La pression qui a été mise ses derniers jours sur les conseils médicaux des hôpitaux bruxellois interpellent les médecins et les conseils médicaux. Ils s’en étonnent et n’excluent pas un agenda caché pour l’un des acteurs.
L’attitude d’Yvon Englert, recteur de l'ULB (en fin de mandat pourrait lorgner sur la tête de la nouvelle institution) et de Philippe Close, bourgmestre de la Ville de Bruxelles posent en effet de nombreuses questions. En attendant, si le conseil médical du CHU Brugmann, motive sa décision tant sur la méthode (juste après la crise sanitaire), l'absence d'un plan financier, et sur la gestion de la nouvelle structure avec un pouvoir organisateur politisé, le Conseil médical du CHU Saint-Pierre pointe les mêmes problèmes et d’autres éléments inquiétants selon lui.
Les 5 points
1- Le statut : les hôpitaux de la ville sont publics et liés au chapitre XII. Dans le Grand hôpital universitaire de Bruxelles (GHUB), ils migreraient vers une asbl de droit privé. Les membres du conseil médical sont très attachés aux valeurs de l’hôpital public et ne sont pas convaincus que ces valeurs seront toujours garanties dans la nouvelle structure
2- Plan Médical : l’absence de plan médical et de moratoire sur l’activité clinique fait redouter la concentration des activités sur l’hôpital Erasme.
3- Le nouvel hôpital Bordet : Dans le cadre d’un déploiement et d’un développement multi-sites, le déménagement de Bordet à côté de l’hôpital Erasme soulève des questions qui doivent être résolues maintenant. Il s’agit notamment de la cohérence de concentrer les deux agréments PET sur un seul des trois sites géographiques ou d’y concentrer toute la radiothérapie. L’augmentation de la capacité de Bordet à 250 lits pose des questions qui doivent également trouver des réponses maintenant compte tenu du déménagement programmé en 2021. Il s’agit notamment de préciser comment se fait le transfert de lits agrées et quelle activité sera mise dans ces lits.
4- Contrôle politique : La nomination de médecins à des postes majeurs (chefs de pôles) est sous le contrôle politique (le conseil d’administration du GHUB). Ceci est contraire à la pratique de l’hôpital public ou le conseil d’administration n’a logiquement pas cette compétence.
5- Ralentir les décisions : La coupole de décision au-dessus des médecins semble lourde et devrait ralentir la prise de décision rapide dont l’hôpital Saint-Pierre dispose actuellement.
Réseau hospitalier bruxellois : « Je suis dans l’incompréhension profonde ! »
De son côté, Vincent De Wolf, bourgmestre MR d'Etterbeek ne comprend pas le timing et la pression mise pour qu’une décision soit prise dans l’urgence : « Ce n’est pas le moment. Je ne comprends pas pourquoi on a voulu faire cela dans l’urgence ! Comment est il possible de mettre cela à l’ordre du jour si peu de temps après le covid. Je ne comprends pas que l’on ait voulu passer en force. On est dans une difficulté majeure et il y a des urgences partout ! Je trouve que cela avait du sens de sortir à la rentrée avec un accord clair et harmonieux. Il y a eu pendant la crise covid une véritable solidarité entre les hôpitaux. Je reste avec la volonté de faire l’ensemble prévu mais en parlant avec les médecins . Je suis dans l’incompréhension la plus profonde ! »
Le Grand hôpital universitaire de Bruxelles (GHUB) est composé des hôpitaux universitaires de l’ULB (Institut Jules Bordet, CHU Brugmann, CHU Saint-Pierre, Hôpital Erasme, Hôpital Universitaire des enfants Reine Fabiola (HUDERF)). Dans le projet de réseau actuellement défendu par une large partie des responsables politiques il devrait être associé au Chirec pour créer le troisième réseau bruxellois. Pour rappel, le premier réseau est constitué des hôpitaux flamands et le second géré par l’hôpital universitaire Saint-Luc (avec les Cliniques de l’Europe, la Clinique Saint-Jean et la Clinique Saint-Pierre Ottignies).
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