La firme pharmaceutique suédo-britannique AstraZeneca a accepté la demande de la Commission européenne de publier le contrat signé entre les deux parties le 27 août dernier concernant l'achat anticipé de millions de doses du vaccin contre la Covid-19 développé par l'entreprise avec l'université d'Oxford.(Voir le contrat ci-dessous)
Après de multiples demandes de l'exécutif européen en ce sens, la société a donné son accord, a annoncé vendredi le porte-parole en chef de la Commission, Eric Mamer. L'accord d'achat anticipé a été mis en ligne vers midi, sur le site de l'exécutif européen.
Il s'agit d'un des six contrats d'achat anticipé signés par la Commission européenne avec des entreprises pharmaceutiques au nom des 27 États membres. Initialement, ce contrat était confidentiel, comme tous les autres. Des passages sont d'ailleurs maintenus secrets et masqués dans la version mise en ligne.
Le contrat avec AstraZeneca a fait l'objet de beaucoup de questions ces derniers jours, car l'entreprise a annoncé la semaine dernière qu'elle ne serait pas en mesure de livrer à l'UE toutes les doses promises en temps voulu. Le produit pourrait être autorisé sur le marché européen ce vendredi, et l'UE maintient que, selon les termes du contrat, la société devait déjà produire un maximum pour avoir un stock à libérer au moment du feu vert.
Le contrat porte sur la livraison future de 300 millions de doses du vaccin AstraZeneca à l'UE, avec une option pour 100 millions de doses complémentaires. Il prévoit une certaine quantité à livrer par trimestre, mais les chiffres en sont tenus secrets. Une source européenne indiquait cette semaine que la firme comptait livrer à l'UE au premier trimestre seulement un quart environ de ce qu'on pouvait espérer.
Selon l'agence Reuters, cela correspond à 31 millions de doses. La société aurait proposé cette semaine d'augmenter légèrement son offre, pour fournir 39 millions de doses d'ici fin mars, mais la Commission ne décolère pas.
Après différentes réunions du comité de pilotage européen ("steering group") chargé de la vaccination avec des représentants d'AstraZeneca, la Commission européenne juge ne toujours pas avoir eu d'explications satisfaisantes et transparentes de la part de l'entreprise. La justification d'un "problème de rendement" sur un site belge (Novasep à Seneffe) de production de la substance active est jugée parcellaire, et la production des usines britanniques est au centre des interrogations, car AstraZeneca livre parallèlement au Royaume-Uni qui utilise déjà ses vaccins.
Dans le contrat publié, les sites de production mentionnés ont été barrés, mais les mentions de localisation Belgique, Israël, Royaume-Uni et Italie ont été laissées pour ce qui est de la substance constitutive du vaccin, et Royaume-Uni, Italie et Allemagne pour le produit final. La firme s'engage à ses "best reasonable efforts" (meilleurs efforts raisonnables) pour produire le vaccin dans des sites de l'UE, "Royaume-Uni compris".
Le contrat européen avec CureVac avait été le premier à sortir partiellement de la confidentialité, sur insistance des eurodéputés. Il est consultable par les élus dans une salle de lecture de la Commission, mais avec de nombreux passages cruciaux rendus illisibles.
Ce mois-ci, la commissaire à la Santé Stella Kyriakides avait aussi annoncé que les firmes BioNTech et Pfizer avaient accepté de rendre leur contrat disponible à la lecture des eurodéputés de la même manière.
"Nous espérons rendre publics tous les contrats" d'achat anticipé "dans un futur proche", a assuré vendredi le porte-parole de la Commission.
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