Les journées qui s’allongent vu la raréfaction des effectifs, l’impossibilité d’encore accueillir de nouveaux patients, la difficulté d’attirer les assistants hors des villes… une fable wallonne ? On dirait que la Flandre commence elle aussi, malheureusement, à goûter aux « joies » des zones sous-staffées en confrères. Des MG réagissent - en passant au forfait, en embauchant des infirmières… et en lançant "ikzoekeenhuisarts.be".
Tant les généralistes du sud de la Campine que ceux de la région de Turnhout s'efforcent de couvrir la demande, dans un contexte de densité médicale en recul. Stefan Teughels (cercle de Campine-sud), Kris Bayens et Sabine Op de Beeck (cercle de Turnhout) comptent parmi les fondateurs de www.ikzoekeenhuisarts.be (« je cherche un généraliste.be ») qui, quelques semaines après son lancement, enregistrait déjà plusieurs milliers de visites.
L'offre en MG est-elle si problématique localement ? Les agendas débordent, témoignent les Drs Bayens et Op de Beeck. Après un long week-end, « c’est d’office une ‘journée de punition’, avec une salle d'attente surpeuplée ».
Le site tente de canaliser la demande massive. Les MG locaux en sont conscients : les gens sont désormais forcés de multiplier les coups de fil pour dénicher un médecin traitant qui n’a pas dit “halte” aux nouveaux patients. Le site répertorie les confrères qui peuvent encore élargir leur patientèle. Dans son cabinet de groupe, le Dr Op de Beeck a mis un holà partiel : « nous ne prenons plus de patients d’au-delà du ring [de Turnhout] ». Comme le Dr Bayens, elle travaille avec une infirmière pour se simplifier la tâche. Les cercles initiateurs du site soulignent l'importance d’une relation longue durée MG/patient (pour ne pas obliger celui-ci à sauter d’un MG de garde à l’autre) et d’un bon DMG.
Métamorphose réfléchie
Le manque de généralistes gagne de nombreux coins de Campine. Ravels et Oud-Turnhout comptent désormais moins d’un MG pour 2.000 habitants (*). « Ça n’a pas été une décision facile. Elle a été murie pendant plusieurs années entre les cinq confrères fondateurs. Mais le 1er janvier prochain, notre cabinet deviendra une maison médicale », explique le Dr Op de Beeck.
Les partenaires espèrent plusieurs choses de cette mutation : pouvoir laisser l’infirmière faire plus de travail, optimiser le fonctionnement de l’organisation, utiliser le temps plus efficacement, en consacrer à la prévention… Ils se sont notamment inspirés de la MM de Baerle-Duc, où officie e.a. Roy Remmen [qui dirige le département de médecine générale de l’université d’Anvers, ndlr].
"Un problème particulier par ici, c'est d'attirer les assistants ", ajoute encore le Dr Op de Beeck. « Serait-il donc vrai qu’ils préfèrent les grandes villes au calme de la Campine ? Il y a encore beaucoup de MG solos par ici, et probablement sont-ils en difficulté. Dommage, car les rejoindre n’est généralement pas attrayant pour un jeune. L’avenir de ces pratiques est plutôt incertain. »
(*) à titre de comparaison, d’après des calculs de l’Iweps (données 2016, dernière actualisation mai 2018), le nombre d’habitants par généraliste équivalent temps plein était de 1.116 à l’échelle de la Wallonie. On trouvait, dans les « lanternes rouges », Baelen (2.300/1 MG ETP), Tinlot (2.415), Olne (2.636), Thimister-Clermont (2.713), Hastière (2.980), Froidchapelle (3.553) et Chiny (5.233).
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