanol pour tout alcool vendu dans le commerce. "Cela permet surtout de réduire la disponibilité de l'alcool à un prix trop bas", justifie le CSS. Celui-ci recommande également l'interdiction des offres gratuites ou des fortes réductions de prix sur les boissons alcoolisées.
Cet avis est publié une dizaine de jours après l'approbation par la Chambre d'un projet de loi restreignant la vente de tabac et d'alcool. Le texte, qui s'inscrit dans la stratégie interfédérale en matière d'usage nocif d'alcool 2023-2025, prévoit notamment l'interdiction de la vente d'alcool aux mineurs de moins de 18 ans (sauf pour la bière et le vin) et l'interdiction de la vente d'alcool au moyen d'appareils automatiques de distribution, dans les stations-services le long des voies rapides entre 22h00 et 07h00 ainsi que dans les hôpitaux.