Pour 2019, une sous utilisation de 52,8 millions d’euros au niveau de l’enveloppe du corps médical a été constatée par l’Inami. Alors, pourquoi ne pas en recueillir les fruits «pour le soutien d’initiatives nouvelles et la revalorisation de l’existant», s’interroge le président de l’Absym-Bruxelles, Gilbert Bejjani.
Un vent nouveau doit souffler sur les mécanismes de redistribution des budgets de soins de santé. L’heure est indéniablement à une certaine créativité vu que les moyens ne connaîtront pas une augmentation vertigineuse.
Ce constat est d’autant plus d’actualité que la sous-consommation des budgets est une réalité du côté du corps médical. «Elle interpelle parce qu’on a besoin de budget pour soutenir les initiatives nouvelles et la revalorisation de l’existant. Nous devons pouvoir utiliser cet argent… surtout que lorsqu’on dépasse les budgets, on nous rabote les moyens.»
Une sous-utilisation de 52,8 millions
Mais de quoi parle-t-on? «Les enveloppes budgétaires sont serrées mais je constate que le corps médical fait son travail une nouvelle fois. En 2019, les chiffres parlent d’eux-mêmes avec une sous-utilisation de 52,8 millions au niveau de l’enveloppe du corps médical. Ce n’est pas rien. Cela prouve une bonne gestion. Les médecins ont donc le droit d’en recueillir les fruits», explique le président de l’Absym-Bruxelles, Gilbert Bejjani. La réflexion est lancée, le pari n’est pas gagné mais l’adhésion de toutes et tous paraît indispensable pour donner un nouveau souffle pour répondre aux besoins des patients et des médecins. «Je pense qu’il faut permettre à chaque groupe de prestataires, chaque institution de soins, de pouvoir jouir d’une certaine liberté dans la gestion des économies. Il convient de soutenir une co-responsabilisation avec la qualité de soins au cœur de la réflexion.» Un constat qui l’amène même un pas plus loin: «Si on prend le budget global de la santé, on parle d’une sous-utilisation de 18,6 millions du budget. Nous sommes donc vigilants en termes de dépenses». Pour rappel, la semaine passée, nous évoquions déjà, sur notre site web, un budget estimé pour 2020 à +/- 27,9 milliards, avec une indexation proche de 1,95 plus la norme à 1,5 mais avec un pronostic de dépassement de 340 millions d’euros.
Retour financier aux médecins
Si cette idée est respectable, il n’y a toutefois aujourd’hui aucun cadre qui permet une telle liberté de «triturer» le budget: «C’est un fait. Il faut que l’Inami crée des mécanismes afin que les budgets non consommés puissent l’être. Nous devrions articuler cette réflexion autour d’un mécanisme de confiance». Il insiste sur l’importance de restaurer cette confiance entre les acteurs. «Je lance un appel: inscrivons dans le cadre légal, des mécanismes qui rassurent les médecins en créant la sécurité. Nous ne pourrons pas sortir des silos si on n’écrit pas des mécanismes qui permettent aux acteurs de santé (médecins et autres) d’innover. Ce type de mécanismes n’existe pas encore mais devient essentiel pour promouvoir le changement. Les économies dégagées sur des budgets doivent être investies dans l’innovation et dans la revalorisation des bonnes pratiques.»
Voici un chantier important pour l’Inami, les syndicats médicaux et la ou le futur ministre de la Santé.