Le GBO s’inquiète des menaces sur l’aide aux plus fragiles – sans-papiers, migrants, illégaux… – découlant de la réforme de l’AMU. Il redoute «un accroissement du contrôle et de la répression envers les médecins, sans réelle action sur les causes des coûts excessifs». Il faudrait, d’après lui, des mesures concrètes pour organiser des soins plus adéquats, commençant par un meilleur accès au généraliste.
Rétroactes. On se souvient des remous suscités par le projet de loi du ministre Ducarme, visant à limiter des abus dans la dispensation de l’aide médicale urgente (AMU) – projet entretemps voté. Parmi les protestataires, on trouvait des médecins académiques et de terrain, et différentes ONG. Bon nombre remettaient en question les chiffres ayant servi au gouvernement à conclure aux abus. Ils les disaient sortis d’un rapport établi par un unique médecin-conseil de la CAAMI et se fondant sur une définition restrictive de l’AMU (car focalisée sur la nécessité d’une intervention rapide quand, à l’origine, cette aide inadéquatement baptisée ‘urgente’ englobe aussi des soins préventifs). De la réforme découle un dispositif de contrôle (et de sanctions) côté soignants: s’il est considéré a posteriori que les soins prodigués à des sans-papiers ne relevaient pas de l’AMU, les médecins devront rembourser l’argent qui leur aura été payé par l’Etat pour leur prestation.
Le GBO avait protesté avant l’adoption du texte, et continue d’exprimer ses réserves. Il ajoute aux griefs ci-dessus l’aspect ‘consommation de soins hospitaliers plutôt que primaires’ par les sans-papiers et personnes en situation irrégulière. 20% seulement des populations concernées «dont la préoccupation première est de survivre, pas de se soigner», parviennent à atteindre des structures de première ligne, écrit le syndicat dans une récente newsletter. «En revanche, elles font des soins hospitaliers une consommation quatre fois plus élevée que la moyenne nationale.»
Si elles rencontrent un problème de santé trop aigu pour ‘faire avec’, leur réflexe, c’est d’aller aux urgences. «Pour certains indigents, ce passage va s’apparenter à une excursion à Walibi: ils vont faire… toutes les attractions! Ce n’est ni la ‘faute’ de l’hôpital – qui doit résoudre un problème médical qui a eu largement le temps de s’aggraver – ni celle du patient – qui le plus souvent n’a pas la moindre idée de comment le système de soins belge fonctionne et est resté ‘hors circuit’», écrit le GBO. D’après lui, «cet engrenage infernal pourrait être enrayé par des mesures encourageant un meilleur accès au généraliste. Il en résulterait des diminutions de coûts et des soins plus appropriés.»
Retour aux faiseuses d’anges?
Par ailleurs, le syndicat signale que certains des abus qu’a invoqué le gouvernement pour donner un tour de vis «sont en réalité la résultante d’un système de remboursement peu approprié. Ne sont en effet pris en charge par le Fédéral, pour ces publics démunis, que les soins remboursés par l’Inami, tandis que le reste est supporté par les CPAS. On peut pourtant se poser des questions sur le bien-fondé de rembourser dans ce cadre des procréations médicalement assistées, par exemple. D’autres décideurs font des crises d’hystérie à propos du remboursement des circoncisions. Sans doute préféreraient-ils devoir financer la prise en charge des complications de ces interventions, si c’est dans une arrière-boutique qu’elles se déroulent comme, dans le temps, les avortements.»
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