Un conflit entre un généraliste d’un certain âge et les jeunes collègues à qui il essaie d’imposer sa manière de communiquer, qui se résout en faveur de ces derniers. Un autre autour de l’équilibre entre travail et vie privée suite au départ à la retraite de certains collègues âgés, où ce sont cette fois les jeunes qui doivent s’incliner. Dans un cas comme dans l’autre, le problème tient aussi – en partie – à l’organisation du travail.

À une époque où le temps semble toujours nous faire cruellement défaut, chacun cherche autant que possible à éviter les tracasseries, quitte à tenter d’imposer ses habitudes de travail aux autres. Les deux affaires dont question sont le reflet de cette réalité et ont dû être réglées devant le Conseil de l’Ordre de Flandre-Occidentale.

Un premier dossier concernait le feedback des gardes de semaine et de weekend. L’incident avait été déclenché par le mail d’un généraliste à ses collègues du même rôle de garde: «Par la présente, je vous rappelle qu’il convient toujours de me contacter par téléphone ou par e-mail dans la matinée lorsque vous avez vu un de mes patients. Il n’y a pas d’autres canaux pour m’informer […] Ce mardi encore, une patiente m’a appris qu’elle avait été envoyée à l’hôpital le weekend dernier.»

Le médecin plus âgé veut donc imposer son modus operandi à ses jeunes collègues, qui procèdent différemment. Leur question à l’Ordre: «Ce confrère peut-il exiger que nous lui téléphonions le lundi matin lorsque nous avons vu certains de ses patients, ou suffit-il d’envoyer un rapport de garde via eHealth?»

eHealth suffit, sauf en cas de décès

Dans sa réponse, le Conseil Provincial de l’Ordre évoque explicitement «l’argument de collégialité». Les informations relatives à un patient vu au cours de la garde peuvent être transmises par n’importe quelle voie et la communication par eHealth est donc tout à fait suffisante (si tant est qu’eHealth fonctionne, évidemment, ndlr)… sauf lorsqu’il est question d’un décès, auquel cas il est opportun d’informer le médecin traitant par téléphone.

Équilibre entre travail et vie privée

Le second dossier concernait la difficulté à concilier l’équilibre entre travail et vie privée et le service au patient, dans le contexte d’une pénurie locale de généralistes suite au départ à la retraite de médecins plus âgés travaillant généralement à un autre rythme que la jeune génération.

D’où la question d’un jeune collègue actif au sein d’un cabinet de groupe: «Suite au départ à la retraite d’un certain nombre de médecins de famille, la charge de travail a considérablement augmenté (…) il est de plus en plus difficile de satisfaire aux demandes de visites à domicile, en particulier dans un rayon de plus de 3 km autour du cabinet. (…) Peut-on, en tant que généraliste, ouvrir un DMG pour un patient à qui on ne peut pas garantir qu’il pourra bénéficier d’une visite à domicile s’il le souhaite? (…) Il va sans dire qu’une permanence est prévue au cabinet.»

Njet

L’Ordre estime manifestement que le jeune médecin veut manger à tous les râteliers et, pour lui, il y a des limites : c’est le DMG avec toutes les obligations qui en découlent ou rien du tout. «La gestion du DMG implique de dispenser l’intégralité des soins, et ce aussi bien au domicile du patient qu’au cabinet.» Histoire de rappeler que c’est bien le patient qui est au centre des préoccupations…