Depuis 2015, plus de 50.000 personnes ont bénéficié des soins médicaux et conseils sociaux prodigués par l'équipe du Médibus dans la capitale. Médecins du Monde, au volant de ce bus médicalisé, tire mardi le bilan d'une décennie d'assistance aux plus précaires, invisibles dans les statistiques.
Travailleuses du sexe, sans-papiers, consommateurs de drogues, personnes sans-abri, mineurs non accompagnés (Mena)... Le public du Médibus est varié mais partage un point commun : une rupture avec le système de soins traditionnel. Alors, plusieurs fois par semaine, le bus aménagé sillonne les rues de Bruxelles pour proposer à ces habitants une consultation denta ire, nettoyer une plaie, soigner un ulcère ou la gale, dépister une maladie infectieuse mais aussi prêter une oreille attentive ou offrir une tasse de café. Dans le cabinet roulant, ces individus vulnérables - en grande majorité (93%) des hommes de 40 ans en moyenne, selon Médecins du Monde - reçoivent aussi des kits d'hygiène (avec du dentifrice, du savon, du shampoing), d'incontinence ou de menstruation ; du matériel stérile pour la consommation de drogue et des contraceptifs afin de se protéger des affections transmissibles comme l'hépatite C ou le VIH.
"On prend le temps de comprendre les besoins de chacun et d'y répondre. On leur donne des plans, des tickets de transport, des lettres de référencement par exemple vers un centre de soin ou un spécialiste", car l'objectif est de réinsérer ces personnes dans le système régulier, explique la responsable des équipes mobiles, Lily Caldwell.
Durant ses tournées, le Médibus s'est rendu l'an dernier quatre fois par semaine dans des "hotspots" comme la gare du Midi, la place Flagey, le quartier de la Porte de Hal ou encore de Ribeaucourt. Plus de 7.000 personnes sont montées à bord, soit une hausse de 140% par rapport à 2023.
Huit bénéficiaires sur dix n'ont pas de toit au-dessus de leur tête, alors que les loyers dans la capitale sont parmi les plus chers du pays. À la crise du logement se couple celle de l'accueil : les Mena affluent plus nombreux depuis 2020, remarque Médecins du Monde. L'équipe du Médibus est ainsi davantage sollicitée pour trouver un endroit où dormir. Or, "depuis plus de trois ans, le gouvernement belge n'accueille pas les personnes en demande de protection internationale, qu'on retrouve dans la rue ou dans les centres d'hébergement (...) chroniquement saturés", rappelle l'organisation humanitaire.