Le groupe de direction Kafka, qui rassemble Jong Domus, le VAS et l’ASGB dans leur lutte commune contre la bureaucratie, planche actuellement sur une nouvelle action. Un site consacré aux attestations futiles – et plus largement aux activités du groupe – devrait en effet voir le jour tout prochainement. « Nous vivons dans une société extrêmement bureaucratique », soulignent les responsables.
Nous avons demandé quelques explications à Sylvie Geurts (ABSyM-BVAS), cheville ouvrière du groupe de direction avec Pieter Mertens (ASGB/Kartel) et Sophie Van Steenbergen (Jong Domus). « Le site proposera des informations sur les attestations fréquemment demandées par les patients et sur celles qui sont supprimées. Sophie Van Steenbergen se concentre surtout sur celles qui concernent Kind en Gezin [l’équivalent flamand de l’ONE, NdT], moi sur celles qui touchent au port d’armes et à l’aptitude au tir, Pieter sur d’autres aspects du site. Les dossiers en cours ne manquent pas ! »
Le site expliquera aussi clairement ce qu’est une attestation-parapluie et quels sont les certificats que le médecin peut refuser de délivrer… ou non. « Il ne suffit évidemment pas de déclarer que vous n’avez pas envie de perdre votre temps en tracasseries administratives pour motiver un refus. » (rire)
Si elle salue l’action lancée récemment aux Pays-Bas pour rendre à l’administration la monnaie de sa pièce [en soumettant aux instances réclamant une attestation un formulaire de trois pages pour justifier leur demande, NdT], Sylvie Geurts ne se voit pas immédiatement faire de même en Belgique. « Nous en avons parlé en interne et nous sommes parvenus à la conclusion que procéder de cette manière reviendrait au final à punir nos patients, puisque ce sont eux qui ne seront pas en ordre sur le plan administratif. »
Attestations de fantaisie
« Par contre, je n’ai aucun scrupule à refuser de rédiger un certificat que le patient invente de toutes pièces au cours de la consultation. Ce n’est jamais gai d’avoir en face de soi quelqu’un qui se fâche et on risque parfois de culpabiliser… mais de nos jours, perdre un patient qui pose des exigences irréalistes est beaucoup moins problématique qu’il y a quelques décennies, à l’époque où il y avait encore pléthore de médecins de famille. »
« La patiente qui réclame une attestation pour s’assurer une place à l’avant du bus [un exemple rapporté il y a quelques mois dans l’édition néerlandophone de Medi-Sphere par le Dr Pacqueu, NdT], est vraiment le cas d’école d’un certificat à refuser, ce que j’appelle une attestation de fantaisie. Dans ce cas de figure, c’est à nous de dire gentiment mais fermement non. Nous avons ici un rôle éducatif à jouer. »
Complètement insensé
Une seconde catégorie recouvre les certificats demandés par les services administratifs des employeurs, des autorités et des mutuelles. « Ce volet de notre site est vraiment compliqué, mais nous essayons là aussi de nous en faire une idée claire. »
Un exemple personnel d’un certificat complètement absurde réclamé par un tiers ? Sylvie Geurts n’a pas besoin de réfléchir bien longtemps. « Le coronavirus a déjà en soi aggravé le problème de l’administration superflue. En pleine pandémie, au moment où je ne savais plus où donner de la tête, j’ai vu passer un jeune patient avec une jambe cassée… qui avait besoin que je certifie par écrit qu’il était autorisé à prendre l’ascenseur à l’école pour ne pas devoir faire quatre étages d’escaliers avec son plâtre. Là, ce sont vraiment des demandes idiotes de la part de l’école. Ce pauvre garçon a dû venir au cabinet spécialement pour cela. C’est complètement insensé ! »
Certains certificats reposent évidemment sur des fondements juridiques parfaitement légitimes, qu’il s’agira alors d’identifier. Celui qui atteste de l’aptitude à la pratique du tir, par exemple, est sans doute tout à fait justifié sur le fond… mais on se souviendra aussi qu’il a été introduit sous le coup de l’émotion à la suite d’un incident dramatique et fortement médiatisé. Or ce genre de décision politique « à chaud » ne débouche pas toujours sur les initiatives les plus judicieuses.
Le besoin de simplification administrative ne concerne pas que les médecins de famille, souligne le Dr Geurts en guise de conclusion. Les spécialistes et les enseignants, par exemple, croulent eux aussi sous la surcharge paperassière. « C’est notre société tout entière qui est extrêmement bureaucratique. »
Derniers commentaires
Monique MOTQUIN
07 avril 2022Et le certificat d’aptitude à jouer à la pétanque?
Et le certificat d’aptitude à aller se prendre mener en forêt ?
Je sais.
C’est pour toucher les subsides que l’association reçoit
Mais est ce notre rôle ?