Au cœur d'une polémique suite à une décision du gouvernement québécois, les médecins spécialistes ont notamment vu leur salaire augmenter de 11,2% jusqu'en 2023. Tous n'acceptent pas cette mesure.
Depuis quelques jours, le monde médical et politique est en ébullition au Québec. Au cœur des tensions, l'augmentation des salaires des médecins spécialistes: les 10.000 médecins spécialistes du Québec recevront près de 500 millions de dollars d'ici au 31 mars prochain et verront en plus leur salaire augmenter de 11,2% jusqu'en 2023. Le premier ministre Philippe Couillard assure que l'accord intervenu a été conclu au bénéfice des patients avec en toile de fond une meilleure accessibilité aux spécialistes sur l'ensemble du territoire. De leur côté, dans cette négociation, les médecins spécialistes voulaient éviter l'application des lois 20 et 130 qui risquaient de réduire leur autonomie professionnelle. En outre, ils risquaient des pénalités financières s'ils n'augmentaient pas le nombre de patients à leur charge.
De tels chiffres d'augmentation de salaire dans un monde en crise n'a pas manqué d'alerter négativement l'opinion publique et politique. Même certains médecins spécialistes se disent gênés par une telle hausse. Ils parlent de renoncer à leur chèque. Certains ont pris la parole dans des lettres ouvertes. «Quand j’ai vu mon salaire augmenter de près de 100% en deux ou trois ans, pendant que les salariés devaient se battre pour des hausses de 2 ou 3%, j’ai senti le malaise», évoque l'un d'eux dans le journal Le Devoir. Un autre, le chirurgien à la retraite Robert Chénie, signale dans une lettre publiée par le même journal: «Je connais quelques (rares) confrères actifs qui sont également en désaccord, tandis que la majorité prétend mériter cette bonification sous prétexte qu’ils travaillent “fort”.»
De son côté, le Dr Yves Lamontagne, ne cache pas que certains médecins se disent «mal à l’aise». Pour lui, il y a un problème d’image et «plus ça va, plus l’image se dégrade». Il souligne que le système de santé a plus besoin d'une nouvelle «organisation du travail en revoyant les tâches de chacun des professionnels de la santé», plutôt qu'une augmentation de salaire. Et de conclure: «Les anglais réussissent à bien gérer et pas nous…»