Les progrès technologiques et de nos connaissances en biologie moléculaire nous amèneraient à penser que l’on peut tout évaluer, tout tester… C’est vrai, mais il reste la question du sens…
L’intention de ces chercheurs était bonne au départ: éviter que le virus Zika ne se répande au sein d’une population devant recevoir du sang. La FDA avait d’ailleurs recommandé de détecter l’ARN du virus dans le sang de tous les donneurs. Ainsi fut donc fait entre juin 2016 et septembre 2017.
En tout, les chercheurs ont évalué 4.325.889 dons. De ceux-ci, 393.712 (9%) ont été testés dans un premier temps et aucun ARN viral n’a été retrouvé. Sur les 3.932.176 restants, 160 ont au départ réagi, mais 9 seulement ont été confirmés comme positifs. Il faut donc tester 480.654 donneurs pour espérer trouver un résultat positif.
Pour les chercheurs comme pour l’éditorialiste, la stratégie recommandée par la FDA présente un coût très important pour un bénéfice qui reste aléatoire. Bien entendu, tout doit être mis en œuvre pour éviter la transmission d’une telle maladie, mais le sang n’est pas le seul vecteur, puisque l’on retrouve aussi du virus dans le liquide séminal.
De plus, si l’on veut réellement connaître le statut de la propagation du virus dans la population, peut-être ne faudrait-il pas introduire de biais comme la sélection d’une population particulière en ciblant les donneurs de sang.
Par ailleurs, en ne testant que les donneurs de sang, on donne l’impression à la population que la transfusion sanguine est à risque. Or, nous n’en savons rien. Personne n’a démontré que le virus est capable de résister au processus de conservation et de stockage des produits sanguins. Et comme l’infection par le Zika évolue de manière sub-clinique, il n’est pas certain qu’elle puisse être reliée directement à un don.
Alors faut-il arrêter de tester? La question est simple, la réponse peut sembler évidente, mais dans les faits, c’est beaucoup plus compliqué, d’autant que si l’épidémie diminue, elle n’est pas totalement éteinte…