Le TFA, polluant lié aux PFAS, est aussi présent dans l'eau potable

Le TFA (acide trifluoroacétique), un polluant éternel déjà massivement présent dans les eaux de surface, est également présent en grand nombre dans l'eau potable, alertent les organisations environnementales membres du Pesticide action network (PAN) Europe, dont Nature & Progrès pour la Belgique.

Le TFA est un des principaux produits de dégradation des pesticides PFAS et des gaz fluorés. PFAS à chaine ultra courte, il n'en reste pas moins extrêmement persistant dans l'environnement et très mobile. 

"Ce polluant émergent n'est pas nouveau, il a simplement été ignoré, tant dans le cadre de la réglementation européenne sur les pesticides chimiques de synthèse, alors qu'il s'agit d'un métabolite de pesticides, qui aurait dû être classé comme 'pertinent' et à ce titre plafonné à 100 nanogrammes/litre, que dans le cadre de la réglementation européenne sur l'eau", avance Virginie Pissoort, de Nature & Progrès. "Résultat des courses, aujourd'hui, aucune limite claire et contraignante sur la présence du TFA dans nos eaux, n'existe à l'échelle européenne", déplore-t-elle.

En mai dernier, une étude du PAN Europe avait révélé que les cours d'eau européens présentaient des taux élevés de TFA. Alarmées par ces résultats, les organisations environnementales ont fait analyser par le Centre technologique de l'eau de Karlsruhe 55 échantillons d'eau potable (36 d'eau du robinet et 19 d'eau minérale) provenant de 11 pays de l'Union européenne, dont la Belgique. 

On a observé une contamination des eaux potables au TFA allant jusqu'à 4.100 nanogrammes/litre, avec une moyenne de 740 ng/l dans les eaux du robinet, indique Nature & Progrès. L'analyse des 19 échantillons d'eau en bouteille révèle une contamination de 63%, avec une contamination moyenne de 278 ng/l.

Selon la future directive européenne sur l'eau potable proposée à partir de janvier 2026, la limite fixée pour la somme de tous les PFAS est de 500 ng/l. Ce total est donc dépassé pour près de la moitié des eaux du robinet par le seul TFA.

En Belgique, deux échantillons d'eau potable ont été réalisés dans le cadre de cette étude, révélant des teneurs de 1.100 et 320 ng/l. 

A Bruxelles, les analyses afficheraient des taux de 500 à 1.500 ng/l selon Vivaqua, ajoute Nature & Progrès. En Wallonie, la SWDE (Société wallonne des eaux) a commandé une étude dont les résultats sont attendus pour la rentrée.

Aux Pays-Bas, les analyses pointent des valeurs entre 1.200 et 1.600 ng/l selon le rapport officiel néerlandais de 2022 sur la qualité de l'eau.

Malgré sa présence répandue dans les eaux du monde entier, il existe peu d'études sur les risques environnementaux et sanitaires du TFA, dénoncent les associations. Celles-ci mettent en avant le travail du RIVM, un institut de recherches néerlandais qui s'est penché sur le TFA. Selon le RIVM, une valeur maximale de 2.200 ng/l dans l'eau potable, pour le seul TFA, serait acceptable. 

"L'Agence allemande chargée des produits chimiques a récemment proposé de classer le TFA comme toxique pour la reproduction", selon le rapport, qui cite une étude du géant de la chimie Bayer démontrant "de graves malformations fœtales" sur les lapins.

Si les niveaux de contamination observés restent pour l'instant contenus dans des marges de sécurité, les organisations s'inquiètent pour le futur, les ventes de PFAS étant en augmentation. 

Les membres du PAN Europe en appellent donc à "une réponse politique et globale rapide, pour garantir que les eaux restent saines pour l'avenir". 

"Parmi les mesures sollicitées, dont un arrêt planifié et rapide des sources de contamination, nous demandons également une orientation des politiques publiques pour que les agriculteurs puissent se détourner du recours à ces pesticides PFAS. Également, conformément au principe du pollueur payeur, nous demandons que les distributeurs d'eau, et donc in fine donc, les consommateurs, ne supportent pas la charge de la pollution et que les industries qui ont mis ces produits polluants sur le marché assument leur part de responsabilité", plaident les auteurs du rapport.

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