En 2023, le secteur de la chimie et des sciences de la vie en Belgique a été marqué par un taux d'utilisation des capacités historiquement bas, une baisse du chiffre d'affaires de 14% par rapport à 2022, et une baisse des exportations de 18%, ont indiqué mercredi l'administrateur délégué et le président de la fédération du secteur, Essenscia, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Le taux d'utilisation des capacités de production a baissé pour atteindre son niveau le plus bas jamais enregistré à 65%, soit une baisse plus importante que dans le secteur industriel en général, où le taux est en moyenne à 74,4%.
Les "coûts énergétiques et salariaux élevés, une grande incertitude dans la politique d'octroi de licences, des tensions géopolitiques, une économie mondiale en perte de vitesse et une concurrence internationale accrue", ont mis le secteur en difficulté l'année dernière, précise Essenscia.
Ces résultats ont eu comme conséquence des pertes d'emploi dans les secteurs de la chimie (-0,4%) et des matières plastiques (-2,7%) et une croissance modérée des emplois dans les secteurs pharma et biotech (+3,2%).
Avec 75 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023, le secteur a enregistré une baisse de 14% par rapport à l'année précédente. La baisse moyenne dans l'ensemble de l'industrie est à 5,5%.
Malgré une chute des exportations de 18%, correspondant à une baisse de 38 milliards d'euros entre 2022 et 2023, le secteur chimique et pharmaceutique reste en tête du classement des exportations belges. Il représente près d'un tiers (32,7%) des exportations devant le secteur des produits minéraux ou des matériels de transport. La Belgique est également le deuxième pays européen qui exporte le plus hors de l'Union européenne dans les domaines de la chimie, des plastiques et de la pharma, derrière l'Allemagne et devant l'Irlande.
En 2023, les exportations ont baissé vers le Royaume-Uni (-20%) et les États-Unis (-16%), tandis qu'elles ont augmenté de 20% en direction de la Chine, grâce au domaine pharmaceutique, précise Essenscia.
Les importations ont également connu une baisse, plus faible, de 12%. Celles-ci proviennent principalement des États-Unis et d'Irlande en ce qui concerne les produits pharmaceutiques et des Pays-Bas et d'Allemagne pour les produits chimiques.
L'administrateur délégué d'Essenscia, Yves Verschueren, s'inquiète notamment du manque d'investissements dans l'industrie. "Rien, c'est du jamais vu", a-t-il déploré. La fédération du secteur appelle à une politique industrielle à tous les niveaux, notamment à l'échelle européenne. "Ces cinq dernières années, il n'y a pas eu de politique industrielle en Europe. Après le Green Deal, nous avons besoin d'urgence d'un Industrial Deal. Sinon, nous risquons la désindustrialisation de l'Europe, en particulier dans le domaine de la chimie", a prévenu le président de la fédération, Hans Casier. L'administrateur délég ué a comparé ce risque de désindustrialisation à celui des secteurs du textile et de l'acier.